Après Rafael Nadal et Juan Martín del Potro, Denis Shapovalov a ajouté mercredi soir Jo-Wilfried Tsonga à son tableau de chasse. Et c'est sur la plus grande scène du tennis, le stade Arthur-Ashe en heure de grande écoute, qu'il s'est qualifié pour le troisième tour des Internationaux des États-Unis grâce à une victoire de 6-4, 6-4, 7-6 (4) sur le huitième favori du tournoi.

«C'était un rêve d'enfance de jouer sur ce court en soirée, a avoué Shapovalov en entrevue sur le court après sa victoire. J'ai vu Federer, Nadal jouer de grands matchs dans le stade Arthur-Ashe, et ç'a été un honneur pour moi d'y jouer ce soir. L'ambiance était extraordinaire, encore plus folle que je ne l'aurais pensé. Ça m'est arrivé de rire en écoutant les cris, mais j'ai adoré ça!»

Jouant avec l'assurance désarmante qu'il affiche depuis plusieurs semaines déjà, le Canadien ne s'est pas laissé intimider par la puissance ou l'expérience de son adversaire. Celui qui occupe actuellement le 69e rang mondial - il était 250e au début de l'année - a plutôt pris l'initiative des échanges et il n'a jamais ralenti, bondissant encore en fin de match, un peu avant minuit, en attendant les services de Tsonga.

Impeccable au service - il n'avait accordé qu'une seule balle de bris à son rival avant le dixième jeu de la troisième manche -, Shapovalov a aussi su faire flèche de tout bois en convertissant chacune des trois premières occasions de bris qu'il a obtenues lors du match.

Un peu rattrapé par la pression en fin de troisième manche, il a gâché une première occasion de s'imposer alors qu'il servait à 5-4, mais il est revenu en force dans le jeu décisif en poussant Tsonga à la faute.

Shapovalov affrontera au troisième tour le Britannique Kyle Edmund, 42e mondial, son adversaire en février en Coupe Davis quand il avait malencontreusement frappé une balle au visage de l'arbitre. Il avait alors perdu le match par défaut, mais allait venger cette défaite au tournoi de Queens, en juin, avec une victoire de 7-6 (4), 4-6, 6-4.

«Ce sera un autre match difficile, a estimé le Canadien. Kyle a beaucoup progressé lui aussi cette saison et il joue très bien sur les surfaces dures. Comme ce soir, je devrai prendre l'initiative des échanges afin de ne pas le laisser placer son jeu.»

Une progression phénoménale

À 18 ans et 4 mois, Shapovalov est non seulement le plus jeune joueur du top 70, mais c'est aussi l'un des plus représentants les plus charismatiques de la «nouvelle génération» qui a pris le circuit masculin d'assaut cette saison. Mercredi soir, il a littéralement conquis les spectateurs pourtant exigeants du stade Arthur-Ashe et une bonne partie de la foule était encore dans les gradins.

Vainqueur de deux Challengers, Shapovalov n'a fait ses débuts en Grand Chelem qu'en juillet, à Wimbledon, après avoir reçu un laissez-passer (il avait remporté le titre junior en 2016). C'est toutefois à la Coupe Rogers qu'il a véritablement «explosé» avec des victoires successives contre del Potro et Nadal, ainsi qu'une qualification pour les demi-finales, où il s'est incliné devant le futur champion Alexander Zverev. Contre Nadal, il est devenu le plus jeune joueur à vaincre un adversaire du top 2 depuis que l'Espagnol lui-même avait battu Roger Federer en 2004.

Et la série s'est poursuivie à New York où, cette fois, faute de laissez-passer, Shapovalov a dû remporter trois matchs en qualification pour se faire une place au tableau principal. Il l'a fait avec un aplomb remarquable, avant de remporter dans la foulée son match de premier tour contre le Russe Daniil Medvedev.

La commande était toutefois plus grosse contre Tsonga, vétéran de 30 ans qui avait remporté 115 victoires en Grand Chelem et s'était qualifié trois fois pour les quarts de finale à New York.

Shapovalov a répété plusieurs fois depuis son arrivée à New York qu'il jouait pour lui-même, pour son équipe et pour son pays. Et l'entraîneur Martin Laurendeau est l'une des pièces maîtresses de cette équipe qui a aidé le joueur de 18 ans à progresser de plus de 70 places au classement depuis un mois et à obtenir tous ses succès depuis quelques semaines.

Laurendeau, qui est aussi capitaine de l'équipe canadienne de Coupe Davis, a d'ailleurs reçu les éloges des commentateurs américains. Brad Gilbert, qui l'a côtoyé sur le circuit masculin dans les années 80 et 90, a notamment insisté sur la qualité de la préparation mentale de Shapovalov : «Cela fait plusieurs années que Marty [Laurendeau] fait de l'excellent travail avec les joueurs canadiens et il fait profiter Shapovalov de tout son bagage d'expérience, en plus d'exercer une influence très positive sur lui.»

En 1988, Laurendeau avait atteint le quatrième tour des Internationaux des États-Unis, sa meilleure performance en carrière dans un tournoi du Grand Chelem. Reste maintenant à voir si son protégé pourra égaler cet exploit, voire le dépasser.

AP

Jo-Wilfried Tsonga

Pospisil forcé à l'abandon

Plus tôt dans la journée, le Canadien Vasek Pospisil a dû déclarer forfait de son match contre l'Espagnol Fernando Verdasco après avoir perdu la première manche, 6-2. Le 78e mondial s'était blessé au dos plus tôt cette semaine à l'entraînement, mais il a tenu à tenter sa chance, malheureusement sans succès.

Pospisil est aussi inscrit en double avec le Serbe Nenad Zimonjić, mais le duo ne doit jouer son premier match que vendredi. Deux autres Canadiens spécialistes du double feront toutefois leurs débuts jeudi. Le vétéran Daniel Nestor et le Britannique Dominic Inglot affronteront les Russes Mikhail Elgin et Daniil Medevedev, alors que Gabriela Dabrowski et la Chinoise Yifan Xu, déjà championnes de deux tournois cette saison, affronteront la Croate Mirjana Lučić-Baroni et l'Allemande Andrea Petkovic.

AP

Vasek Pospisil et Fernando Verdasco.