C’est lundi soir (mardi à Melbourne) que les Internationaux d’Australie se mettent en marche avec les premiers matchs des qualifications. Plusieurs Canadiens sont inscrits, mais c’est Eugenie Bouchard qui retiendra surtout l’attention.

La joueuse de 25 ans a connu une autre saison désastreuse en 2019, avec une fiche de 8 victoires et 18 défaites, dont 12 éliminations consécutives au premier tour sur le circuit de la WTA. Elle a glissé au 262e rang du classement féminin et n’est entrée que de justesse dans le tableau des qualifications à Melbourne.

Les antipodes ont toutefois souvent été propices à de bonnes performances pour Bouchard. La saison dernière, elle a atteint les quarts de finale à la Classique ASB d’Auckland, avant de passer au deuxième tour des Internationaux d’Australie, où elle était tombée devant Serena Williams. 

Des quatre tournois du Grand Chelem, c’est d’ailleurs à Melbourne que Bouchard a été la plus constante, avec une fiche de 14 victoires, 6 défaites et des qualifications en demi-finale (2014), en quart de finale (2015) et aucune élimination au premier tour.

Pas étonnant, donc, qu’elle ait reçu un laissez-passer pour le tournoi d’Auckland la semaine dernière. C’est toutefois plus surprenant de l’avoir vu égaler sa performance de 2019, avec encore une poussée jusqu’en quart de finale, où elle ne s’est inclinée qu’après une belle bataille, 2-6, 6-3 et 4-6, devant l’Américaine Amanda Anisimova, la 25e mondiale.

Il n’en fallait pas davantage pour raviver les espoirs des nombreux partisans de Bouchard… ou les doutes de ceux qui ne croient plus en elle.

Étonnamment discrète depuis quelques mois dans les réseaux sociaux, la Québécoise a aussi gardé un « profil bas » devant les médias. En point de presse à Auckland, elle a assuré qu’elle n’avait « aucune attente ».

« Et je veux continuer de ne pas avoir d’attentes, en ce qui concerne mes résultats en tout cas, a déclaré Bouchard avant son premier match de la Classique ASB. J’ai des attentes envers moi-même, envers mes actions, envers ce que j’essaie de faire sur un court. Mais mon classement a descendu et j’essaie de voir ça comme un processus pour rebâtir [ma carrière], sans aucune pression. »

Je veux simplement tout laisser sur le court, toujours y aller à fond. J’ai travaillé très fort pendant l’intersaison et je veux courir après chaque balle, me battre jusqu’à la dernière balle parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver…

Eugenie Bouchard

Bouchard a effectivement paru en meilleure forme lors de ses trois matchs à Auckland. Elle s’est encore entraînée avec Gil Reyes, l’ancien préparateur physique d’Andre Agassi, en décembre à Las Vegas, et ne semble plus gênée par les blessures récurrentes aux muscles de l’abdomen qui ont perturbé ses dernières saisons.

Autre bon signe, la Canadienne est toujours avec le vétéran entraîneur Jorge Todero, avec qui elle travaille depuis l’été dernier. Après une relation professionnelle difficile avec l’Américain Michael Joyce, Bouchard semble apprécier le style « vielle école » de Todero. Le potentiel est donc là pour une remontée au classement, mais il convient de faire comme Bouchard elle-même : ne pas avoir d’attentes !

Une tâche ardue

Ce sera toutefois la première fois que Bouchard devra disputer les qualifications depuis sa toute première participation, en 2013, quand elle n’avait encore que 18 ans. Elle devra remporter trois matchs, et le tableau est plein de joueuses qui ne rêvent que de l’épingler à leur tableau de chasse.

Une seule autre Canadienne est inscrite en qualifications : Leylah Fernandez.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Leylah Fernandez

Finaliste du tournoi junior en 2019, la joueuse de 17 ans fait ses premiers pas en Grand Chelem chez les seniors. La commande s’annonce très difficile pour elle aussi et, avec le forfait de Bianca Andreescu, on pourrait bien n’avoir aucune Canadienne dans le tableau principal du simple à Melbourne.

Comme quoi les succès du tennis canadien en 2019, chez les femmes du moins, tiennent encore à peu de choses.

Chez les hommes, Denis Shapovalov, Félix Auger-Aliassime, Milos Raonic et Vasek Pospisil seront du tableau principal en simple. Brayden Schnur espérait encore dimanche des forfaits de dernière minute pour aussi avoir sa place. Le 109e mondial sera sinon l’un des favoris des qualifications, alors que Steven Diez et Peter Polansky seront aussi de la compétition.

L’impact des incendies

La région de Melbourne fait partie de celles qui sont touchées par les incendies de brousse qui ravagent l’Australie depuis plusieurs semaines. Plusieurs joueurs se sont inquiétés des conditions de jeu et de la qualité de l’air. Le directeur des Internationaux d’Australie, Craig Tiley, s’est fait rassurant la semaine dernière en conférence de presse. « La santé des joueurs, des spectateurs et du personnel du tournoi est une priorité en tout temps, et nous prendrons les décisions qui s’imposent. Nous avons des experts qui étudient continuellement toutes les données accessibles sur la météo, la qualité de l’air et qui nous conseillent sur les mesures à prendre. » Comme l’a rappelé Tiley, le site de Melbourne Park compte trois stades qui peuvent être couverts, ainsi que huit courts intérieurs. Advenant des conditions jugées trop dangereuses, le jeu pourrait se poursuivre à l’intérieur dans un environnement où l’air serait filtré et tempéré.