(Paris) Bianca Andreescu et Eugenie Bouchard s’apprêtent à faire un retour très attendu à Roland-Garros, après des semaines d’absence sur le circuit.

Andreescu et Bouchard, mêmes combats !

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Bianca Andreescu et Eugenie Bouchard

Ne misez pas votre chemise sur les chances de Bianca Andreescu cette année à Roland-Garros. L’étonnante championne du tournoi d’Indian Wells n’a plus joué depuis qu’elle s’est retirée de son match de quatrième tour à l’Omnium de Miami, à la fin mars, en raison d’une blessure à une épaule.

La guérison s’est avérée plus longue que prévu et son retour au jeu, d’abord planifié en Fed Cup à la fin avril, a été plusieurs fois retardé. Déjà 22e mondiale alors qu’elle n’a que 18 ans, Andreescu a assuré hier qu’elle se sentait beaucoup mieux et elle a hérité d’un premier match contre une qualifiée. Mais elle pourrait vite tomber sur Serena Williams…

L’entraîneur Sylvain Bruneau a expliqué hier : « Bianca a été arrêtée pendant une longue période, cinq semaines au cours desquelles elle n’a pu frapper une balle. Elle a toutefois pu continuer de travailler sur sa préparation physique. Nous avons donc pris la décision de venir préparer les tournois sur terre battue au chaud [à l’Académie Rafael Nadal], mais quand nous sommes arrivés à Majorque, elle ne pouvait encore y aller que très graduellement.

« L’équipe médicale avait donné des directives très claires et nous nous y sommes tenus, ce qui fait qu’il y avait encore beaucoup plus de physique que de technique. Ce n’est que graduellement que nous avons pu augmenter la durée et l’intensité des entraînements sur le court et ce n’est qu’ici, mardi, que nous avons pu faire un entraînement complet de deux heures pour la première fois.

« Côté préparation, donc, ce n’est pas idéal, d’autant plus qu’on y est allés à pas de tortue et que [Bianca Andreescu] n’aura joué aucun match sur la terre battue avant Roland-Garros. La bonne nouvelle, c’est qu’elle ne ressent plus aucune douleur à l’épaule, rien. »  — Sylvain Bruneau, entraîneur de Bianca Andreescu

Pour ce qui est du tournoi, Andreescu et son équipe veulent rester réalistes. « Nous avons zéro ambition, assure Bruneau. Nous allons y aller un jour à la fois et voir ce qui va arriver. L’objectif, c’était que l’épaule tienne, qu’on s’assure que tout était bien en place et ça, c’est déjà une victoire.

« Et il y a quand même du bon dans cette situation. Depuis le mois de janvier, ç’avait été un véritable feu roulant avec beaucoup de matchs, beaucoup de victoires, beaucoup de fatigue aussi, physique et mentale. Prendre un pas de recul – même s’il a été plus long qu’on l’aurait voulu – n’est pas vraiment une mauvaise chose. Qui sait si cela ne nous aurait pas rattrapés plus tard dans la saison ? »

Et Eugenie ?

Eugenie Bouchard fait elle aussi un retour au jeu à Roland-Garros et, comme Andreescu, elle n’a plus joué depuis l’Omnium de Miami.

Encore gênée par une blessure musculaire à l’abdomen, la joueuse de 25 ans, actuellement 77e mondiale, n’a rien fait de vraiment spectaculaire depuis quelques saisons déjà, mais tout le monde se souvient de sa poussée en demi-finale en 2014.

Il y avait donc quand même un bon groupe de journalistes pour son point de presse, hier, même si les organisateurs n’avaient prévu qu’un petit « recoin » de la zone d’entrevues, juste à côté de la salle principale dont on entendait les haut-parleurs.

Bouchard était pourtant presque de bonne humeur et a répondu de bonne grâce à toutes les questions.

