Aucune Canadienne n'a gagné la Coupe Rogers depuis Faye Urban, en 1969, et nos trois représentantes ne sont pas vraiment parmi les favorites, cette saison, pour mettre fin à la léthargie.

Eugenie Bouchard, Françoise Abanda et Bianca Andreescu ont toutefois chacune des arguments à faire valoir, et qui sait jusqu'où le soutien du public pourra les porter ? Depuis quelques années, la meilleure performance canadienne a été la participation d'Aleksandra Wozniak aux quarts de finale en 2012.

Andreescu vient justement d'atteindre les quarts à Washington - sa meilleure performance en carrière -, mais le tableau est bien plus relevé à Toronto. Qu'importe, la joueuse de 17 ans est ambitieuse : elle vise le premier rang mondial, des titres en Grand Chelem, et elle n'entend pas perdre son temps.

« J'ai déjà atteint plusieurs objectifs cette saison, avec une victoire contre une joueuse du top 50 en Fed Cup, une qualification à Wimbledon, puis une victoire contre une joueuse du top 20 [Kristina Mladenovic] la semaine dernière. »

« Ces expériences m'ont permis de hausser le niveau de mon jeu, même si je sais que je dois encore progresser », a ajouté la joueuse de Mississauga.

« Cette semaine, je veux gagner. Je sais que la compétition sera très forte, mais je pense qu'il faut croire en ses moyens si on veut atteindre ses objectifs. J'ai acquis beaucoup de confiance cette saison et j'espère en profiter, cette semaine, devant mes proches et tous les amateurs canadiens. »

Françoise Abanda connaît elle aussi présentement la meilleure saison de sa carrière, avec des victoires au premier tour à Roland-Garros et à Wimbledon. Sur le gazon londonien, la joueuse de 20 ans est venue bien près de surprendre la Lettonne Jelena Ostapenko, championne de Roland-Garros.

« J'ai eu plusieurs chances de gagner et, au-delà de la déception, ce match m'a montré que j'étais vraiment proche du niveau des meilleures. Jouer en Grand Chelem, après avoir disputé des tournois Challenger, m'a aussi permis de m'habituer aux grands tournois, avec des tableaux très relevés. »

Les progrès d'Abanda sont réels, même si elle n'a pas d'entraîneur attitré. Cette semaine, c'est encore le responsable de l'élite féminine à Tennis Canada, Sylvain Bruneau, qui supervise sa préparation, Françoise ayant mis fin à un essai avec l'entraîneur argentin Diego Veronelli.

« Je trouvais que le moment n'était pas bon pour entreprendre une nouvelle collaboration avec un entraîneur. Diego est très compétent et nous nous retrouverons peut-être après la saison, mais cela fait plusieurs mois que je n'ai pas d'entraîneur attitré et je ne voulais pas changer mes habitudes juste avant un tournoi important comme la Coupe Rogers. »

Bruneau, qui a respecté la décision d'Abanda, attend beaucoup d'elle cette semaine. « Elle était vraiment proche de la victoire contre Ostapenko, a-t-il rappelé. Et qui sait ce qui aurait pu arriver par la suite ? Françoise n'est qu'à un gros déclic de faire sa place sur le circuit de la WTA. Ça pourrait arriver ici. »

Les déboires d'Eugenie...

Même lors de sa saison de rêve, en 2014, Eugenie Bouchard n'a jamais été en mesure de bien faire à la Coupe Rogers. Depuis sa première participation au tableau principal, en 2011, elle présente une fiche de cinq victoires et six défaites.

C'est probablement en 2012 qu'elle a vécu la plus belle expérience, avec une victoire au premier tour contre Shahr Peer (56e à l'époque), puis une belle performance devant la Chinoise Li Na.

Depuis, elle a accumulé les déceptions, avec notamment une défaite crève-coeur devant l'Américaine Shelby Rogers en 2014, Eugenie ayant quitté le court central du stade Uniprix les larmes aux yeux. L'année dernière, après deux belles victoires face à Lucie Safarova (28e) et Dominika Cibulkova (10e), elle s'est encore écroulée devant la modeste Kristina Kucova (128e).

Et les déboires de Bouchard se sont aussi répétés dans d'autres compétitions disputées au Québec. En 2015, en Fed Cup, l'équipe roumaine avait ridiculisé sa décision de ne pas serrer la main de ses adversaires, et certains spectateurs ne s'étaient pas gênés pour la conspuer après une défaite.

Cela a encore été pire l'année dernière au tournoi de Québec, quand la Canadienne a multiplié les faux pas, que ce soit en critiquant l'hôtel officiel dans les réseaux sociaux ou en quittant l'amphithéâtre sans parler aux médias après son élimination décevante au deuxième tour.

Pas étonnant que Bouchard se soit faite discrète jusqu'ici à Toronto. Retenue à Washington jusqu'à samedi, elle s'est entraînée hier après-midi sur le court central et a ensuite quitté rapidement le Centre Aviva.

Ce sont donc Abanda et Andreescu qui ont occupé la scène, une situation qui ne déplaît pas à Sylvain Bruneau. « C'est ce qu'on souhaite à Tennis Canada, a-t-il souligné. J'étais content en 2014 quand Eugenie a connu tous ses succès, mais notre objectif est d'avoir plusieurs joueuses capables de briller dans les grands tournois.

« On commence à s'en approcher et je suis convaincu que cela va avoir un formidable effet d'émulation sur toutes les joueuses, y compris Eugenie. »

TOUTES LES JOUEUSES DU TOP 10 !

Au contraire du tournoi masculin, la Coupe Rogers féminine a vraiment fait le plein de favorites, avec toutes les joueuses du top 10 mondial, et 19 des 20 premières. En 2015, lors de la dernière présentation du tournoi à Toronto, la Suisse Belinda Bencic avait causé la surprise alors qu'elle n'était que 20e mondiale à l'époque. Depuis 2000, seule Serena Williams a remporté la Coupe Rogers plus d'une fois - en 2000, 2011 et 2013. Les surprises ont marqué l'histoire du tournoi féminin et la liste des prétendantes à un premier titre est encore très longue cette saison.