Bien sûr, il y a eu des larmes essuyées lors de la conférence de presse officialisant sa retraite, mais cela n’a pas été le moment le plus pénible pour Aleksandra Wozniak.

« Le plus difficile, ça a été de prendre la décision à cause de nouvelles blessures. Dire au revoir à ton sport et à ta passion, ce n’est pas évident. Je voulais encore jouer. »

Puis, il y a la page blanche ou, du moins, cette sensation de basculer dans un monde inconnu. « Vers la vraie vie », répète à plusieurs reprises l’ancienne joueuse de 32 ans. Une manière de faire la distinction entre le cocon du tennis professionnel, malgré ses moments difficiles, et l’après-carrière, où il faut se redéfinir. « Je n’avais aucun plan B ni aucune offre. C’est à l’annonce de ma retraite que j’ai été approchée pour différents projets. »

Un an presque jour pour jour après cette conférence de presse chargée d’émotion, Wozniak est satisfaite du chemin qu’elle a parcouru « dans la vraie vie ». Elle a occupé un « premier métier à l’extérieur du tennis », sans toutefois perdre son amour pour la petite balle jaune. Elle est d’ailleurs en voie d’obtenir sa certification d’entraîneuse auprès de Tennis Canada.

« En janvier et en février, je me suis tranquillement ajustée. Je suis contente d’avoir pu ouvrir différents chapitres. J’ai pu m’engager auprès de différentes fondations comme Le Renfort Grande Ligne, faire des conférences dans des écoles ou des entreprises. Commencer plusieurs projets m’a aidée à faire cet ajustement. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Aleksandra Wozniak est en voie d’obtenir sa certification d’entraîneuse auprès de Tennis Canada.

Commençons par le premier gros mandat. Entre les mois de février et de novembre, Wozniak a été directrice du marketing pour une entreprise de vêtements thérapeutiques, Elixir. Le domaine sportif n’est certes pas trop éloigné, mais le rapprochement s’arrête là. De son bureau, dans le quartier Saint-Henri, ou sur la route pour rencontrer des clients, elle dit avoir découvert un nouveau pan de sa personnalité.

J’en ai appris de toutes sortes dans ce premier métier à l’extérieur de mon sport : comment gérer les ventes, comment organiser des événements de 100, 200 ou 400 personnes ou comment gérer un projet. Je me suis découvert un talent sur le plan de la stratégie de l’organisation. Je n’ai pas fait l’université, mais j’ai eu une formation qui m’a permis d’aimer ça.

Aleksandra Wozniak

« Après ma carrière, je voulais passer à autre chose, relever de nouveaux défis à l’extérieur du tennis et commencer d’autres sortes de travail. »

Au fil des mois, par contre, les demandes ont afflué et l’ont ramenée au bercail. De nombreux parents souhaitaient qu’elle aide leurs enfants dans leur cheminement. Même si elle n’avait jamais envisagé cette avenue durant sa carrière, elle a donc démarré ses certifications d’entraîneur au mois d’avril. Elle devrait les obtenir au début de l’année prochaine, précise celle qui conseille notamment la jeune Torontoise Jada Bui, gagnante de deux titres juniors en 2019. Elle organisera aussi des camps estivaux en 2020.

« J’aide les jeunes au niveau des entraînements ou de la psychologie afin de montrer ce que ça prend pour être professionnel. Je veux partager mon vécu avec les jeunes dans leur développement. Quand j’étais jeune fille, j’aurais aimé avoir de l’aide et rencontrer des personnes avec un bon parcours de vie pour m’apprendre de nouvelles choses. »

***

On ne fait pas disparaître une passion qui nous habite depuis tout jeune d’un simple claquement de doigts. Professionnelle de 2005 à 2018, Wozniak a atteint son meilleur classement de la WTA, une 21e place, en juin 2009.

La saison précédente, elle avait remporté son seul titre à Stanford au cours d’une semaine marquée par trois victoires contre des adversaires du top 20. Les blessures, notamment à l’épaule droite, ont stoppé son élan à partir de 2013.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Aleksandra Wozniak

À travers les pépins physiques, les déceptions et la dégringolade au classement, sa passion pour le jeu ne s’est pas estompée.

« Voyager, ça ne me manque pas. Ce qui me manque vraiment, c’est d’être sur le terrain et de me mesurer à une autre joueuse. Oui, je m’ennuie de cette compétition. Quand je regarde les tournois du Grand Chelems, je sens que j’aimerais ça encore y être. […] J’ai parlé à beaucoup d’athlètes qui, eux, arrêtent tout de suite leur sport. Ça n’a pas été mon cas. J’ai encore du plaisir à jouer de temps en temps avec des amis ou à aller au gym. »

***

Wozniak, qui aimerait bien trouver une place d’analyste à la télévision, a reçu son lot de distinctions au cours de cette première année de retraitée.

Au mois d’août, Aleksandra Wozniak a été admise au Temple de la renommée de la Coupe Rogers. Puis, dans les derniers jours, elle a appris que Blainville, sa ville d’origine, allait donner son nom aux terrains de tennis du Parc équestre.

On la sent particulièrement fière de cette décision qui vient boucler la boucle.

« C’est mon père qui m’a appris à jouer au tennis sur ces courts et c’est là que j’ai grandi. C’est tout un honneur. Ils m’ont montré la plaque qu’ils allaient installer. »

La vie de retraitée lui a également permis de faire les escapades qu’une carrière tennistique l’a longtemps empêchée de faire. Dans les prochains jours, elle se rendra à Rawa Mazowiecka, petite ville à une bonne heure de route de Varsovie. C’est là que, en famille, elle avait pris la décision d’arrêter. Ce Noël 2019 sera l’occasion de réunir tout le clan autour d’une même table. Enfin.

« Je vais voir ma grand-mère de 94 ans. L’automne dernier, je lui avais parlé de mon idée de prendre ma retraite. Sa santé est bonne. Ça va être le fun de lui parler de mon nouveau parcours et de tout ce que j’ai fait cette année.

« On va aller visiter Varsovie et Cracovie, où je n’ai jamais été. Maintenant que je suis à la retraite, je peux visiter le pays de mes parents. C’est quelque chose de nouveau. »