Jamais les joueurs canadiens n’ont abordé un tournoi du Grand Chelem en aussi bonne position. Denis Shapovalov (13e), Félix Auger-Aliassime (20e) et Milos Raonic (32e) sont parmi les têtes de série et tous peuvent causer des surprises, même si les favoris restent Rafael Nadal, Novak Djokovic et Roger Federer. Chez les femmes, l’Américaine Serena Williams vise un 24e titre record du Grand Chelem, mais le tableau est très ouvert. En l’absence de la sixième mondiale Bianca Andreescu, toujours gênée par une blessure, la jeune Leylah Fernandez sera la seule Canadienne en simple.

Auger-Aliassime a retrouvé ses moyens

La confiance d’un joueur de tennis tient souvent à peu de chose. Denis Shapovalov a retrouvé ses moyens l’été dernier en embauchant un nouvel entraîneur, Mikhail Youzhny, qui a su lui redonner tout son dynamisme.

Qui sait si Félix Auger-Aliassime ne fera pas un nouveau bond en avant après avoir réglé un petit problème de matériel ?

Battu de justesse vendredi en demi-finale du tournoi d’Adélaïde par le Russe Andrey Rublev, le joueur de 19 ans a évolué à un très bon niveau tout au long de la semaine. Rien à voir avec ses performances peu convaincantes lors de la Coupe de l’ATP au début du mois.

PHOTO JAMES ELSBY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime a été battu de justesse vendredi en demi-finale du tournoi d’Adélaïde par le Russe Andrey Rublev.

En entrevue cette semaine, l’entraîneur d’Auger-Aliassime est revenu sur ces performances. « Cela a été plus difficile [à la Coupe de l’ATP], mais on voyait pendant les matchs qu’il y avait des choses qui n’allaient pas », a expliqué Guillaume Marx.

« Bien sûr, ça arrive parfois de jouer en dessous de ses possibilités. Quand un joueur n’est pas au niveau où il est censé jouer, où il s’attend à jouer, c’est sûr que c’est difficile, surtout quand les matchs s’enchaînent, jour après jour, comme cela a été le cas à la Coupe de l’ATP. La confiance est alors atteinte.

« Mais il faut être réaliste, a poursuivi Marx. Ce n’est pas un secret de dire qu’on a eu des problèmes de matériel là-bas, avec ses raquettes, et cela a été un soulagement pour Félix de pouvoir régler ça. On a apporté certains ajustements et, avec le recul, ça nous a sans doute permis de gagner du temps pour la suite des choses. »

Il y a encore du travail à faire sur le terrain, des détails plus techniques, mais je crois qu’on a réglé des choses importantes. À ce niveau, où tous les détails comptent, il faut vraiment que le joueur ait une confiance absolue en ce qu’il a entre les mains et en ce qu’il en fait.

Guillaume Marx, entraîneur de Félix Auger-Aliassime

« Ça ne veut pas dire qu’il va maintenant gagner tous ses matchs, bien sûr, mais il fallait s’ajuster et je crois qu’il peut maintenant regarder l’avenir avec optimisme après ses performances à Adélaïde, poursuit Marx. C’était bien de renouer avec la victoire après une série de défaites. Après la Coupe de l’ATP, l’objectif était d’y aller un match à la fois, de progresser à chaque match, afin d’aller le plus loin possible et d’arriver aux Internationaux d’Australie avec un maximum de confiance. »

« Jouer pour gagner »

Avec son classement et sa popularité, Auger-Aliassime fait maintenant l’objet de nombreuses sollicitations partout où il va. « Il y a énormément de choses à gérer dans sa vie, raconte Marx. Il faut constamment apporter des petits ajustements pour s’assurer que tout cela se fasse de façon harmonieuse. »

L’entraîneur et toute l’équipe qui entoure Auger-Aliassime tentent évidemment de « protéger » le joueur, tout en s’assurant qu’il garde le cap sur ses priorités. « On répète souvent qu’il faut travailler avant tout sur le processus, sur la progression de son jeu, souligne Marx. Bien sûr, c’est toujours plus facile à dire qu’à faire. La saison repart, il y a des résultats à avoir… »

En entrevue la semaine dernière à Adélaïde, Auger-Aliassime a d’ailleurs déclaré : « Quand on arrive sur le circuit, on veut améliorer ceci, améliorer cela, gagner de l’expérience. Mais j’en suis au point où j’ai été du top 20, j’ai disputé trois finales. Maintenant, à chaque tournoi, je joue pour gagner, pour aller en finale, pour avoir une chance de rafler le titre. »

Je ne veux pas me mettre trop de pression avec mes résultats, je veux simplement avoir le sentiment que je joue du bon tennis. On ne sait jamais quand les résultats vont venir, mais je sais que de bonnes choses vont finir par m’arriver.

