(Paris) « Tennis, je te dis adieu » : c’est sur ce clap de fin théâtral que la Russe Maria Sharapova a quitté mercredi à 32 ans le sport dont elle a été une vedette durant 18 ans avec son physique hollywoodien, ses titres et sa suspension pour dopage.

Femme d’affaires qui fait depuis longtemps fructifier son image, c’est par une tribune publiée d’abord sur le site du magazine de mode Vogue, avant d’être postée sur les réseaux sociaux, que la grande blonde (1,88 m) a officialisé une décision qui semblait devenue inéluctable en raison notamment de ses incessantes blessures.

« Tout au long de ma carrière, “Est-ce que ça en vaut la peine ?” n’a jamais été une question. Dernièrement, ça l’était en permanence », explique la Russe dont les dernières années de représentations ont été plombées par les blessures.

Suspendue 15 mois pour dopage (meldonium) en 2016, Sharapova n’est jamais parvenue à retrouver le niveau qui était le sien avant cette interruption.

« Un an et demi loin du tennis ça a été terrible, ça lui a porté un coup. C’est pour ça qu’elle a mis un terme à sa carrière prématurément », a estimé le président de la Fédération russe de tennis Shamil Tarpishev, cité par l’agence RIA Novosti.

« Je suis désolé qu’elle ait dû s’arrêter sur une blessure, mais elle peut être fière d’elle », a commenté le numéro 1 mondial Novak Djokovic en marge du tournoi de Dubaï. « La façon dont elle s’est battue pour revenir et jouer au niveau qu’elle désirait est une source d’inspiration », a ajouté le Serbe.

Ex-numéro 1 mondiale redescendue au 373e rang mondial, Sharapova restait ainsi sur quatre défaites consécutives, dont des éliminations aux premiers tours des Internationaux des États-Unis de 2019 face à Serena Williams et des Internationaux d’Australie de 2020 contre la Croate Donna Vekic, son dernier match.

Cris

Mais, contrairement à sa compatriote Anna Kournikova qui avait très tôt échangé son costume de joueuse pour celui de starlette, Sharapova a marqué le circuit féminin par des résultats spectaculaires obtenus à force de hargne bruyante. Les cris stridents qui accompagnaient chacune de ses frappes résonneront encore longtemps sur les plus grands courts du monde où elle a écrit quelques pages du tennis mondial.

Elle est ainsi l’une des rares joueuses à avoir remporté les quatre tournois du Grand Chelem : Wimbledon (2004), Internationaux des États-Unis (2006), Internationaux d’Australie (2008) et Roland-Garros (2012 et 2014) pour un total de 36 titres et 21 semaines au sommet de la hiérarchie mondiale entre le 22 août 2005 et le 8 juin 2012.

« Elle a eu une sacrée carrière ! Évidemment, elle était derrière Serena (Williams), mais elle est probablement la meilleure après Serena », a estimé le Grec Stefanos Tsitsipas qui a des origines russes par sa mère. « Elle a beaucoup apporté à notre sport », a-t-il ajouté à Dubaï.

En carrière, Sharapova a ainsi gagné 38,8 millions de dollars. Seules les sœurs Serena et Venus Williams (respectivement 92,7 et 41,8 millions), ont gagné plus d’argent qu’elle sur un court de tennis.

Rêve américain

La petite fille née le 19 avril 1987 à Nyagan, dans la plaine de Sibérie occidentale à plus de 1700 km de Moscou, a également vécu un rêve américain en marge de sa carrière sportive.

« À six ans, j’ai traversé la planète jusqu’en Floride avec mon père […] Tout me semblait immense, tout comme l’étaient les sacrifices de mes parents », se souvient-elle dans Vogue.

Ces sacrifices ont porté leurs fruits puisque de 2005 à 2015, la Russe s’est maintenue au sommet, non pas du classement de la WTA, mais de la liste Forbes des athlètes les mieux payées. Ce mercredi, le magazine estimait sa fortune à 325 millions de dollars, en comptant ses gains en tournois, ses différentes interventions mais aussi et surtout ses partenariats commerciaux. Seule Serena Williams a fait mieux avec, à ce jour, 350 millions de dollars.

En 2019 encore, malgré de faibles gains en tournois (1 million de dollars) à cause des blessures qui ne lui ont permis de disputer que 18 matchs, elle a touché 6 millions de dollars de contrats publicitaires pour un total de 7 millions qui en faisait encore la 7e joueuse de tennis la mieux payée de l’année.

« La beauté fait vendre. Je sais que c’est en partie pour ça que les gens me veulent et ça me convient. Je ne vais pas me rendre laide exprès », avait-elle commenté un jour.

En 2019, elle était liée à Nike, Porsche, Head, Evian et Tag Heuer. Elle a également investi en 2016 dans l’UFC, principal organisateur de MMA, et a lancé en 2012 sa propre marque de bonbons Sugarpova.

Après Wozniacki en janvier, Sharapova est le deuxième grand nom du tennis à quitter définitivement le circuit en 2020.