« Je voulais vraiment tenter de guérir cette blessure aux muscles abdominaux et j’ai décidé de prendre le temps qu’il fallait cette fois. C’est frustrant parce que c’est une blessure qui me gêne depuis longtemps et c’est difficile de trouver une solution durable. Chaque fois que je me blesse à nouveau, ça semble plus difficile à guérir. » — Eugenie Bouchard

« Il n’y a pas de recette miracle. Il faut passer par la rééducation, le travail en gymnase, puis la reprise graduelle des activités sur le court, en augmentant lentement l’intensité et la force des coups. »

La Canadienne a reconnu avoir apprécié le temps loin du tennis, même si elle n’a pas manqué de jeter un coup d’œil aux matchs à la télé, à ceux de ses compatriotes notamment : « Félix connaît encore une semaine fantastique à Lyon et c’est super pour le tennis canadien. »

Quand on l’a interrogée sur ses rapports avec sa compatriote Andreescu, qui l’avait battue assez sèchement, 6-2, 6-0, au tournoi de Newport Beach, Bouchard a répondu : « Nous avons été coéquipières en Fed Cup et nous nous entendons bien. C’est une amie, je pense, mais je ne la connais pas vraiment beaucoup. Elle a obtenu d’excellents résultats et, comme je le disais, c’est bon pour le tennis canadien. »

Bouchard affrontera à son premier match l’Ukrainienne Lesia Tsurenko, 27e mondiale, et elle ne veut pas regarder plus loin. Les deux joueuses se sont affrontées deux fois en carrière, à Indian Wells en 2015 et en Fed Cup au printemps 2018 à Montréal. Les deux matchs ont été longs et très disputés.

« C’est une excellente joueuse et j’espère seulement ne pas avoir à revivre le même marathon que la dernière fois [Bouchard s’était imposée 4-6, 6-2, 7-6 (5), en 2 h 39 min]. À la fin, nous rampions littéralement jusqu’à nos chaises entre les jeux. Nos deux matchs ont été très physiques et je devrai vraiment être prête. »

Bouchard n’a plus d’entraîneur depuis le départ de l’Américain Michael Joyce il y a quelques semaines. Son préparateur physique Scott Byrnes n’est aussi plus à ses côtés. « Cette semaine, je suis aidée par Heidi [El Tabakh], la capitaine de notre équipe de Fed Cup. Nous nous entendons bien et l’ambiance est très détendue, ce qui me convient. Je vais prendre le temps de bien réfléchir avant de trouver une nouvelle équipe. »

Un nouveau Roland-Garros

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Coincés depuis des années sur un terrain d’une superficie bien inférieure à celle dont disposent leurs collègues des autres tournois du Grand Chelem, les organisateurs du tournoi de Roland-Garros ont finalement pu obtenir les autorisations pour s’étendre un peu, au sud du bois de Boulogne, et entreprendre une rénovation en profondeur de leurs stades.

Alors qu’on retrouve trois stades couverts en Australie, deux à New York et deux à Wimbledon (depuis cette année), il n’y en a toujours aucun à Paris et ce n’est que l’année prochaine que le court Philippe-Chatrier recevra le toit escamotable dont on peut déjà apercevoir la structure. Rebâti à neuf au cours de la dernière année, ce temple de la terre battue est déjà superbe, même s’il y avait encore beaucoup à faire, hier, à quelques heures du début du tournoi.

Partis d’une volonté de créer « le plus beau centre de tennis du monde », les concepteurs des travaux ont fait preuve de beaucoup de créativité.

Ils ont ainsi intégré le nouveau court Simonne-Mathieu aux installations du Jardin des serres d’Auteuil, une annexe du Jardin botanique de Paris. Le court est entouré de serres pleines de plantes exotiques et l’effet est spectaculaire.

Comme il était impossible d’annuler ou de déplacer le tournoi, tous les travaux ont été prévus sur une série de cycles de 10 mois et se poursuivront pendant plusieurs années. Le dernier cycle et le prochain sont sûrement les plus importants puisqu’ils doteront Roland-Garros d’un grand stade couvert digne du Grand Chelem.

Cela contraint évidemment les organisateurs à certains compromis. Par exemple, la nouvelle salle de presse du court Philippe-Chatrier ne sera prête que l’année prochaine, avec le toit.

En attendant, les journalistes ont été « parqués » dans le… musée ! On nous a assurés qu’il ne fallait pas en faire une affaire personnelle.

