L'étoile de Denis Shapovalov ne pâlira pas de sitôt selon son entraîneur et capitaine de la Coupe Davis, Martin Laurendeau, qui a affirmé mardi que la nouvelle coqueluche du tennis canadien n'était «pas un feu de paille».

Âgé de 18 ans, Shapovalov vient de connaître un mois de rêve au cours duquel il a fait des pas de géants au classement de l'ATP. Lors de la Coupe Rogers, à Montréal, il a tour à tour vaincu l'Argentin Juan Martin del Potro et l'Espagnol Rafael Nadal, chemin faisant vers la demi-finale du tournoi. Il a ensuite atteint la quatrième ronde aux Internationaux des États-Unis, battant notamment le Français Jo-Wilfried Tsonga au deuxième tour.

Il sera maintenant l'un des quatre porte-couleurs du Canada lors du match de barrage de la Coupe Davis contre l'Inde du 15 au 17 septembre au Colisée Northlands, à Edmonton.

«Il a atteint un niveau incroyable, inespéré, mais il n'est pas un feu de paille parce qu'il le prouve match après match, a affirmé Laurendeau lors d'une conférence téléphonique au cours de laquelle il a tenté de concentrer ses réponses sur le duel en Coupe Davis.

«Il est trop tôt dans sa carrière pour qu'il s'assoie sur ses lauriers et ce n'est pas son genre de le faire. Il a encore beaucoup de choses à prouver. Et il a une occasion de démontrer son talent en Coupe Davis devant ses partisans.»

Laurendeau a aussi sélectionné Daniel Nestor, Vasek Pospisil et le jeune Brayden Schnur au sein de la délégation canadienne. Blessé au poignet gauche, Milos Raonic, 11e au monde, n'est pas disponible.

L'All India Tennis Association et le capitane Mahesh Bhupathi ont désigné le 155e joueur mondial Ramkumar Ramanathan, Yuki Bhambri (158e), Saketh Myneni (490e) et Rohan Bopanna, 17e meilleur joueur mondial de double, pour défendre les couleurs de l'Inde.

Shapovalov n'aura donc pas à rivaliser avec des Nadal, del Potro ou Tsonga au cours du week-end de compétition. Malgré tout, Laurendeau ne s'attend pas à voir Shapovalov baisser la garde face aux membres de l'équipe indienne.

«Des pièges, il y en a tout au long d'une carrière dans tous les sports. Et je ne vois pas ça comme un piège, mais plutôt comme un challenge pour Denis, a noté Laurendeau. Il a très peu d'expérience - ce n'est que ça première année sur le circuit. Il doit apprendre comment jouer contre des joueurs qui sont meilleurs que lui, plus forts, plus grands, plus costauds, plus expérimentés. Il doit aussi apprendre à gérer le calendrier, les voyages. Il est dans une période d'apprentissage.

«La Coupe Davis représente une autre occasion de démontrer son aisance quand l'enjeu est gros. Oui, l'enjeu est gros quand vous êtes en quart de finale ou en demi-finale à la Coupe Rogers ou que vous affrontez Tsonga au stade Arthur-Ashe devant près de 24 000 spectateurs. Il jouait pour lui-même. Là, il jouera pour le Canada, ce qui ajoute de la pression. Même les plus grands vont dire qu'il y a une pression énorme en Coupe Davis, et c'est ce qui rend la compétition grandiose.»

Pour Shapovalov, il s'agira d'une troisième participation à la Coupe Davis. Sa dernière présence, en février, s'était terminée sur une note négative, alors qu'il avait été disqualifié et mis à l'amende après avoir atteint accidentellement l'arbitre en chef à l'oeil après avoir violemment frappé la balle, en signe de dégoût, lors d'un match contre le Britannique Kyle Edmund. Il avait plus tard présenté ses excuses.

«Il est le premier à reconnaître que cet incident a fait de lui un meilleur joueur, une meilleure personne, a noté Laurendeau. Il a transformé l'incident en quelque chose de positif pour lui et il a tourné la page.»

L'émergence de Shapovalov permet aussi à Laurendeau de croire que l'équipe canadienne pourra aspirer aux grands honneurs en Coupe Davis au cours des prochaines années.

«Avec un Milos en santé, Vasek et Denis - nous avons aussi Brayden qui a percé le top-200 et Félix (Auger-Aliassime) qui n'est pas très loin derrière -, nous avons espoir de pouvoir accomplir quelque chose de spécial dans les prochaines années, a-t-il indiqué. L'équipe canadienne connaît des moments excitants.»

Le Canada devra cependant commencer en s'assurant de demeurer dans le Groupe mondial en 2018 en ayant le dessus contre l'Inde.

«Ça fait sept ans que nous sommes dans le Groupe mondial, que nous gardons notre place en barrage ou que nous accédons aux quarts de finale ou aux demi-finales, a rappelé Laurendeau. Si nous perdons et que nous retournons dans le Groupe I de la zone des Amériques, ce ne sera pas facile. Ce serait reculer de quelques années dans notre programme et nous devons l'éviter à tout prix. C'est pour ça que nos joueurs ont la rencontre contre l'Inde à coeur.»

Le Canada affrontera l'Inde pour la première fois de l'histoire de la Coupe Davis dans ce qui sera la première rencontre disputée à Edmonton depuis 1996. Le Canada sera favori dans cette rencontre en vertu de son 16e rang au classement de la Coupe Davis - l'Inde est 18e.