(Montréal) Eugène Lapierre avait deux messages à faire passer au sujet du stade IGA et de ses travaux en vue de le doter d’un toit rétractable.

D’abord, le vice-président principal de Tennis Canada et directeur du tournoi de la Coupe Rogers a rappelé que l’ajout d’un toit rétractable sur le court central est nécessaire afin d’assurer la pérennité du tournoi de la série Masters 1000. Ensuite, il a poliment demandé à la Coalition des amis du parc Jarry de cesser de faire « une diffusion répétée d’informations erronées ».

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le court central du stade IGA

Lapierre en veut à la coalition de répéter dans les médias que Tennis Canada « aura besoin » de tenir d’autres activités culturelles et sportives afin d’assumer les coûts de construction du toit, estimés pour l’instant à 70 millions, une facture qu’il souhaite séparer avec les trois paliers de gouvernements.

« On n’a pas à changer quoi que ce soit, a indiqué Lapierre en conférence de presse. En fait, il se pourrait bien qu’il y en ait moins d’événements. Ça ne fait pas partie de notre plan d’affaires. Pourtant, c’est ce que la Coalition ne cesse de dire partout. Je leur dis :"Non, ce n’est pas vrai". »

Mais Tennis Canada a bel et bien besoin de ce toit. Lapierre s’est rappelé l’édition 2010 du tournoi, au cours de laquelle aucun match n’avait été joué le samedi et le dimanche, forçant son organisation à disputer les demi-finales et la finale le lundi. Si l’ATP et la WTA n’exigent pas que Tennis Canada dote son stade d’un toit, Lapierre rappelle également que la pression vient d’ailleurs.

« Notre principale source de revenus est la tenue du tournoi à Montréal et Toronto. Nous sommes choyés de pouvoir accueillir l’un des neuf tournois Masters 1000 de l’ATP et l’un des plus prestigieux tournois de la WTA. La pression est forte, principalement d’Asie et du Moyen-Orient, pour accueillir des tournois de ce calibre. Parallèlement, nous constatons une tendance marquée des grands tournois à travers le monde de se doter d’un toit rétractable de façon à ce que le jeu ne soit pas interrompu par la pluie. Ce type de développement fait rarement marche arrière et on peut s’attendre à voir cette tendance s’accentuer au cours des prochaines années. »

« Ainsi, la seule raison pour laquelle nous souhaitons doter le stade IGA d’un toit est pour assurer la pérennité du tournoi à Montréal et de consolider le statut de la Coupe Rogers. Nous souhaitons ainsi maintenir et augmenter notre investissement annuel de 16 millions pour promouvoir le sport. »

De ces 16 millions, Lapierre a rappelé que moins de 1 million provient de subventions publiques.

Tennis Canada estime par ailleurs avoir agi de façon transparente et en bon citoyen dans ce dossier. L’organisme s’est d’abord inscrit au Registre des lobbyistes, en plus d’avoir rencontré 20 groupes du quartier où se trouve le stade IGA : des écoles, des entreprises, des clubs sportifs, des regroupements de citoyens, etc. De ce nombre, seuls la Coalition des amis du parc Jarry et des voisins immédiats — majoritairement des propriétaires de condos sur l’avenue Gary-Carter, a précisé Lapierre — ont exprimé des préoccupations.

« Nous leur avons rappelé que ce n’était pas une priorité pour nous et que nous prenions bonne note de leurs préoccupations, a souligné Lapierre. Nous pouvons aujourd’hui réaffirmer que Tennis Canada respectera le vœu de la population et de la municipalité quant au nombre et à la nature des activités hors tennis au stade IGA. »

Lapierre sait d’où peuvent venir ces préoccupations.

« Il est vrai qu’à l’origine, peut-être avec l’intention de valoriser notre projet, on nous a suggéré de souligner la possibilité de tenir de nouvelles activités culturelles ou sportives (au stade IGA), et c’est pourquoi il en a été question dans notre inscription au Registre des lobbyistes. Il faut mentionner qu’à l’époque, cela semblait raisonnable. Après tout, le stade a été conçu en 1996 pour être multifonctionnel, et Tennis Canada n’a pas maximisé cet établissement au cours des 20 dernières années. »

Il assure que ce n’est plus dans les cartons.

Projet toujours préliminaire

Lapierre n’était pas en mesure de donner plus d’informations concrètes quant à ce projet, qui est, de son propre aveu, toujours au stade préliminaire. Tennis Canada est toujours en quête de financement. À ce sujet, la fédération nationale a rencontré les trois paliers de gouvernements, qui sont ouverts au projet.

Mais Lapierre était incapable de dire de quelle façon serait partagée la facture, tout en assurant que Tennis Canada allait faire sa part. Il a ajouté que Tennis Canada désire une structure non hermétique, qui ne pourrait servir que pendant trois saisons.

Quant à la structure en tant que telle, il n’a pas voulu en dévoiler sa vision, souhaitant que les ingénieurs et architectes puissent suggérer leurs meilleures idées.

Lapierre souhaiterait que ce toit rétractable entre en jeu pour l’édition 2023 du tournoi. Pour ce faire, le projet devrait être enclenché très prochainement, puisqu’il estime avoir besoin de deux ans pour effectuer les travaux sans perturber la tenue de la Coupe Rogers. Il assure être convaincu que le projet se réalisera et que ce n’est « qu’une question de temps ».

Le volet masculin du tournoi se déroulera cette année à Montréal, du 2 au 11 août.