Une journée avec les champions

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Les trophées remis aux gagnants de Roland-Garros

Il n’y a qu’aux tournois du Grand Chelem qu’on peut interroger tour à tour, dans la même journée, tous les meilleurs joueurs du moment. Aussi bien les femmes que les hommes. Hier, ils se sont succédé dans la salle de presse temporaire du tournoi. Naomi Osaka, Simona Halep, Petra Kvitova, Rafael Nadal, Novak Djokovic, Roger Federer et tous les autres. Ne manquait en fait que Serena Williams, dont le classement actuel (10e) ne justifie plus sa présence dans ces journées médiatiques, mais qui se reprendra ce week-end. Impossible évidemment de vous écrire tout ce que les vedettes avaient à dire, mais voici quelques extraits de leurs propos.

Simona Halep 3e et championne en titre

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Simona Halep

« Remporter ce trophée m’a comblée, mais il m’a aussi fait réaliser que la vie ne s’arrête pas là. Je ne joue plus uniquement pour le classement, pour les tournois. Je joue parce que j’aime le tennis. J’aime me faire des amis, passer du temps avec les gens. Je vois les choses différemment aujourd’hui. La vie est différente pour moi sur le circuit. »

Naomi Osaka 1re mondiale

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Naomi Osaka

« Numéro un ? Je dirais que je ne le sens pas vraiment. Je suis très bien dans l’ombre, sauf quand je vous parle. Quand je suis en conférence de presse, il y a plus de journalistes qu’avant ! Mais, pour ce qui est de moi, je joue mes matchs, je rentre à l’hôtel et je ne fais pas grand-chose qui m’oblige à réfléchir au fait que je suis numéro un. »

Kiki Bertens 4mondiale

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Kiki Bertens 

« Je n’aime pas avoir de la pression sur les épaules et j’essaie de penser que c’est juste un tournoi comme les autres. Comme dans tous les tournois auxquels je participe, j’essaie de jouer pour remporter la victoire, et c’est ce que je m’efforcerai de réaliser encore une fois. On verra bien comment cela se déroulera… »

Angelique Kerber 5e mondiale

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Angelique Kerber

« Il y a deux semaines, j’étais blessée et je ne savais pas si j’allais être en mesure de venir ici. Le chemin à parcourir a été long, j’ai eu beaucoup de traitements, tous les jours, deux ou trois fois par jour. Ce n’était peut-être pas la préparation idéale, surtout sur terre battue, mais c’est important pour moi d’être ici aujourd’hui. »

Dominic Thiem 4e mondial

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Dominic Thiem

« L’année dernière, c’était la première fois que j’étais en finale et j’ai beaucoup appris. Les deux semaines du tournoi sont très longues, il est important de conserver assez d’énergie pour être en pleine forme pour ce dernier match. Ce n’était pas le cas pour moi… Néanmoins, ç’a été très motivant, et nous avons des idées pour être mieux préparés la prochaine fois. »

Roger Federer 3e mondial

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Roger Federer

« J’ai eu une invitation privilégiée il y a 20 ans et je me souviens d’un match de Steffi Graf, qui avait quasiment l’âge que j’ai maintenant et qui faisait des choses qui me paraissaient incroyables. Je portais quasiment des couches à l’époque ! Plein de souvenirs me reviennent à l’esprit quand je suis ici. Mais, maintenant, après avoir gagné en 2009, Roland-Garros est vraiment un rêve devenu réalité. »

Novak Djokovic 1er mondial

PHOTO TIZIANA FABI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Novak Djokovic

« Avec mon équipe, le but est d’atteindre le niveau le plus élevé de mon potentiel, aussi bien physique que mental, pour les tournois du Grand Chelem. Cela ne signifie pas que je dénigre les autres évènements ; il est important de remporter chacun d’eux, mais les tournois du Grand Chelem ont une place importante dans mon cœur. »

Rafael Nadal 2e mondial, champion en titre

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Rafael Nadal

« Les sensations sur le nouveau [court] Philippe-Chatrier sont les mêmes en ce qui me concerne. Je ne vois pas de différence, que ce soit en matière de jeu ou autres. Le vent souffle de la même manière, la balle rebondit de la même façon. Bien sûr, l’impression visuelle du court est différente. Pour moi, c’est la différence majeure, mais ça reste quand même Roland-Garros. »