Félix Auger-Aliassime

Il y a un an, Auger-Aliassime avait perdu au deuxième tour des qualifications aux Internationaux d’Australie. Cette année, il est le 20e favori du tournoi et entend bien « jouer pour gagner » !

Shapovalov, Raonic et Pospisil en embuscade

Trois autres Canadiens sont du tableau principal en simple chez les hommes : Denis Shapovalov, Milos Raonic et Vasek Pospisil. Chacun à leur niveau, ils peuvent causer de grosses surprises.

PHOTO STEVE CHRISTO, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Denis Shapovalov a livré une chaude lutte au Serbe Novak Djokovic à la Coupe de l’ATP.

Shapovalov (13e favori) est évidemment le plus attendu après ses performances à la Coupe Davis, l’automne dernier, et à la Coupe de l’ATP, il y a quelques jours. Le joueur de 20 ans a livré de chaudes luttes à Rafael Nadal et à Novak Djokovic dans ces compétitions, montrant qu’il n’avait aucun complexe, quel que soit son adversaire.

Il pourrait affronter Roger Federer au quatrième tour à Melbourne, mais devra quand même se méfier des premiers tours, avec des adversaires comme le jeune Italien Jannik Sinner, au deuxième tour, ou le Bulgare Grigor Dimitrov au troisième.

Raonic (32e favori) n’aborde pas le tournoi avec la même confiance en raison de blessures récurrentes, mais il reste un adversaire redoutable et a hérité d’un tableau relativement favorable. Il a d’ailleurs toujours bien fait en Australie, avec une demi-finale et trois quarts de finale au cours des cinq derniers tournois.

Pospisil a profité d’un classement protégé pour accéder directement au tableau principal et il espère engranger de précieux points avec quelques victoires. La tâche sera toutefois ardue avec un premier tour contre le Croate Ivo Karlović, un deuxième contre le Français Gaël Monfils et un troisième contre… Félix Auger-Aliassime !

Une chance que Fernandez est là !

Bien malin celui qui aurait prédit il y a quelques semaines que Leylah Annie Fernandez serait la seule Canadienne dans le tableau du simple aux Internationaux d’Australie.

La joueuse de 17 ans a en effet réussi un bel exploit en remportant ses trois matchs de qualification, toujours contre des joueuses mieux classées qu’elle, et elle fera ses débuts officiels en tournoi de Grand Chelem. 

« Me qualifier pour un tournoi du Grand Chelem était l’un de mes objectifs cette saison et je suis heureuse d’avoir réussi dès le premier tournoi, a-t-elle expliqué en point de presse. J’espère maintenant grimper au classement et atteindre le top 100. »

Fernandez, qui avait été finaliste du tournoi junior l’an dernier à Melbourne, affrontera mardi au premier tour l’Américaine Lauren Davis (65e).

En attendant le retour au jeu de Bianca Andreescu, les performances de Fernandez font un peu oublier le net recul des Canadiennes depuis quelques mois. Eugenie Bouchard va encore descendre au classement, Françoise Abanda doit se contenter de petits tournois Challenger, Rebecca Marino est blessée…

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

La Québécoise Leylah Annie Fernandez s’est qualifiée pour le tableau principal des Internationaux d’Australie.

Heureusement que Gabriela Dabrowski est toujours là pour faire briller les couleurs du Canada en double.

Shapovalov fustige les organisateurs

Denis Shapovalov sera le premier joueur canadien en action aux Internationaux d’Australie, mais il pourrait passer son tour. Le joueur de 20 ans a en effet vivement critiqué les organisateurs, samedi en point de presse, au sujet des conditions de jeu rendues dangereuses par les incendies qui ravagent plusieurs régions du pays.

S’inquiétant pour sa santé, Shapovalov a affirmé : « C’est un tournoi du Grand Chelem, une grosse opportunité, mais j’ai 20 ans et je ne veux pas risquer ma vie, ma santé, en jouant dans ces conditions, alors que je pourrai encore jouer pendant les 10 ou 15 prochaines années.

