Comment bien s’échauffer pour éviter les blessures ? Quel geste technique travailler en particulier cet été ? L’ancien capitaine de l’équipe canadienne en Coupe Davis et ex-entraîneur de Denis Shapovalov, Martin Laurendeau, livre quelques trucs à pratiquer seul ou en groupe.

Prendre son temps

Les courts sont accessibles depuis le mois de mai, mais Martin Laurendeau a un sage conseil si vous reprenez le tennis après quelques mois d’inactivité : la patience.

« Même si le tennis est un jeu, il y a toujours un petit côté compétitif pour la plupart des gens. Peut-être qu’ils étaient dans des ligues avant la pandémie, mais il s’agit maintenant de revenir à la base, dit-il. Il faut baisser ses attentes par rapport à sa coordination, son timing et son exécution de coups. Il faut se donner du temps. »

Attention aux chevilles et aux mollets

Martin Laurendeau se réclame de la vieille école dans ses méthodes. Pour s’activer et réchauffer son corps, rien de mieux qu’une corde à danser, préconise-t-il. L’exercice est complet, rapide, abordable et particulièrement adapté aux exigences physiques du tennis.

« Le tennis est un jeu de chevilles et de mollets. Cette partie du corps est très sollicitée parce qu’il faut courir après la balle et effectuer des déplacements multidirectionnels. Il y a beaucoup de blessures aux mollets chez les personnes âgées de plus de 40 ans. »

L’exercice permet également de faire des rotations de poignets et d’épaules.

Une fois sur le terrain, il faut également respecter une certaine gradation et ne pas se lancer dans des services immédiatement. « Les gens doivent normalement taper des balles, faire des volées, des smashs, des services puis jouer. Les professionnels le font pendant 5 minutes, le joueur récréatif peut le faire, peut-être, sur 20 minutes. »

Un exercice à faire seul

« Tous les champions de tennis actuels sont passés par là », déclare Martin Laurendeau. Là, c’est face à un mur ou une porte de garage, à frapper des balles inlassablement. L’exercice est plus complet que les machines à balle, précise-t-il en assumant de nouveau son côté vieux jeu.

« Même moi, quand je frappe contre un mur, j’ai du mal à tenir l’échange. C’est très dur d’être précis coup après coup après coup. Plus on se rapproche du mur, plus la balle revient rapidement. On peut jouer avec le temps et les distances, travailler sa coordination et différents coups comme les smashs. »

Le geste technique

Pour Martin Laurendeau, le tennis fait partie des sports les plus techniques. « Il n’y a rien de fixe. Il y a une dimension spatiotemporelle, une coordination avec des gestes en mouvement, une lecture de la balle et de l’anticipation. »

Pour lui, le coup le plus technique est cependant le service. C’est d’ailleurs là, dans le timing, l’explosion du geste, la coordination, la fluidité, qu’il constate la plus grande différence entre les niveaux professionnel et récréatif.

« C’est peut-être un aspect que l’on néglige. Si on veut juste échanger, on fait des coups droits et des revers. Mais c’est comme un pilote qui veut juste maîtriser un avion, tourner à droite et à gauche sans apprendre le décollage ou l’atterrissage. Au tennis, chaque point commence par un service et un retour. […] Cet été, pourquoi ne pas faire des exercices à deux et se lancer des défis ? Par exemple, le retourneur doit viser une moitié de terrain en particulier pour être plus précis. »

Par expérience, il constate un lancer de balle très bas et une mauvaise prise de raquette chez les athlètes récréatifs. « Comme si on tenait une poêle Tefal et qu’on lançait une omelette dans les airs pour la retourner. Au lieu d’avoir la raquette de côté, on l’a à plat. Ça vient du fait qu’on se dit que le service est trop compliqué. On se contente de taper la balle et de la passer par-dessus le filet. »

Bien se placer au filet en double

Quelle erreur est la plus fréquente chez les joueurs de double ? La position du joueur au filet, répond immédiatement l’entraîneur d’expérience.

« Il a tendance à être beaucoup trop près des lignes de double, au lieu d’être au centre du terrain. On laisse beaucoup d’espace à notre partenaire pour pouvoir faire les échanges. […] Il faut être au milieu de la boîte de service. Ça va rendre le jeu plus facile parce qu’on est capable d’intercepter beaucoup plus de balles. »