(Los Angeles) Désormais quadragénaire, Venus Williams garde le feu sacré pour le tennis, malgré son déclin inéluctable, des perspectives de titres qui se raréfient et une époque que le coronavirus rend encore plus compliquée.

Ainsi, l’ancienne numéro 1 mondiale refuse-t-elle de tirer un trait sur une carrière remplie de sept sacres en simple en Grand Chelem, quatre médailles d’or olympiques pour un total de presque cinquante titres en simple. Et ce, bien que le 49e et dernier date de 2016 à Taïwan.

« Il faut toujours avoir des rêves, alors je continue d’en avoir », a argué Williams au site Tennis Majors début juin, évoquant notamment les défis que représentent à ses yeux Roland-Garros et l’Open d’Australie, les deux Grands Chelems qui manquent à son palmarès.

« Gagner à Paris »

« Je voudrais gagner à Paris. Je n’en étais pas loin (finaliste en 2002, NDLR). Il en va de même pour Melbourne : je n’ai pas eu de chance, j’ai manqué de peu de m’imposer » en finale en 2003 et 2017, a-t-elle rappelé.

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Venus Williams avait été finaliste en 2002 à Roland-Garros. Elle avait perdu 7-5 et 6-3 contre sa sœur cadette Serena. le 8 juin 2002.

Ses rêves de Majeurs semblent pourtant inatteignables. Sa dernière victoire remonte à douze ans, sa cinquième à Wimbledon, et elle convient que le temps joue contre elle. « Ma carrière est plus proche de la fin que du début. Nous verrons comment je me sens. J’aime toujours autant gagner, mais quand ce sera fini, ce le sera vraiment. »

Cependant, en finir avec le tennis résonnera comme une défaite pour Venus Williams, dont la notable combativité sur un court tient au précepte selon lequel « la balle n’est jamais sortie », martelé par son père Richard Williams à sa sœur Serena et elle dans leur jeunesse.

Même si les progrès de la science dans le sport moderne repoussent de plus en plus les limites de la longévité, peu sont susceptibles de demeurer au haut niveau sur quatre décennies, comme Venus Williams.

Le jour viendra néanmoins où elle raccrochera la raquette et le tennis mondial saluera la retraite d’une des meilleures joueuses de l’histoire.

« Williams rivalité »

On se rappellera de l’arrivée tonitruante sur le circuit de cette adolescente issue du quartier défavorisé de Compton à Los Angeles, où les balles qui comptent ne sont pas celles de tennis.

De sa rivalité intense dans les années 2000 avec sa cadette Serena, qui a fini par faire long feu, cette dernière ayant raflé 23 titres du Grand Chelem.

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Venus Williams, ravie, célébrant sa victoire à Wimbledon le 2 juillet 2005.

On se remémorera aussi son retour réussi après avoir souffert en 2011 du syndrome de Sjögren, une maladie auto-immune causant douleurs articulaires et grandes fatigues.

Ces dernières années ont vu l’émergence d’une jeune génération de joueuses noires, telles Sloane Stephens, Madison Keys et Coco Gauff. A ce titre, l’ancienne joueuse Pam Shriver croit que Williams a aidé ces femmes « à se persuader qu’il y a une voie vers les sommets du tennis ».

Ces dernières semaines, Venus Williams s’est impliquée dans la lutte contre l’injustice raciale qui a battu les pavés dans tout le pays, suite à la mort de George Floyd lors de son interpellation à Minneapolis le 25 mai.

« Le racisme déborde toujours en Amérique, a-t-elle écrit sur Instagram. Parler du racisme par le passé était impopulaire. Il a été ignoré. Tant que vous n’aurez pas marché dans ces pas, en tant qu’Afro-américain, il vous sera impossible de comprendre les défis auxquels vous êtes confrontés dans ce pays, dans ce monde. »

Un autre match, plus important encore à gagner.