« On a vu les effets sur les joueurs au cours des derniers jours [en qualifications], mais on ne sait pas ce que cela aura comme effet plus tard dans nos vies, si nous respirons cet air pendant deux semaines. »

Shapovalov a aussi rappelé que les matchs du tournoi masculin pouvaient se disputer en cinq manches, ce qui augmentera les risques pour les joueurs.

Les organisateurs ont annoncé samedi que la qualité de l’air serait constamment mesurée et que les matchs seraient annulés ou interrompus si le taux de particules fines solides et liquides en suspension dans l’air (PM2,5) atteint 200, ce qui s’est produit à quelques reprises au cours des dernières semaines à Melbourne. 

LE PROGRAMME : 
Lundi
Denis Shapovalov c. Márton Fucsovics, 11 h (19 h HE dimanche), Arena Margaret Court
Milos Raonic c. Radu Albot, deuxième match après 11 h (vers 21 h HE dimanche), court 19

Mardi
Félix Auger-Aliassime c. Ernests Gulbis
Vasek Pospisil c. Ivo Karlović
Leylah Annie Fernandez c. Lauren Davis

Encore le « Big Three »

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Rafael Nadal

Cela fait quelques saisons qu’on attend leurs déclins, mais Rafael Nadal, Novak Djokovic et Roger Federer continuent de régner sans partage sur le tennis masculin. Les trois joueurs totalisent 55 titres en Grand Chelem et, même s’ils ont respectivement 33, 32 et 39 ans, ils ont remporté les 12 derniers tournois majeurs. Difficile donc de ne pas en faire les favoris des Internationaux d’Australie, même si plusieurs jeunes joueurs cognent à la porte.

Rafael Nadal : 1er favori

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Rafael Nadal

Espagnol, 33 ans, 19 titres en Grand Chelem, 1 titre en Australie
Il a beaucoup joué au cours des derniers mois pour reprendre le premier rang mondial et pour mener l’Espagne en Coupe Davis et à la Coupe de l’ATP. Les Internationaux d’Australie sont réputés être éprouvants pour les joueurs et Nadal, qui n’y a été couronné qu’une fois, ne sera sûrement pas aussi frais que ses principaux rivaux.

Novak Djokovic : 2e favori

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Novak Djokovic

Serbe, 32 ans, 16 titres en Grand Chelem, 7 titres en Australie
En carrière, il a l’avantage sur Nadal (29-26) et sur Federer (26-23). Sa domination est particulièrement évidente sur surface dure, où il a gagné neuf matchs de suite contre Nadal depuis 2013, ne laissant pas la moindre manche à son rival. Champion en 2019, il recherche un huitième titre à Melbourne.

Roger Federer : 3e favori

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Roger Federer

Suisse, 38 ans, 20 titres en Grand Chelem, 6 titres en Australie
Inactif en compétition depuis plus de deux mois, Federer espère causer une surprise, un peu comme il l’avait fait en 2017 et 2018 à Melbourne. Il n’a pas eu la même préparation que ses rivaux, mais sera aussi beaucoup plus frais physiquement. Et avec son palmarès et son expérience, a-t-il vraiment besoin de jouer avant un grand tournoi ?

Quelques prétendants, quand même…

Derrière le « Big Three », trois jeunes prétendants espèrent brouiller les cartes : Daniil Medvedev (4e mondial, 24 ans), Dominik Thiem (5e mondial, 26 ans) et Stefanos Tsitsipas (6e mondial, 21 ans). Avec Denis Shapovalov (voir autre texte), Andrey Rublev (18e, 22 ans) est l’étoile qui monte depuis quelques mois et il faudra compter avec eux. Du côté des vétérans, des joueurs comme Gaël Monfils (33 ans), Stan Wawrinka (34 ans) ou Grigor Dimitrov (28 ans) pourraient se glisser dans les rondes finales. Oublions par contre Alexander Zverev (7e, 22 ans), qui a complètement perdu son tennis depuis quelques mois.

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Daniil Medvedev

Jusqu’où iront-ils ?

