Contre toute attente, le Canadien Denis Shapovalov, 18 ans, a vaincu jeudi soir le numéro 2 mondial Rafael Nadal. Et conquis des milliers de fans.

Le 15 juillet dernier, Denis Shapovalov tweetait un égoportrait pris à la Gare d'autocars de Montréal. C'est en autobus qu'il se rendait à Gatineau pour y disputer un tournoi Challenger où sa victoire en grande finale lui a valu une bourse de 10 800 $.

Exactement 26 jours plus tard, le Canadien de 18 ans a battu Rafael Nadal devant Wayne Gretzky, Penny Oleksiak, Denys Arcand et près de 12 000 spectateurs en délire. Il est assuré de quitter Montréal avec au minimum 112 255 $.

Shapovalov pouvait bien s'étendre sur le ciment du stade Uniprix après sa victoire...

« Ce n'est pas un rêve », lui a lancé l'intervieweur sur le terrain. « En es-tu sûr ? », de rétorquer le héros du jour.

Shapovalov se souviendra longtemps de cette impossible victoire de 3-6, 6-4, 7-6 (4) acquise aux dépens de l'un des grands de l'histoire du tennis.

« Ça va vite en ce moment, a reconnu Shapovalov en point de presse. C'est beaucoup en même temps. Je suis vraiment reconnaissant d'être dans cette situation. Si je ne repousse pas quatre balles de match à mon premier match, je ne suis pas dans la position où je suis aujourd'hui. 

« Je suis vraiment reconnaissant d'avoir Wayne et Penny à mes côtés. C'est très inspirant. »

Avant même de réussir le point décisif, Shapovalov avait déjà gagné. Pendant 2 h 45 min, il a tenu tête au numéro 2 mondial, gagnant de 15 tournois du Grand Chelem. À lui seul, le troisième jeu de la troisième manche a duré 14 minutes. Dix fois, ils se sont retrouvés à égalité. Trois fois, il a repoussé des balles de bris. En fait, le grand blondinet a tellement tout laissé sur le terrain qu'il a dû rester debout tout au long de son point de presse, afin de chasser les crampes.

« Je suis fatigué. Je veux juste aller me coucher ! », a-t-il lancé.

Nadal mécontent

Nadal a été très critique à l'endroit de sa propre performance après le match, et il est vrai qu'il a commis 29 fautes directes. Mais Shapovalov a tout de même cogné 49 coups gagnants et a survécu à neuf balles de bris.

« C'est normal qu'il ne craque pas, non ? J'ai déjà été dans cette situation, a rappelé Nadal. C'est beaucoup plus facile quand tu as 18 ans que quand tu en as 30. »

C'est un Nadal amer qui a rencontré les journalistes après la rencontre. Le Majorquin avait besoin d'atteindre les demi-finales pour reprendre le premier rang au classement mondial. Et en l'absence de Novak Djokovic, Andy Murray et Marin Čilić, la voie semblait libre.

« C'est mon pire match de l'année, a estimé Nadal. Ce l'est en raison du classement de mon adversaire. J'avais la chance de redevenir numéro 1 au monde. Le tableau n'est jamais facile, mais la victoire n'était pas impossible, avec tout ce qui s'est passé dans les autres matchs. C'est une mauvaise défaite, mais je dois l'accepter et passer à autre chose. »

Un record impressionnant

On fait dire ce qu'on veut aux statistiques, dit la maxime. Mais ici, elles disent toutes la même chose ! Voici quelques faits d'armes accomplis par Shapovalov avec cette victoire, courtoisie de l'ATP.

- Plus jeune joueur à battre Nadal depuis Borna Ćorić à Bâle en 2014

- Joueur le moins bien classé à battre Nadal depuis Nick Kyrgios à Wimbledon en 2014

- Plus jeune joueur à atteindre les quarts de finale de l'histoire des tournois Masters 1000 (soit depuis 1990)

- Pourrait atteindre le 100e rang mondial dès lundi, selon les résultats des autres joueurs

Le potentiel de Shapovalov n'a jamais fait de doute, mais depuis jeudi, il est maintenant connu de tous.

Avant de quitter la salle de presse, Nadal a toutefois pris soin de mettre en garde les médias et le public. Un collègue lui demandait de comparer le parcours de Shapovalov cette semaine au sien à Montréal en 2005. Cette année-là, un ae de 19 ans avait battu le grand Andre Agassi en finale. C'était le premier titre de l'Espagnol sur ciment à l'ATP. Bref, il prouvait alors qu'il n'était pas seulement bon sur la terre battue.

« Il a très bien joué. Il a un excellent potentiel. Il a tous les outils pour devenir un très bon joueur. 

« Mais je ne sais pas si ae peut comparer. Attendons voir. Laissez-le connaître sa carrière. Ne le comparez pas à d'autres, ce ne sera probablement pas bon pour lui. J'ai suivi mon parcours. Il va suivre le sien. »

Photo Paul Chiasson, La Presse canadienne

Rafael Nadal et Denis Shapovalov

Les quarts de finale présentés vendredi

Robin Haase c. Diego Schwartzman

12 h 30

Roberto Bautista Agut c. Roger Federer

pas avant 14 h 30

Denis Shapovalov c. Adrian Mannarino

pas avant 18 h 30

Alexander Zverev c. Kevin Anderson

dernier match au programme