(Paris) C’était une erreur de trop pour Serena Williams.

Bien sûr, elle n’accusait qu’un déficit de 15-30 au début de la deuxième manche de son match d’ouverture à Roland Garros, lundi. Alors pourquoi était-elle si frustrée ? Elle avait déjà cédé la première manche à Vitalia Diatchenko, 83e joueuse mondiale — et son nombre de fautes directes s’élevait déjà à 15 lors d’une soirée venteuse à Roland-Garros.

Elle a réagi en levant les yeux au ciel et en laissant échapper un cri. Puis, elle s’est dirigée vers la ligne de fond pour servir et a tapé du pied droit. Et aussi simple que ça, Williams s’est ressaisie : elle a remporté 11 des 13 points suivants et 12 des 13 matchs restants pour finalement s’imposer 2-6, 6-1, 6-0.

« J’étais tellement frustrée à ce moment-là, car je me suis bien préparée. La semaine et demie écoulée a vraiment été bonne et, mon Dieu, c’était comme : "Ce n’est pas la Serena avec laquelle je me suis entraînée — ou que je vois à tous les jours", a expliqué Williams après coup. J’ai seulement poussé ce cri et voilà tout. Ouais, alors peut-être que ça a aidé. »

Elle est arrivée sur le court avec un coupe-vent noir et blanc portant les mots « championne », « reine », « déesse » et « mère » en français.

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« Ce sont des choses qui comptent beaucoup pour moi et des rappels — et à tous ceux qui veulent le porter, a précisé Williams. Il s’agit de rappeler à tout le monde qu’ils peuvent être championnes et reines. »

Un journaliste a suggéré à Williams que ces quatre mots étaient « beaucoup à porter », ce à quoi l’Américaine âgée de 37 ans a répondu : « C’est beaucoup à porter, mais c’est ça être Serena Williams. »

Elle a fait son retour en Grand Chelem à Paris il y a un an après avoir manqué cinq tournois majeurs à la suite de la naissance de son premier enfant. Williams s’est retirée avant son match de quatrième ronde à cause d’une blessure au muscle de l’abdomen, puis elle a été finaliste à Wimbledon et aux Internationaux des États-Unis.

Williams se présente à Paris cette fois-ci après avoir déclaré forfait à chacun de ses deux derniers tournois à cause d’un genou gauche récalcitrant et un autre auparavant à cause de la maladie. Elle n’a disputé que neuf matchs depuis le début de la saison et sa quête d’un 24e titre record en Grand Chelem — un quatrième à Roland Garros — semble bien incertaine.

Cet objectif semblait encore plus éloigné de la façon dont les choses ont commencé sur le court Philippe Chatrier contre Diatchenko, une Russe qui frappe des deux mains et qui a surpris Maria Sharapova à Wimbledon l’année dernière.

« J’étais nerveuse et j’ai arrêté de bouger mes pieds. Et c’était comme des blocs de ciment. Je me disais, "Il faut faire quelque chose", a avoué Williams. Je n’étais pas dans le coup. Et au lieu de corriger le tir, je ne faisais que l’aggraver. »

Le presque impossible pourrait-il arriver ? Williams pourrait-elle perdre au premier tour d’un tournoi majeur ? Elle l’a fait une seule fois en 70 présences en Grand Chelem — et cela s’est produit à Roland-Garros en 2012.

Mais une fois que Williams a tout recalibré, elle a repris les choses en main.

Une de ses bonnes amies, et une autre ancienne no 1 mondiale, Caroline Wozniacki, a pour sa part connu un scénario inverse. Après avoir connu une première manche parfaite, elle s’est effondrée face à une adversaire qui n’avait jamais remporté un match lors d’un tournoi du Grand Chelem auparavant.

Offrant une performance à l’image de sa saison difficile, Wozniacki, ancienne no 1 mondiale et championne des Internationaux d’Australie l’année dernière, s’est inclinée dès le premier tour à Roland Garros (0-6, 6-3, 6-3) aux dépens de la Russe Veronika Kudermetova, classée 68e au monde.

« Ce n’est certainement pas le meilleur match de ma vie », a reconnu Wozniacki, 13e tête de série, qui n’a totalisé que 15 coups gagnants comparativement à 40 pour Kudermetova.

Cette contre-performance prolonge l’actuelle séquence de Wozniacki à quatre défaites et son palmarès en 2019 est désormais de 9-8.

Une autre ancienne championne en Grand Chelem a été contrainte à l’abandon, lundi. Petra Kvitova, double championne à Wimbledon, s’est retirée du tournoi à cause d’une blessure à l’avant-bras.

La gauchère a précisé que son bras la gênait depuis un certain temps et que dimanche, à l’entraînement, « j’ai soudain ressenti la douleur ».

« Je suis allée passer un test de résonance magnétique et, oui, malheureusement, j’ai une déchirure à l’avant-bras, ce qui n’est pas terrible », a expliqué Kvitova, qui espère être rétablie à temps pour le début de Wimbledon, le 1er juillet.

Dans d’autres matchs du tableau féminin, l’Allemande Julia Goerges s’est inclinée 7-5, 6-1, aux mains de l’Estonienne Kaia Kanepi. La Néerlandaise Kiki Bertens, no 4, l’Australienne Ashleigh Barty, no 8, et la Britannique Johanna Konta, no 26, figure parmi les têtes de séries qui ont franchi avec succès le premier tour.

Difficile début de saison

La préparation de Wozniacki en vue du tournoi parisien a été contrariée par une blessure au mollet gauche — qu’elle avait enveloppé d’un épais bandage lundi — mais elle a expliqué que cela n’a pas été un facteur contre son adversaire de 22 ans. La Danoise a également ajouté qu’elle n’était pas ennuyée par sa polyarthrite rhumatoïde, une maladie auto-immune pouvant causer des douleurs et un gonflement du poignet et d’autres articulations.

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Caroline Wozniacki

« J’ai très bien joué à la première manche. J’ai joué de manière agressive. J’ai joué comme je le voulais. Et ensuite, je pense qu’elle a eu beaucoup de chance au début de la deuxième manche et a profité des occasions qu’elle a eues, a dit Wozniacki. Et puis je pense que j’ai juste manqué un peu de jus à la fin. »

Elle n’a commis que trois fautes directes à la première manche, mais 18 lors des deux suivantes.

Wozniacki n’obtient pas les résultats auxquels elle est habituée. Elle s’était qualifiée pour les quarts de finale et le quatrième tour à Paris au cours des deux dernières années.

« Vous voulez gagner, être compétitive, vous travaillez fort et vous voulez voir des résultats. Ça n’a donc pas été une bonne année pour moi jusqu’à présent. Et je vais essayer de travailler dur et tenter de renverser la vapeur. Pour l’instant, je ne peux rien changer aux six premiers mois de la saison. J’ai eu de bonnes semaines où je me sentais très bien, puis d’autres où j’ai été malade ou blessée, a-t-elle poursuivi.

«Je dois juste essayer de rester positive, et de toute évidence, il n’est pas aussi facile de le rester lorsque les choses ne se passent pas comme prévu. »