(New York) Ils sont jeunes, ils frappent fort et ont marché sur leurs adversaires pour arriver jusqu’au dernier carré : en l’absence de Roger Federer et Rafael Nadal, la demi-finale vendredi entre Dominic Thiem et Daniil Medvedev est celle que l’on espérait dans le bas du tableau des Internationaux des États-Unis.

Personne ne peut arrêter Thiem… sauf peut-être Medvedev. Telle est l’impression qui ressort après dix jours de tournoi à Flushing Meadows.

L’Autrichien de 27 ans est coincé générationnellement entre les « vieux » du Big3 (Federer et ses 39 ans, Nadal et ses 34 ans, Djokovic et ses 33 ans), et la prochaine génération emmenée par les Zverev (23 ans), Tsitsipas (22 ans)… et Medvedev (24 ans).

Mais c’est bien lui qui se fait le plus pressant depuis deux années, collant aux basques de ses glorieux aînés.

Battu facilement par Nadal en finale de Roland-Garros en 2018, il a donné plus de fil à retordre à l’Espagnol en finale du Majeur sur terre battue l’année suivante, après avoir écarté Djokovic en demies. Et, alors que son jeu ultra puissant avec un spin diabolique et rasant, en coup droit comme en revers (à une main), semblait le promettre à un premier grand titre sur terre, il est devenu maintenant monstrueux sur dur.

C’est en février aux Internationaux d’Australie qu’il a failli créer la surprise en menant 2 manches à 1 en finale face à Djokovic, pourtant réputé comme étant le meilleur joueur sur dur. Le Serbe a fini par s’imposer, mais Thiem a marqué les esprits.

Pas de folie

Et plus les Internationaux des États-Unis avancent, plus le N.3 mondial impressionne. Jusqu’à cette leçon donnée en quarts à Alex De Minaur (28e) balayé 6-1, 6-2, 6-4 en 2 h 04.

« Le plus impressionnant ? C’est son attitude, son fond de jeu : il ne tente jamais de coups de folie mais varie bien », a commenté Mats Wilander, vainqueur à Flushing Meadows en 1988, sur Eurosport.

« Il joue presque comme sur terre, mais en avançant un peu plus et en utilisant plus son revers coupé », en particulier en défense, a souligné le Suédois.

Défendre, il faudra vraisemblablement s’y employer face à Medvedev, dont le jeu atypique, très à plat, fait merveille sur dur.

Le Russe, 5e mondial, avait réussi une tournée américaine estivale phénoménale l’an dernier, ponctuée d’un premier titre en Masters 1000 (Cincinnati) et couronnée d’une finale d’anthologie contre Nadal à Flushing Meadows.

C’est donc logiquement qu’il était considéré comme un des favoris de l’édition 2020 si particulière, coronavirus oblige.

Mais son parcours jusqu’aux demies a peut-être été encore plus fort qu’attendu. Il est le seul joueur du dernier carré à ne pas avoir encore cédé la moindre manche, pas même en quarts face à l’explosif Russe, Andrey Rublev (14e), qui constituait un véritable test.

Heureux

Être dans la peau d’un favori, devoir défendre son statut sur le court Arthur-Ashe où il a écrit l’an dernier une des plus belles pages du tennis en poussant Nadal à sortir l’un des plus grands matchs de sa carrière ne semble absolument pas le perturber. Il affiche même ouvertement sa joie d’être là.

« Il se construit une réputation de joueur difficile à jouer, qui ne donne pas un point gratuitement. Il est très imprévisible. Les seuls points sur lesquels il est prévisible, c’est qu’il va jouer intelligemment et qu’il va se battre », a relevé Wilander.

L’alerte physique qu’il a eue en quarts contre Rublev (il s’est fait manipuler une épaule puis masser les cuisses) aura-t-elle des suites ? « Je me sens bien physiquement. Je pense être 100 % prêt pour la suite », a-t-il assuré après sa qualification.

Thiem ou Medvedev, le vainqueur affrontera dimanche pour le titre Alexander Zverev ou Pablo Carreno, qui, sans démériter, ne se sont pas montrés particulièrement brillants pour arriver au dernier carré, en bénéficiant notamment de la disqualification de Djokovic en 8es de finale.

Il semblerait logique que le nouveau vainqueur en Grand Chelem, le premier depuis Marin Cilic aux Internationaux des États-Unis de 2014, et le premier vainqueur de Majeur hors Big3 depuis Stan Wawrinka à Flushing Meadows en 2016, soit dans la partie basse du tableau…