Après l'éclosion spectaculaire de Denis Shapovalov en 2017, Tennis Canada s'attend à un scénario similaire pour le tennisman Félix Auger-Aliassime la saison prochaine. Et l'organisation n'est pas la seule à entrevoir l'avenir avec optimisme dans son cas, puisque Roger Federer garde lui aussi un oeil attentif sur le Québécois.

Auger-Aliassime a reçu une invitation du Suisse afin de s'entraîner avec d'autres joueurs professionnels de l'ATP à Dubaï en décembre, a confirmé le vice-président du développement élite Louis Borfiga à l'occasion du bilan de fin de saison de Tennis Canada, au stade Uniprix jeudi. Il pourra y peaufiner son jeu en prévision de la prochaine campagne.

«J'ai discuté avec l'entraîneur de Federer, Ivan Ljubicic, et ce qu'il faut savoir, c'est que Federer est un dingue de tennis, a évoqué Borfiga. Il m'a raconté qu'il regardait les matchs des joueurs de 14 et même 15 ans. Il adore ça. Et je pense qu'il a envie d'aider la nouvelle génération. Et je pense qu'il a aimé le jeu de Félix, ainsi que sa personnalité. (...) Félix sera le seul joueur d'âge junior à être invité par Federer.»

Le Montréalais âgé de 17 ans est passé du 614e rang mondial au 159e échelon en 2017, mais sa progression a été ralentie l'été dernier par une importante blessure à un poignet, qui l'a notamment contraint à se retirer de la Coupe Rogers de Montréal, en août. Ça n'a pas empêché son entraîneur, Guillaume Marx, d'être élogieux à son égard.

«Félix a connu une saison au-delà des espérances, a reconnu son mentor. Il a subi une blessure au pire moment, en plein été, alors que la saison battait son plein, mais j'entrevois l'avenir avec optimisme dans son cas. Son objectif en 2018 sera de percer le top 100 mondial.»

En compagnie de Denis Shapovalov, Auger-Aliassime fait partie de la nouvelle génération prometteuse de joueurs canadiens.

«On récolte présentement les fruits des efforts déployés depuis 10 ans, s'est exclamé Borfiga. La nouvelle génération de joueurs a frappé très fort (en 2017); elle a frappé un grand coup. Eugène (Lapierre) m'a raconté que lors de son passage à Londres (aux Finales de l'ATP), tout le monde lui parlait d'Auger-Aliassime et de Shapovalov.»

Borfiga a toutefois voulu limiter les attentes envers Shapovalov la saison prochaine. À l'instar d'Auger-Aliassime, le joueur âgé de 18 ans a fait un bond phénoménal au classement de l'ATP en 2017, passant du 250e rang en janvier au 49e, le 23 octobre, avant de redescendre à la 51e place actuellement. Le gaucher devra défendre ses points de classement en 2018, une tâche difficile compte tenu de ses récents succès. Pour cette raison, Borfiga a dit que Tennis Canada était «optimiste, mais de manière raisonnable», dans son cas.

Borfiga a également mentionné qu'il avait la certitude que Milos Raonic rebondira après avoir connu une saison difficile marquée par de nombreuses blessures. Selon lui, Auger-Aliassime et Shapovalov contribueront à rehausser son jeu, puisque l'Ontarien, qui pointe au 24e rang mondial présentement, voudra défendre son titre de meilleur joueur du pays.

«Milos est un champion, et il a envie de rester no 1 au Canada, a dit Borfiga. Et c'est normal, et c'est ce qui fait qu'un pays devient une puissance au tennis: c'est quand les joueurs se poussent entre eux. Il n'est pas bête Milos; il voit bien que les deux autres jouent super bien. Il ne veut pas leur céder sa place tout de suite, et c'est ce qu'on voulait, c'est-à-dire trois ou quatre joueurs qui se poussent les uns, les autres.»

Borfiga a d'ailleurs assuré que la rééducation de Raonic, à la suite d'une blessure à un mollet, se déroulait normalement et qu'il devrait participer, tel que prévu, au tournoi préparatoire d'Abu Dhabi à la fin décembre.

Bouchard trouvera-t-elle un entraîneur?

Du côté féminin, l'entraîneur national Sylvain Bruneau s'est lui aussi dit opimiste pour la saison prochaine. Il a noté une belle progression chez plusieurs de ses joueuses, dont Bianca Andreescu, Françoise Abanda, Carol Zhao et Katherine Sebov, et rappelé les victoires du pays en Fed Cup au Mexique et à Montréal contre le Kazakhstan en 2017.

Ce sont toutefois les déboires d'Eugenie Bouchard qui ont retenu l'attention. Selon Bruneau, Bouchard «n'est pas là où elle devrait être» en pointant au 80e échelon mondial. Le principal intéressé a ajouté qu'il la considérait comme une membre du top-20, «sans pousser». La clé, selon lui, résidera dans le choix de son prochain entraîneur.

«Elle a eu Thomas Högstedt, Sam Sumyk et Nick Saviano, ainsi que différents intervenants, a d'abord rappelé Bruneau. Comme entraîneur, j'ai observé que les filles qui ont eu du succès (sur le circuit de la WTA) ont travaillé longuement avec le même entraîneur. Ce n'est pas le cas pour Eugenie. Et ce n'est pas normal - je suis quelqu'un qui prône la stabilité -, et je crois que c'est ce qu'elle a besoin. Il faut qu'elle fasse un bon choix, qu'elle comprenne dans quoi elle s'embarque, et aussi qu'elle persiste quand les choses vont moins bien. Il faut qu'elle reste calme dans les petites tempêtes.»

D'autre part, la Vancouvéroise Rebecca Marino effectuera un retour à la compétition après une pause de quatre ans. Selon Bruneau, Marino «pourait être notre potentielle carte cachée la saison prochaine».

Tennis Canada tiendra son camp d'entraînement en prévision de la saison 2018 à Boca Raton, en Floride, du 9 au 20 décembre.