(Biot, près de Nice) Entraîneur de la plus grande, Serena Williams, parrain de probables très grands, Coco Gauff et Stefanos Tsitsipas, Patrick Mouratoglou lance samedi sa grande idée : l’Ultimate tennis showdown (UTS), une compétition qui s’affranchit du code de conduite, du public, des médias, des traditions, des instances et même de certaines règles.

« On le sait, certains vont nous déchirer », annonce-t-on dans l’entourage de Mouratoglou à la veille de l’évènement. Mais c’est assumé.

Attirer les jeunes

L’objectif est d’attirer vers le tennis un public plus jeune. Alors le maître de cérémonie a cassé les codes de ce sport aux traditions si ancrées pour l’adapter aux pratiques de consommation des jeunes branchés… sur les écrans.

PHOTO D’ARCHIVES HANNAH MCKAY, REUTERS

Patrick Mouratoglou aux côtés de Serena Williams à Wimbledon le 3 juillet 2019.

L’UTS se déroulera à huis clos, avec une présence très contrôlée de médias mais sans conférences de presse et ne sera visible dans son intégralité que via le site internet de l’organisation moyennant une abonnement (entre 15 et 18 dollars canadiens, environ, selon les zones géographiques). Car il a été pensé comme un produit mêlant e-sport (avec un habillage très travaillé des retransmissions sur le web) et visionnage sans modération de séries.

Émotions et coaching

Du coup, les joueurs seront autorisés, voire encouragés à laisser exploser leurs émotions. Le coaching sera une partie intégrante des duels. Les joueurs utiliseront des « cartes UTS » qui leur procureront un avantage momentané. Et le système de comptage des points, qui fait en grande partie la magie du tennis, est abandonné au profit d’une accumulation de points sur une période de dix minutes.

Ce format enlève le pointage « et c’est voulu », assène Mouratoglou pour qui le système traditionnel de comptage de points « est un gros problème » pour attirer un jeune public.

Toutefois, pour les Grands Chelems et les circuits professionnels traditionnels, « bien sûr qu’il faut garder le scoring tel qu’il est », précise-t-il.

« 2e ligue »

Car il affirme ne pas vouloir entrer en compétition avec les circuits traditionnels.

« Je ne dis pas qu’il faut changer le tennis, mais apporter une 2e ligue, plus moderne, pour une autre clientèle », insiste-t-il. Son espoir est de voir cet UTS devenir un circuit parallèle au traditionnel, tout au long de l’année.

« Nous, on ne joue que le week-end, donc on peut imaginer ça à chaque tournoi le samedi et le dimanche. La question, c’est “est-ce que notre format sera un succès ou pas ? ”. Si c’est un succès, tout le monde sera d’accord pour s’asseoir autour de la table et trouver des solutions puisque ce succès sera le succès du tennis en général », selon lui. Dans un premier temps, il évalue la barre du succès à 50 000 abonnements.

Mise en garde de l’ATP

L’ATP accueille l’UTS avec une certaine bienveillance, mais non sans émettre des mises en garde.

« Nous comprenons que des exhibitions privées puissent être organisées […] et qu’elles soient attractives pour nos joueurs qui peuvent ainsi faire des matchs d’un certain niveau et gagner un peu d’argent. Mais, parallèlement, nous rappelons aux joueurs la nécessité de préserver leur santé et leur sécurité […] et de se conformer aux directives du programme anticorruption », a indiqué un porte-parole de l’ATP à l’AFP.  

Même son de cloche du côté de la Fédération internationale (ITF) qui ajoute que sa « priorité » est de poursuivre son travail avec l’ATP, la WTA et les tournois du Grand Chelem « pour suivre l’évolution de l’impact mondial de la COVID-19 et préparer le redémarrage des circuits professionnels dans les meilleures conditions possible ».

Ces circuits sont paralysés depuis la mi-mars et jusqu’à la fin juillet au moins. Une décision sur la tenue de l’US Open (24 août-13 septembre) doit être annoncée dans les jours qui viennent.

Thiem, Tsitsipas, Berrettini et Goffin

En attendant, dix joueurs dont quatre du Top 10 mondial (Dominic Thiem, Stefanos Tsitsipas, Matteo Berrettini et David Goffin) s’affronteront selon les règles de Patrick Mouratoglou.

« C’est un super entraînement. Il n’y a aucun mec au monde qui va te dire demain on fait 5 sets. Donc c’est le format parfait pour reprendre », a confié Richard Gasquet à l’AFP à la veille du début de l’UTS où il affrontera Tsitsipas pour commencer.

Mouratoglou, lui, y voit plus qu’un entraînement de reprise : il a déjà prévu deux éditions supplémentaires immédiatement dans la foulée de cet UTS1.