Ceux qui suivent le tennis savent qu'on parle depuis longtemps déjà de la «génération dorée» de joueurs canadiens nés autour du changement de millénaire.

Au début des années 2010, alors qu'il aidait Milos Raonic et Vasek Pospisil à percer sur la scène internationale, l'entraîneur Frédéric Niemeyer nous avait avertis: «Surveillez bien le groupe des 10-12 ans. Certains d'entre eux pourraient faire encore mieux que Milos ou Vasek!»

Les succès de Denis Shapovalov, Bianca Andreescu ou Félix Auger-Aliassime ne constituent donc pas une surprise complète, même si leur ampleur témoigne d'une réussite exceptionnelle pour le «système» mis en place par Tennis Canada.

Mardi, après son impressionnante victoire devant le 10e mondial Marin Čilić, Shapovalov a tenté d'expliquer ses succès, tout en rendant hommage à ses prédécesseurs.

«Moi et Félix avons été inspirés par des joueurs comme Milos [Raonic], qui avait lui-même été inspiré par Daniel Nestor. C'est un peu l'effet balle de neige, en commençant avec Daniel qui remporté tous ses titres, sa médaille d'or [en double avec Sébastien Lareau] et d'autres exploits encore. Puis nous avons eu Milos et Vasek [Pospisil] qui ont commencé à gagner des titres, de gros matchs.

«Je me souviens, Félix et moi, dans les camps de tennis et les tournois, quand nous les regardions en Coupe Davis. Nous pensions: "Oh, mon Dieu, c'est ça que nous voulons faire, nous aussi!"

«Et je pense que c'est aussi important d'avoir un bon groupe de jeunes joueurs et de multiplier les occasions de les regrouper dans des camps et des choses comme ça. Je me souviens quand j'étais jeune, toutes les occasions où j'ai eu la chance de côtoyer Félix, Ben [Benjamin Sigouin, qui a gagné la Coupe Davis junior avec eux] et tout un groupe de joueurs de mon âge. Honnêtement, je crois que nous avions un groupe très doué, une dizaine de joueurs, tous nés autour de 1999 ou 2000, qui obtenaient des succès dans les tournois juniors.

«Et c'est super important. Nous avions tout un groupe de rivaux avec lesquels nous étions toujours en compétition et grâce auxquels nous pouvions progresser plus rapidement. Pas surprenant que deux d'entre nous aient réussi à percer sur le circuit professionnel.

«Félix et moi, nous avons ainsi été habitués à rivaliser entre nous d'une façon ou d'une autre. Je me souviens, chez les juniors, il a été le premier à grimper au classement, puis je l'ai fait à mon tour. J'ai ensuite gagné à Wimbledon, lui a gagné aux Internationaux des États-Unis. Ça se poursuit maintenant chez les professionnels, et je crois que c'est très sain pour nous deux.

«D'un côté, nous ne souhaitons que le meilleur pour l'autre, et de l'autre, nous sommes inspirés et motivés chaque fois que l'autre obtient des succès. Dans l'ensemble, notre rivalité est importante et très positive, mais elle vient aussi de nos débuts, quand, ensemble, nous rêvions d'imiter Daniel, Milos ou Vasek.

«Et je pense que c'est aussi déjà notre tour de rendre aux plus jeunes, à ceux qui débutent dans le système au Canada. J'essaie toujours de trouver du temps pour les rencontrer, discuter avec eux, échanger même quelques balles sur le court avec ceux qui progressent, afin de les inspirer un peu et de leur montrer à quoi ressemble la vie d'un joueur de tennis sur le circuit.

«Juste essayer de les motiver à progresser, comme nous avons été motivés, Félix et moi!»