(New York) Kristina Mladenovic a dénoncé vertement, mercredi après son élimination au 2e tour des Internationaux des États-Unis, les conditions qui ont été imposées aux joueurs négatifs mais ayant côtoyé Benoît Paire, lui-même exclu du tournoi pour un test positif au coronavirus.

La Française de 27 ans, ainsi que plusieurs autres joueurs, dont ses compatriotes Richard Gasquet, Grégoire Barrère, Adrian Mannarino et Édouard Roger-Vasselin, a été contrainte d’évoluer depuis dimanche dans un univers qu’elle juge carcéral.

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Benoit Paire a d’abord été déclaré positif à la COVID-19, mais des tests subséquents semblent indiquer que le premier était un faux positif.

La 44e mondiale est apparue en pleurs en conférence de presse, complètement abattue. « Je suis complètement épuisée […] je veux juste remercier l’USTA pour cette expérience irréelle », a-t-elle lancé ironiquement en anglais avant de développer ses griefs en français.

Q. Vous avez l’air complètement détruite, on ne vous a jamais vue comme ça…

R : « Oui, je suis complètement effondrée. Je jouais super bien, mais je n’ai pas su finir le match. J’étais à un fil. Elle a commencé à remonter au score et petit à petit, je me suis effondrée, je n’ai pas d’autre mot. Je suis à bout. Je n’ai jamais été dans un état pareil. Je suis complètement à bout. C’est un cauchemar ce qu’on vit là. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de retrouver ma liberté. Il faut qu’on se batte pour avoir notre liberté. Je voudrais tellement dire plein de choses sur ce qui se passe ici, c’est absolument abominable comment ils nous traitent, mais je n’ai pas envie que ce soit une excuse à ma défaite. Ce n’est pas la faute de l’USTA le fait que je n’aie pas converti mes 4 balles de match. Il ne faut pas qu’on se trompe. »

Q : Cet effondrement est-il lié aux conditions de vie qui sont les vôtres depuis trois jours ?

R : « Le 3e set, clairement. Je ne vais pas chercher d’excuse pour le 2e set : je joue très bien, je suis à un point de rendre la copie parfaite. Mais le troisième set, ce que je ressens, c’est de la détresse, vraiment. Il faudrait s’asseoir pour vous faire une liste de ce qu’on est en train de subir. C’est même pas acceptable ce qu’on vit. Même pour faire un pas à droite, il faut demander la permission. On n’a pas de liberté de mouvement, d’identité, de rien. J’ai l’impression qu’on est des prisonniers, des criminels. Pour le moindre mouvement, il faut demander la permission si on a le droit de le faire alors qu’on est testé tous les jours et qu’on a eu 30 tests négatifs. C’est abominable, les conditions sont atroces. Si j’avais su que jouer 40 minutes aux cartes, avec un masque, avec un joueur (Paire) qui a été testé positif, mais finalement négatif, ça aurait entraîné ces conséquences, je n’aurais jamais mis les pieds à ce tournoi. »

Q : Justement, Benoît Paire a été testé négatif finalement…

R : « Je ne sais pas quoi vous dire, on vit un cauchemar. On est impuissants et on ne fait que subir. On n’a le droit de rien faire, on est prisonniers de tout. »