(Londres) Après le report de Roland-Garros à fin septembre en raison de l’épidémie de nouveau coronavirus, c’est au tour de Wimbledon de devoir prendre une décision délicate, mais apparemment inévitable, la semaine prochaine lors d’une réunion d’urgence, qui conditionnera sans doute toute la saison sur gazon.

Où en est la réflexion sur un report ou une annulation ?

Les circuits masculin (ATP) et féminin (WTA) sont suspendus jusqu’au 8 juin, une date qui permettrait en théorie la tenue de Wimbledon trois semaines plus tard.

Mardi encore, Andrea Gaudenzi, le patron de l’ATP assurait être « en discussion étroite avec tous les tournois sur gazon et ils restent pour le moment au calendrier ».

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L’emblème du tournoi Wimbledon.

« C’est une situation qui évolue rapidement et il n’y a pas d’autres options que de se parler au jour le jour », avait-il ajouté.

Il ne croyait pas si bien dire, puisque dès mercredi les organisateurs de Wimbledon ont annoncé une réunion d’urgence pour la semaine prochaine qui étudiera « tous les scénarios, report et annulation y compris ».

Une chose est sûre : « Jouer à huis clos a été formellement exclu », ont souligné les organisateurs.

Financièrement, le coût d’une annulation semble supportable pour la fédération de tennis britannique, surtout si cette dernière intervient à la demande du gouvernement, car des assurances permettraient de rembourser les détenteurs de billets.

Un report est-il seulement possible ?

Le report des JO à 2021 a allégé le calendrier de l’été et offert une marge de manœuvre pour un éventuel report, mais la fenêtre n’est pas si grande ouverte que cela.

D’une part en raison de l’incertitude totale sur la réelle durée de la crise liée au coronavirus, alors qu’il faudra plusieurs semaines pour remettre le tournoi en branle.

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Personne ne sait encore la direction que prendra la saison de tennis.

Dans l’hypothèse d’un démarrage du tournoi à la date prévue du 29 juin, les premiers préparatifs dans l’enceinte du All England Club doivent démarrer fin avril, deux mois avant.

Autre problème, il faudrait sans doute bouleverser l’ordre des tournois, car disputer Wimbledon après Roland-Garros, qui est maintenant prévu du 20 septembre au 4 octobre, paraît illusoire, ne serait-ce que sur un plan météorologique.

« La fenêtre très mince dont nous disposons pour organiser Wimbledon en raison de notre surface indique qu’un report ne se ferait pas sans risque et difficulté considérables », ont admis mercredi les organisateurs.

Une question qui vaudra pour toute la saison sur gazon.

Et les joueurs dans tout ça ?

Le devenir de la saison de tennis est évidemment un sujet de préoccupation et d’incertitude pour ceux dont c’est le seul gagne-pain.

« Je pense que le plus important c’est de garder espoir. Il n’y a rien de mal à avoir de l’espoir. Pour moi, il s’agit surtout de ne pas trop se projeter vers l’avenir, on ne sait pas comment les choses vont évoluer », a expliqué à la presse la numéro un britannique Johanna Konta (N.14 mondiale), qui se remet actuellement d’une blessure au genou.

« Nous savons que nous ne jouerons pas jusqu’à début juin, c’est la date vers laquelle on travaille. Quand cela changera, si ça change, on réagira à ce qui viendra ensuite, a ajouté l’ancienne demi-finaliste en Australie (2016), à Wimbledon (2017) et à Roland-Garros (2019), qui siège au Conseil des joueuses WTA.

Chez les hommes, les journaux ont fait été témoin de divergences d’opinions entre Novak Djokovic, président du Conseil des joueurs ATP et partisan d’un arrêt pur et simple de la saison, et Rafael Nadal et Roger Federer qui souhaitent temporiser, notamment pour essayer de sauver la Rod Laver Cup, un tournoi exhibition dont la programmation a été bousculée par le report de Roland-Garros.

 » On pourrait penser que Roger (Federer) qui vient d’être opéré du genou dirait +je vais me retirer du circuit+. Mais il a été l’un des premiers à se manifester pour s’assurer que les choses bougent et que des décisions adaptées soient prises «, a témoigné Mark Knowles, membre du conseil d’administration de l’ATP au journal L’Express.

Une annulation de Wimbledon serait en tout cas un coup dur pour les joueurs et joueuses britanniques qui bénéficient d’une part importante des invitations au tournoi et des 45 000 livres (77 000 dollars canadiens) garantis aux perdants du premier tour.