Face à un important recul dans un match qu'il allait perdre peu de temps après aux Internationaux de tennis d'Australie lundi, Alexander Zverev s'est penché vers l'avant dans son siège situé près des lignes de côté et, violemment et de façon répétée - huit fois au total -, a fracassé sa raquette au sol avant de s'en débarrasser.

« Je l'ai entendu, a déclaré son adversaire, le Canadien Milos Raonic. Je ne pense pas avoir regardé dans cette direction. Je crois que ce qui se passait était assez clair. »

Ce n'était certainement pas inhabituel. Fracasser, lancer ou faire bondir sa raquette au sol est la forme de colère la plus répandue au tennis professionnel. On la voit chez toutes sortes de joueurs ; des hommes ou des femmes, connus ou méconnus, têtes de série ou non.

Pendant la première semaine des Internationaux d'Australie, Naomi Osaka, Dominic Thiem, Ryan Harrison et Daniil Medvedev, pour n'en nommer que quelques-uns, ont vécu des moments de colère méritant d'être retransmis sur vidéo.

Pour le meilleur ou pour le pire, fracasser une raquette est un élément incontournable du sport, au même titre que les coups droits et les revers. De tels gestes vont révéler le degré de frustration d'un joueur, peuvent changer l'allure d'un match, vont souvent aboutir à une amende de plusieurs milliers de dollars et peuvent même - comme ce fut le cas avec Serena Williams lors de sa défaite contre Osaka en finale des Internationaux des États-Unis en septembre dernier (à cause d'un avertissement plus tôt dans le match) - coûter un point.

«J'adore ça !», s'est exclamé l'ex-tennisman français Henri Leconte, finaliste aux Internationaux de France en 1988.

«Je comprends que pour les jeunes, ce n'est pas beau à voir. Mais quelques fois, c'est très important de montrer de l'émotion... À mon époque, nous avions tellement de joueurs qui posaient de tels gestes : John McEnroe le faisait souvent ; Goran Ivanisevic brisait ses raquettes. Parfois, quand vous voyez votre adversaire agir de la sorte, vous vous dites : "Oh, il est vraiment en colère. C'est bon." Mais lorsque vous affrontiez McEnroe, vous étiez en difficulté, car par la suite, il jouait mieux.»

Lorsqu'il est question de ce sujet, les joueurs actuels vont faire allusion à McEnroe, Andy Roddick ou à Marat Safin. Ils vont parler de mémorables manifestations de colère, comme celle du Suisse Stanislas Wawrinka qui a plié sa raquette en deux à l'aide de son genou, un peu comme un frappeur des Ligues majeures qui tente de casser son bâton. Ou de Marcos Baghdatis qui a sorti des raquettes de son sac lors d'un match des Internationaux d'Australie en 2012 pour en fracasser quatre avant de les jeter de côté.

«Si on voit un joueur briser une raquette, quelqu'un va me dire, "Ah, ton geste était meilleur"», raconte Baghdatis, finaliste en 2006 à Melbourne.

«Il y pire, ajoute-t-il. Selon moi, c'est quelque chose d'amusant à voir. C'est bon pour le tennis. Vous vivez une journée difficile au bureau, vous avez une dispute avec votre conjointe, votre frère, votre mère, votre soeur, votre père. C'est la vie. Parfois, vous avez de mauvaises journées et vous éclatez.»

Dans le cas de Zverev, le principal intéressé affirme que sa crise lui a fait du bien.

«J'étais vraiment furieux, et j'ai laissé sortir ma colère», a déclaré Zverev lundi.

Au tableau indicateur, ça n'a pas changé grand-chose cependant.

Il tirait de l'arrière 6-1, 4-1 contre Raonic lorsqu'il a démoli sa raquette pendant le changement de côtés. Il a perdu les deux jeux suivants, et le troisième set aussi.

Toutefois, il semble qu'Osaka, qui participera aux quarts de finale mercredi, a tiré avantage de son moment de frustration pendant le premier set, qu'elle a perdu avant de gagner les deux suivants, et le match.

«J'avais le sentiment qu'à ce moment, il était plus facile de m'en libérer au lieu de tout garder en dedans et, par la suite, y penser encore plus longtemps.»