Melbourne a consacré deux nouveaux demi-finalistes en Grand Chelem mardi: le Grec Stefanos Tsitsipas, incarnation de la jeunesse montante, et l'Américaine Danielle Collins, plus inattendue. En habitué, Rafael Nadal s'invite lui pour la trentième fois dans le dernier carré.

Sa victoire face à Roger Federer n'a pas été sans lendemain: 48 heures après, Tsitsipas (15e mondial) s'est frayé un chemin jusqu'en demi-finales, à vingt ans, aux dépens de l'Espagnol Roberto Bautista (24e) en un peu plus de trois heures (7-5, 4-6, 6-4, 7-6 (7/2) ).

«C'est un conte de fées, je vis un rêve. Je suis ému mais pas trop parce que je sais que j'ai vraiment travaillé dur pour ça», s'est réjoui le jeune Grec, qui s'était révélé la saison dernière en atteignant sa première finale en Masters 1000 à Toronto en août, avec au passage quatre victoires sur des membres du top 10, dont Novak Djokovic.

«Au début de la saison, on m'a demandé quels étaient mes objectifs et j'ai répondu une demi-finale en Grand Chelem. Quand j'ai dit ça, je me suis dit que j'étais fou, mais c'est bien réel, ça vient juste d'arriver!», a-t-il raconté.

«Pas un accident»

«Le défi, c'était de confirmer. Ca montre que ce n'était pas un accident», a souligné Tsitsipas.

Dans chacun des trois premiers sets, Bautista a fait la différence le premier mais l'Espagnol de 30 ans, un des joueurs en forme du début de saison (titre à Doha, victoire contre Djokovic), n'a su conserver son avance que dans le deuxième. Et l'Athénien a saisi sa chance dans le jeu décisif de la quatrième manche.

Tsitsipas n'en finit plus de signer des premières pour le tennis grec: premier joueur à entrer dans le top 100, le top 50, puis le top 20 l'été dernier, premier joueur à remporter un trophée, à Stockholm fin octobre 2018, et désormais premier joueur (hommes et femmes confondus) demi-finaliste en Grand Chelem.

Avant lui, aucun joueur ni aucune joueuse de son pays n'avait même joué de quart de finale en tournoi majeur. Lui-même y affichait comme meilleur résultat un huitième de finale (Wimbledon 2018).

Après Federer, Tsitsipas va désormais se mesurer à Nadal. En quarts de finale, l'Espagnol aux 17 trophées en Grand Chelem n'a jamais été mis en danger (6-3, 6-4, 6-2) par le jeune Américain Frances Tiafoe (39e), nouveau venu à cette altitude et brisé d'entrée dans chaque manche. Il n'a pas perdu le moindre set au cours de ses cinq premiers matchs. 

«C'est très émouvant pour moi d'être de retour en demi-finale ici. C'est une sensation géniale, mieux c'est impossible», s'est félicité «Rafa», qui avait abandonné en quarts de finale il y a un an, touché à la jambe droite. 

Nadal fait aux Internationaux d'Australie son retour à la compétition après un peu plus de quatre mois hors circuit, la faute à une panoplie d'ennuis physiques (genou, abdominaux, cheville et cuisse). 

Kvitova cinq ans après

Elle n'avait pas remporté le moindre match en Grand Chelem en cinq tentatives, et voilà Collins (35e) dans le dernier carré dès ses premiers Internationaux d'Australie après sa victoire 2-6, 7-5, 6-1 contre la Russe Anastasia Pavlyuchenkova (44e). 

L'Américaine de 25 ans, venue tardivement sur le circuit après avoir privilégié ses études, ne débute que sa troisième saison en tant que joueuse professionnelle. Son palmarès encore vierge ne l'avait pas empêché de balayer la numéro 2 mondiale Angelique Kerber en 56 minutes (6-0, 6-2) au tour précédent pour s'offrir sa première victoire sur une joueuse du top 5. Et dire qu'elle était passée à trois points de la défaite dès le premier tour (2-6, 7-6 (7/5), 6-4) face à l'Allemande Julia Görges (13e) ... 

Pour sa première demi-finale majeure, Collins défiera Petra Kvitova, no 6 mondiale. La Tchèque de 28 ans, tombeuse convaincante (6-1, 6-4) de l'Australienne Ashleigh Barty (15e) et qui a perdu moins de cinq jeux en moyenne par match à Melbourne, n'avait plus été à pareille fête depuis cinq ans, sur la route de son second sacre à Wimbledon. 

Depuis, la carrière de Kvitova s'est un temps écrite en pointillé, après qu'elle a été victime d'une agression au couteau lors d'un cambriolage à son domicile en République tchèque, fin décembre 2016, qui lui a valu une opération de la main gauche. 

La gauchère tchèque a accueilli «la première demi-finale de sa seconde carrière» avec quelques larmes: «Vraiment, non, je n'avais pas imaginé rejouer dans ce stade et contre les meilleures, c'est génial.»

Photo Paul Crock, AFP

Rafael Nadal