Derrière Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov dans la hiérarchie canadienne, on retrouve à Wimbledon un joueur de 17 ans fort prometteur, Taha Baadi. 

C’est en regardant le tournoi de Wimbledon à la télé que Taha Baadi a commencé à se passionner pour le tennis.

« Je devais avoir 7 ou 8 ans, j’étais avec mon père et mon frère, et j’avais trouvé que ça avait l’air d’un sport intéressant. Nous avons trouvé des raquettes et nous sommes allés jouer dans un parc près de chez nous… »

Moins de 10 ans plus tard, Taha Baadi joue sur les courts de Wimbledon, réalisant le rêve qui avait commencé à se former dans son esprit cette journée-là devant le téléviseur.

Éliminé hier au troisième tour du tournoi junior par le quatrième favori Martin Damm, le Lavallois a gagné en double avec le Roumain Filip Cristian Jianu et pourra profiter encore un peu de ce qu’il décrit comme « le paradis du tennis ».

PHOTO FOURNIE PAR TENNIS CANADA

Le jeune Lavallois Taha Baadi à Wimbledon

« Wimbledon, c’est toute l’histoire du tennis, a-t-il souligné, hier midi, en entrevue téléphonique. C’est vraiment un honneur d’être ici, de pouvoir partager les courts et les vestiaires avec tous les champions d’aujourd’hui, de penser à tous les grands joueurs du passé qui ont aussi pris part au tournoi. C’est vraiment magique. »

Le Québécois n’avait jamais joué sur le gazon avant cette année et il n’a eu que deux tournois préparatoires pour apprivoiser cette surface exigeante. Sa performance à Wimbledon va permettre à Baadi, déjà quart de finaliste au tournoi junior de Roland-Garros, de grimper au classement mondial junior, tout en lui ouvrant les portes de quelques tournois professionnels.

Faire sa place

Longtemps dans l’ombre du groupe qui l’a précédé au Centre national d’entraînement (CNE), notamment Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov, le joueur de 17 ans considère que ses récentes performances confirment finalement tout le travail qu’il a fait depuis ses débuts. Et l’attention qu’on accorde à ses amis lui procure bien davantage de motivation que de jalousie.

« Je suis né à Rabat, au Maroc, et nous sommes arrivés au Canada quand j’avais 3 ans. Avec mon frère, nous nous étions inscrits aux cours de tennis offerts à notre école primaire. Je me suis vite amélioré et je me suis joint au programme élite de Tennis Montréal, puis ceux de Tennis Québec et de Tennis Canada. Je suis ensuite retourné dans un club à Laval, avant de revenir au Centre national d’entraînement cette année. »

Avec ses 5 pi 11 po, Baadi aime se décrire comme un joueur polyvalent. « J’ai de bonnes jambes, une grande endurance et j’aime jouer du tennis offensif du fond du terrain en tentant de déplacer mon adversaire et de créer des ouvertures pour des coups gagnants. »

Plusieurs représentants de la nouvelle génération sont plus imposants que lui, mais d’autres le sont moins. 

Je pense qu’il y a de la place pour tous les styles de joueurs. Ce qui fait la différence, bien plus que la taille, c’est le travail !

Taha Baadi

Ce sera sa dernière année au CNE et il devra prendre une importante décision dans quelques mois. Cette semaine, un représentant de l’Université Wake Forest a suivi tous ses matchs et a rencontré le joueur et ses parents. À quelques jours de son 18e anniversaire, Baadi hésite encore.

« Mon premier choix, ce serait d’amorcer une carrière professionnelle. J’ai vraiment la passion du tennis et je rêve d’en faire mon métier, de jouer et de m’entraîner tous les jours, de participer un jour à tous les grands tournois, comme Wimbledon.

« Cela dit, j’ai aussi la possibilité d’aller à l’université, dans la NCAA, afin de poursuivre mon développement au tennis tout en étudiant. D’autres joueurs ont suivi ce chemin et ça ne les a pas empêchés de connaître du succès par la suite chez les pros.

« Tout va dépendre de mes résultats au cours des prochaines semaines. Je dois jouer à Gatineau et à Granby, dans des tournois de catégorie challenger. J’espère aussi être considéré pour un laissez-passer en qualifications de la Coupe Rogers… »

Chez les juniors, Baadi pourrait jouer aux Internationaux de Repentigny et sans doute aussi aux Internationaux des États-Unis.

« On verra bien à la fin de l’été. Si j’ai vraiment de bons résultats, je serai tenté d’y aller pour les professionnels. Sinon, je n’aurai pas le choix d’aller à l’université, à Wake Forest. »

DABROWSKI GAGNE… ET PERD

Gabriela Dabrowski a connu une journée chargée, hier, à Wimbledon. La spécialiste du double a encore dû jouer deux matchs et elle en a profité pour se qualifier, avec sa partenaire Xu Yifan, pour les demi-finales en double. Le duo s’est facilement défait des Américaines Danielle Collins et Bethanie Mattek-Sands au compte de 6-1 et 6-3. Les quatrièmes favorites, déjà demi-finalistes l’année dernière à Wimbledon, leur meilleur résultat en Grand Chelem, affronteront les deuxièmes favorites, les Tchèques Barbora Krejčíková et Kateřina Siniaková. Déjà assurées d’une bourse de 220 000 $, Dabrowski et Xu pourraient gagner près de 900 000 $ si elles remportent le titre. La Canadienne a été moins heureuse en double mixte, où le Croate Mate Pavić et elle ont subi une défaite crève-cœur au troisième tour, 5-7, 7-6 (5) et 13-12 (5), contre l’Allemande Laura Siegemund et le Néo-Zélandais Artem Sitak.