Dormir. Passer du temps en famille. Regarder des films avec des amis. L'emploi du temps d'un ado en congé ? Plutôt celui de l'un des meilleurs joueurs de tennis de la planète.

Félix Auger-Aliassime vient de connaître tout un début de campagne, dont une participation à la demi-finale du Masters de Miami, une première pour une raquette de la Belle Province.

Le tennisman québécois de 18 ans a fait un bond prodigieux de 24 rangs pour se hisser jusqu'à la 33e place mondiale, lui qui avait amorcé la saison 2019 au 106e échelon. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le succès ne lui est pas monté à la tête.

« C'est drôle, car plus je gagne et que je grimpe dans le classement, plus je me rends compte que les choses importantes sont vraiment simples, a-t-il dit devant les journalistes montréalais réunis au stade IGA pour faire le point avec lui. On le dit souvent, mais jusqu'à ce que tu le réussisses, tu ne réalises pas à quel point c'est vrai. Que la famille, éprouver du plaisir à jouer au tennis, passer du temps avec mon équipe, ça reste les choses importantes pour moi.

Après, pour ce qui est des attentes (placées à mon endroit), je suis familier avec ça depuis quelques années. Pour moi, la meilleure façon c'est de revenir à l'entraînement dès aujourd'hui, de faire ce que j'ai à faire chaque jour. C'est comme ça que je me donne la meilleure chance d'arriver où je veux me rendre un jour. »

Proche des siens, Auger-Aliassime a profité de ces quelques jours de repos pour retrouver sa famille, ses amis et « dormir, comme tout adolescent ».

« J'ai la chance d'avoir de très bonnes personnes autour de moi, qui me permettent d'alléger mon horaire et de bien vivre malgré tout ce qui arrive, a-t-il expliqué. C'est certain qu'on se concentre sur le plus important et je tente de maximiser mon passage ici. Ça fait partie de ma vie : vaut mieux en profiter, bien le vivre. »

Il prendra la route de Monte-Carlo dans quelques jours, en vue du prochain tournoi de la série Masters 1000 et de la saison sur terre battue, une surface qu'il affectionne particulièrement.

Pour l'instant, il n'a pas reçu d'invitation des organisateurs et pourrait devoir passer par les qualifications, une formalité qui ne le dérange pas du tout. Il avait obtenu un laissez-passer pour l'édition 2018.

« C'est certain qu'il est préférable d'entrer (dans un tournoi) grâce à ton classement, mais s'il faut passer par les qualifs, alors ce sera ça. »

Lundi, les organisateurs du tournoi de Madrid lui ont octroyé un laissez-passer en vue du Masters 1000 de la capitale espagnole, en mai. Il est trop tôt encore pour savoir s'il passera directement au tableau principal à Rome, présenté la semaine suivante.

À Miami, Auger-Aliassime aurait pu retrouver son compatriote Denis Shapovalov en finale. Celui qui occupe maintenant le 20e rang mondial s'est incliné dans le carré d'as face à l'éventuel vainqueur, le Suisse Roger Federer, quelques heures seulement après que le Québécois eut baissé pavillon contre l'Américain John Isner.

Les deux tennismen - des amis hors des courts - ont discuté de la possibilité de s'affronter en grande finale.

« À partir des quarts, nous y avons pensé. [...] On a senti (qu'au Canada), ç'aurait été un moment vraiment unique. On s'est dit que ce n'est que partie remise, puisque ce n'est que le début », a admis Auger-Aliassime, sans aucune prétention.

Une résidence qui fait jaser

Auger-Aliassime a aussi abordé un épineux sujet. Il réside depuis peu à Monaco, ce qui a fait couler beaucoup d'encre. Mais le jeune homme ne s'en formalise pas.

« En étant sur la route toute l'année, il n'y a pas beaucoup de moments où je peux me poser. Avoir une base en Europe, c'était essentiel pour moi. La dernière fois que j'étais à Montréal, c'était en novembre. Ça fait beaucoup de temps sur la route.

Mes parents arrivent à me suivre un peu, alors on peut garder un esprit familial malgré tous les voyages. (D'avoir une résidence à Monaco) me permet d'éviter les longs voyages, d'avoir une base où m'entraîner toute l'année en compagnie de plusieurs joueurs du top-10. »

Il est conscient que ça peut susciter certains commentaires, en raison du statut de paradis fiscal de la principauté, un peu comme la relocalisation d'Eugenie Bouchard aux Bahamas l'avait fait.

« C'est certain que les gens peuvent en parler. Si on veut parler du côté fiscal, nous sommes imposés sur les bourses dans les pays où nous jouons. C'est différent par rapport à n'importe quel autre Canadien qui travaille au Canada. C'est tout ce que je peux dire au niveau de l'imposition. Maintenant, j'ai mes raisons personnelles et professionnelles : pour mon sport, c'était la meilleure décision à prendre. Les gens ne sont pas obligés d'être d'accord. Ça leur appartient. »

Après Monte-Carlo, Auger-Aliassime compte participer aux tournois de Barcelone, Madrid, Rome et Lyon avant de conclure la saison sur terre battue aux Internationaux de France, à Roland-Garros, du 26 mai au 9 juin.