Roger Federer a dit cette semaine qu’il s’attendait à ce que Rafael Nadal et Novak Djokovic dépassent éventuellement son total de titres en Grand Chelem (20), même s’il en ajoute encore un ou deux. Nadal pourrait déjà égaler son rival à Melbourne, alors que Djokovic n’est qu’à quatre titres, avec l’avantage d’être le plus jeune du trio.

Les titres en Grand Chelem :
Roger Federer: 20
Rafael Nadal: 19
Novak Djokovic: 16
Pete Sampras: 14
Roy Emerson: 12
Rod Laver : 11
Björn Borg: 11
Bill Tilden: 10

Serena, enfin ? Gauff, déjà ?

C’est en Australie que Serena Williams a remporté son 23e titre majeur, en 2017, alors qu’elle était déjà enceinte de sa fille Olympia. Trois ans plus tard, elle reste à un titre du record de 24 détenu par Margaret Court.

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Serena Williams

Revenue au jeu en 2018, elle a retrouvé un excellent niveau, avec notamment quatre finales en Grand Chelem. Elle les a toutefois toutes perdues, sans même gagner une seule manche, comme cela s’est produit il y a quelques mois devant Bianca Andreescu aux Internationaux des États-Unis.

Williams vient toutefois de remporter à Auckland son premier titre depuis qu’elle est mère et semble bien armée pour enfin rejoindre Court. L’occasion serait bien choisie à plus d’un titre.

À 78 ans, Margaret Court a multiplié depuis quelques années les déclarations controversées, souvent homophobes, s’attirant de nombreuses critiques d’anciennes championnes et de joueuses de la génération actuelle, sa compatriote Samantha Stosur notamment.

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Serena Williams

Les organisateurs des Internationaux d’Australie ont d’ailleurs annoncé que Court ne participerait pas à la cérémonie de remise du trophée à la championne du tournoi, même si on soulignera le 50e anniversaire de ses victoires dans les quatre tournois du Grand Chelem en 1970.

Quoi qu’il en soit, la plupart des amateurs souhaitent voir Williams devancer l’Australienne au sommet de la hiérarchie historique du tennis féminin.

La tâche sera toutefois encore difficile pour la joueuse de 38 ans. Huitième favorite à Melbourne, elle est tombée dans le deuxième quart du tableau, le plus difficile, avec un parcours plein de pièges en deuxième semaine.

Une occasion pour Gauff

À 15 ans, l’Américaine Coco Gauff est déjà considérée comme « l’héritière » des sœurs Williams et c’est justement contre l’aînée, Venus, qu’elle amorcera le tournoi lundi, dans une reprise du match de premier tour à Wimbledon, en 2019, son tout premier en Grand Chelem, quand elle avait surpris la quintuple championne du tournoi dans un duel spectaculaire.

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Coco Gauff

Alors qu’on voit arriver une nouvelle génération prometteuse de joueuses de moins de 20 ans – Amanda Anisimova, Dayana Yastremska ou Iga Swiatek, par exemple –, Gauff se détache du lot par sa précocité et par la facilité avec laquelle elle semble composer avec le vedettariat. Reste à voir comment elle va négocier le passage de l’adolescence à l’âge adulte, mais en attendant, elle risque de s’être déjà bâti un beau palmarès.

La pression sur Barty

Aucune Australienne n’a gagné son omnium national depuis Chris O’Neil, en 1978, et la numéro un mondiale Ashleigh Barty est évidemment très attendue à Melbourne. Sortie en quart de finale l’année dernière, la joueuse de 23 ans s’est ensuite imposée à Roland-Garros et elle est certainement mieux préparée à affronter la pression cette saison. Le tournoi reste néanmoins très ouvert, au contraire du tournoi masculin, et la liste des prétendantes au titre semble s’allonger tous les jours !

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Ashleigh Barty

Voici quand même le tableau des affrontements très hypothétiques au quatrième tour, si l’ordre des têtes de série est respecté :

Ashleigh Barty (1) c. Petra Martić (13) ;
Madison Keys (10) c. Petra Kvitová (7);
Naomi Osaka (3) c. Sofia Kenin (14) ;
Johanna Konta (12) c. Serena Williams (8) ;
Belinda Bencic (6) c. Aryna Sabalenka (11) ;
Elise Mertens (16) c. Simona Halep (4) ;
Elina Svitolina (5) c. Kiki Bertens (9) ;
Markéta Vondroušová (15) c. Karolína Plíšková (2).