(Londres) À l’issue d’un choc qui a tenu toutes ses promesses, Rafael Nadal a pris le dessus jeudi sur Nick Kyrgios, tandis que Roger Federer, expéditif après une entame quelque peu poussive, continue lui tranquillement sa route à Wimbledon.

La tenante du titre, l’Allemande Angelique Kerber (5e) prend elle la porte, stoppée par une «lucky-loser».

Kyrgios et ses bières

L’Australien a été pris en flagrant délit. Mais il s’en moque. Il a été vu en train de boire quelques bières dans un pub du quartier de Wimbledon mercredi soir, la veille de ce duel attendu avec délectation face à son meilleur ennemi. Un journaliste a osé lui poser la question de savoir s’il aurait mieux joué s’il ne l’avait pas fait: «Non. Tu dois avoir une vie vraiment ennuyeuse», a-t-il répondu lors d’une conférence de presse digne d’une scène de théâtre.  

La question n’avait rien d’idiot tant Kyrgios a semblé tout près de pouvoir battre un Nadal des grands jours. La détestation que se vouent les deux hommes, notamment depuis Acapulco et la défaite de l’Espagnol, avait épicé cette rencontre que même les bières n’ont pu ternir. Kyrgios a délivré deux services à la cuillère, des passages flamboyants, des escarmouches avec l’arbitre et des moments plus controversés. L’Australien a en effet assumé avoir visé Nadal au troisième set, une balle qui n’a pas fait de dégât, mais la séquence n’a pas du tout plu à l’Espagnol.

«Pourquoi je m’excuserais? Je voulais vraiment le viser à la poitrine oui», a-t-il lâché en conférence de presse. «Combien a-t-il gagné de Grands Chelems, combien d’argent a-t-il dans son compte? Je pense qu’il peut prendre une balle dans la poitrine.»

Rafael Nadal, vainqueur en quatre sets 6-3, 3-6, 7-6 (5), 7-6 (3), a lui estimé que Kyrgios était un joueur «dangereux».  

Ce match ne les aura donc pas réconciliés. Nadal retrouvera Jo-Wilfried Tsonga au troisième tour.

PHOTO GLYN KIRK, AGENCE FRANCE-PRESSE

Roger Federer

Federer, sur la voie

Après des débuts un peu timides, avec un set de lâché lors de son premier tour, le Suisse semble avoir décidé de changer de rythme. Face à un jeune Britannique prometteur, Jay Clarke, 169e mondial et invité par les organisateurs, le défi n’était pas tant dans le résultat mais plutôt dans la manière. Et pour ça, l’octuple lauréat, en quête d’un surplus d’histoire dans son jardin et d’un 21e titre du Grand Chelem, semble avoir mis le curseur assez haut, malgré un deuxième set prolongé jusqu’au bris d'égalité. «Je suis très content de mon match», a réagi Federer, à l’issue de sa 97e victoire au All England Club, pliée en 1h37.  

Andy Murray a gagné, Baghdatis c’est fini

C’est l’une des belles histoires de Wimbledon. Andy Murray, associé à Pierre Hugues-Herbert en double, et qui pensait arrêter le tennis il y a cinq mois, a fêté son retour à Wimbedon en s’imposant face à la paire Ugo Humbert-Marius Copil en quatre manches (4-6, 6-1, 6-4, 6-0). L’Écossais s’est régalé, le public aussi, impatient avant de revoir Murray aux côtés de Serena Williams en double mixte.  

Le Chypriote Marcos Baghdatis, finaliste des Internationaux d’Australie en 2006 et ancien membre du top 10, en a quant à lui définitivement fini avec sa carrière, battu pour son dernier match par l’Italien Matteo Berrettini 6-1, 7-6, 6-3. Un adieu sans trompette.

PHOTO BEN STANSALL, AGENCE FRANCE-PRESSE

Lauren Davis et Angelique Kerber

Kerber coule, Serena s’en sort

L’Allemande Angelique Kerber n’aura pas tenu longtemps, juste deux matchs. En manque de résultats ces derniers mois, le gazon londonien n’a pas fait de miracle. La tenante du titre a été surprise par la «lucky-loser» Lauren Davis, en trois sets 2-6, 6-2, 6-1. Tout avait pourtant bien débuté pour Kerber avant que l’Américaine n’inverse totalement le cours du match, bien aidée par la baisse de régime assez inexplicable de la cinquième joueuse mondiale, avec seulement 13 coups gagnants dans ce match. «J’ai cherché mon jeu pendant tout le match», a-t-elle avoué.

Le scénario a lui été totalement inverse pour Serena Williams, décidément peu lisible sur son niveau de jeu ces derniers temps. Face à une joueuse issue des qualifications, la Slovène Kaja Juvan, l’Américaine, qui cherche à accrocher un 24e titre du Grand Chelem, a totalement bafouillé son tennis au premier set avant de se reprendre 2-6, 6-2, 6-4. Une frayeur venue de nulle part, pas forcément très rassurante pour l’Américaine.

La numéro 1 mondiale, l’Australienne Ashleigh Barty, n’a elle eu aucun mal à atteindre le troisième tour face à la Belge Alison Van Uytvanck 6-1, 6-3. Elle est toujours en course pour le premier doublé Roland-Garros/Wimbledon depuis Serena Williams en 2015.