Si la pandémie de coronavirus n’avait jamais eu lieu, les Internationaux de France en seraient à leur deuxième semaine d’activités, et Rafael Nadal pourrait toujours espérer décrocher un 20e titre du Grand Chelem.

Rafa est plutôt confiné chez lui, en Espagne, où il s’entraîne légèrement, et il se demande, comme tout le monde, si le prochain tournoi majeur, les Internationaux des États-Unis, aura lieu comme prévu à l’automne.

Et si c’est le cas, y participera-t-il ?

« Si vous me posez la question aujourd’hui, alors je vous répondrai ’non’ », a déclaré Nadal en vidéoconférence avec l’Associated Press et d’autres agences de presse jeudi.

PHOTO EDUARDO MUNOZ ALVAREZ, AP

L’Espagnol Rafael Nadal durant son match de finale des Internationaux de tennis des États-Unis, contre le Russe Daniil Medvedev, le 8 septembre 2019.

« Dans quelques mois ? Je ne sais pas. J’espère que oui, a-t-il poursuivi. Mais nous devrons patienter encore un peu afin d’obtenir un portrait plus clair de la situation, pour connaître l’évolution du virus, et l’état de la situation à New York. Parce que, comme vous le savez, New York a été frappé de plein fouet par le virus. Il faudra donc attendre. »

Deux critères absolus

Nadal croit qu’il y a deux critères à respecter pour la tenue des Internationaux des États-Unis et pour que le tennis puisse être relancé ailleurs sur la planète : la garantie que les joueurs seront protégés contre le coronavirus, et la garantie qu’ils pourront tous voyager aux quatre coins de la planète.

« Nous ne pouvons reprendre nos activités avant que la situation soit totalement sécuritaire d’un point de vue sanitaire, a-t-il expliqué, et il faudra que les joueurs de partout sur la planète puissent se rendre aux tournois de manière sécuritaire, également. »

Le tennis, comme la plupart des sports, a interrompu ses activités depuis mars en raison de la pandémie de COVID-19.

L’ATP et la WTA ont interrompu leurs activités au moins jusqu’à la fin du mois de juillet. Les Internationaux de France ont été déplacés de mai à septembre. Wimbledon a été annulé pour la première fois en 75 ans.

Une décision sur la tenue des Internationaux des États-Unis doit être annoncée d’ici quelques semaines ; les activités du tableau principal doivent se mettre en branle à Flushing Meadows à compter du 31 août.

Cinq questions à Rafael Nadal

Q : Sans crise sanitaire, Roland-Garros se jouerait en ce moment. Le tournoi vous manque-t-il et êtes-vous optimiste quant à sa tenue à l’automne ?

R : « Je ne suis pas optimiste, je ne suis pas négatif, je ne sais pas. Je suis juste ce qui se passe, la pandémie. Bien sûr, jouer au tennis me manque, jouer mes tournois préférés me manque. En même temps, je n’ai pas la tête à ça. Mon esprit est concentré sur l’idée d’essayer de retrouver une vie normale, sur le plan personnel, c’est la première chose à faire. Après, on essaiera d’organiser nos vies professionnelles. Mais le tennis est un sport globalisé, avec des gens qui viennent du monde entier, donc c’est un sport difficile à relancer. Je crois vraiment qu’il faut rester calme, patient, et travailler jour après jour à des solutions, mais en même temps, on doit envoyer un message fort et très clair à la société. On ne peut pas reprendre tant que la situation n’est pas entièrement sûre en termes sanitaires et juste quant au fait que tous les joueurs, d’où qu’ils viennent, puissent voyager et jouer des tournois dans des conditions sûres. »

Q : Vous étiez très pessimiste sur une reprise éventuelle de la saison 2020 il y a quelques semaines. Votre position a-t-elle évolué ?

R : « Si vous me disiez (de jouer l’US Open, prévu à partir du 24 août) aujourd’hui, je vous dirais non. Dans quelques mois, je ne sais pas. J’espère que oui. […] On doit attendre que les gens retrouvent une vie normale. Et quand ce sera le cas, attendre de voir comment le virus va évoluer. C’est très difficile pour moi de séparer ce que le monde vit de mon point de vue sur le tennis, c’est pour ça que j’étais très pessimiste il y a quelques semaines. Dans mon esprit, si le monde entier souffre, si beaucoup de gens meurent à cause de cette pandémie, on ne peut pas envisager d’organiser un énorme évènement sportif avec plein de gens venant du monde entier. Ce ne serait pas réaliste. A mon avis, ce n’était pas le bon message à envoyer il y a quelques semaines. C’est vrai que la situation est un petit peu moins négative maintenant. Est-ce qu’il y a une possibilité (que la saison reprenne) ? Oui. Est-ce que je suis très optimiste ? Non, parce que je ne peux pas prédire ce qui va se passer dans les prochains mois. Mais ma position n’a pas changé : on doit faire preuve de responsabilité, on doit (d’abord) être certain que la situation est suffisamment sûre, et après bien sûr, essayer de relancer le circuit, quand on y verra clair. »

Q : Imaginez-vous jouer des tournois à huis clos ?

R : « Honnêtement, je déteste l’idée, mais si c’est la seule solution, pourquoi pas ? Je ne conçois pas le tennis sans l’énergie du public, sans la passion qu’un stade plein vous apporte. Mais si c’est comme ça, si on doit jouer sans spectateurs, je le ferai. »

Q : A quel point jouer Roland-Garros à l’automne serait différent ?

R : « Ca change tout. Ca change la préparation, la météo sera probablement différente. Je suis habitué à le jouer à une autre période et à avoir un calendrier différent. Mais si c’est ce qui se passe, il faudra que je m’adapte, comme tout le monde. Si finalement c’est possible de jouer Roland-Garros (en 2020), j’essaierai de me préparer le mieux possible pour être très compétitif. »

Q : Comment vivez-vous votre reprise du tennis après ce long confinement ?

R : « Je suis surtout heureux de pouvoir revoir mes amis, ma famille, de partager des moments avec les gens que je n’ai pas pu voir pendant tellement longtemps, plus que de pouvoir rejouer au tennis. Mais je suis bien sûr content de rejouer. J’y vais très doucement, pas à pas. Je ne joue pas tous les jours. Je me prépare juste à être prêt à reprendre un peu plus fort dans quelques semaines. Physiquement, ça va mais je ne me teste pas. Avec mon équipe, on s’entraîne avec beaucoup de précaution, on augmente la charge de travail très, très lentement. Notre objectif, ce n’est pas d’être prêt dans une, deux ou trois semaines, c’est d’être prêt à reprendre un vrai entraînement quand on aura un calendrier clair. Ce qu’on fait en ce moment, c’est une pré-préparation. »

Propos recueillis lors d’une vidéoconférence de presse.