(New York) Qui pouvait empêcher Novak Djokovic de remporter son 18e titre du Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis ? Vraisemblablement personne, mais c’est pourtant un autre joueur qui soulèvera la coupe, car le N.1 mondial a été disqualifié en 8es de finale dimanche sur un geste d’humeur.

« Je présente mes excuses aux Internationaux des États-Unis et à tous ceux affectés par mon comportement […] Je suis désolé », écrit le N.1 mondial et grand favori du tournoi qui a quitté le stade sans se présenter en conférence de presse.

« Je suis vraiment triste et vidé après cette histoire. J’ai pris des nouvelles de la juge de ligne et le tournoi m’a dit que, grâce à Dieu, elle se sent bien. Je suis extrêmement désolé de lui avoir causé autant de stress. C’était totalement involontaire. C’était absolument mal », poursuit le Serbe.

« Quant à ma disqualification, il faut que je fasse une introspection et que je travaille sur ma déception afin d’en tirer une leçon pour avancer et me développer en tant que joueur de tennis et qu’être humain », conclut-il.

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Novak Djokovic discute avec l’arbitre après l’incident

Fin du premier set contre Pablo Carreno (27e). Une balle frappée par le Serbe sans regarder vers le fond du court va heurter une juge de ligne à la gorge. La juge pousse un cri et s’effondre, Djokovic se précipite vers elle. Elle se relève, il va s’asseoir. Mais le règlement est sans appel : tout joueur coupable de ce type de geste, même involontairement, est exclu.

« Parce qu’il a été disqualifié, Djokovic va perdre tous les points ATP gagnés aux Internationaux des États-Unis (en l’occurrence… aucun, NDLR) et va recevoir une amende du montant de son cachet en plus de toute autre amende éventuellement décidée en fonction de l’incident », a précisé l’USTA.

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Novak Djokovic s’excuse auprès de la juge de ligne atteinte par sa balle

Nerfs à vif

L’amende devrait encore être plus salée par sa décision de quitter immédiatement le stade sans donner la conférence de presse obligatoire.

Carreno n’a rien vu : « je fêtais mon break avec mon coach », a-t-il expliqué en confirmant l’évidence : Djokovic n’avait pas « intentionnellement » atteint la juge de ligne.

Les cas de disqualification en Grand Chelem sont rares. Mais celle de John McEnroe aux Internationaux d’Australie 1990 avait déjà marqué les esprits.

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Pablo Carreno Busta

Djokovic avait eu un premier geste d’humeur quelques points auparavant, lorsqu’il avait violemment frappé une balle contre une balustrade.

Ses nerfs étaient soumis à rude épreuve, car il avait mené 5-4 et avait eu trois balles pour remporter le set 6-4 sur le service de Carreno, mais l’Espagnol avait réussi à les sauver et a égalisé à 5-5. Et le Serbe avait perdu dans la foulée sa mise en jeu, ce qui a provoqué son geste malheureux.

« C’est vraiment pas de chance, a commenté Alexander Zverev qui passait au même moment en conférence de presse. Il y a une règle pour ça. Je pense que le superviseur fait son boulot. Mais c’est vraiment pas de chance pour Novak. »

Dans un stade vide en raison du huis clos, la probabilité que la balle de Djokovic touche quelqu’un était particulièrement faible.

Kyrgios cinglant

Comme souvent, Nick Kyrgios a été l’un des premiers à réagir dans un tweet cinglant.

« Mettez-moi à la place du Djoker dans cet incident : après avoir accidentellement atteint un ramasseur de balles à la gorge, combien d’années j’aurais été exclu ? », a écrit l’Australien aux spectaculaires coups de colère. Il fait partie des joueurs qui ont préféré ne pas venir à New York.

En l’absence de ses principaux rivaux Rafael Nadal et Roger Federer, le Serbe qui est considéré comme le meilleur joueur sur dur et qui était invaincu depuis le début de l’année avec 26 victoires en autant de matchs, semblait sur les rails pour remporter son 18e titre du Grand Chelem.

« Je pense qu’il a été pris sous la pression, a commenté le quadruple vainqueur du tournoi John McEnroe sur la chaîne ESPN. Maintenant, que ça lui plaise ou non, il sera le méchant pour le reste de sa carrière. »

Les Internationaux des États-Unis 2020 sera donc le premier Majeur à avoir un autre vainqueur que l’un des membres du Big 3 depuis son édition 2016 remportée par Stan Wawrinka. Plus encore il y aura à New York cette année un tout nouveau vainqueur de Grand Chelem.

« Ce n’est pas comme ça qu’on veut gagner un Grand Chelem, mais c’est très excitant de savoir qu’un nouveau joueur va gagner », a déclaré le Canadien Denis Shapovalov (17e) qui sera finalement le favori de son premier quart en Majeur puisqu’il affrontera Carreno et non Djokovic.