L'une est une immense championne qui repousse les limites du temps, l'autre incarne l'avenir du tennis féminin: Venus Williams, 37 ans, et Garbine Muguruza, 23 ans, s'affronteront samedi dans un choc des générations en finale de Wimbledon.

Muguruza n'avait pas quatre ans lorsque son adversaire a disputé son premier match dans le «temple» en 1997 et, quelques semaines plus tard, sa première finale en Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis.

Près de vingt années se sont donc écoulées entre l'éclosion de la grande Américaine (1,85 m, 75 kg) à New York et cette neuvième finale à Londres, la seizième en Grand Chelem.

Rares sont les joueuses à avoir connu une telle longévité. L'inusable Tchéco-américaine Martina Navratilova, qui a remporté son dernier match en simple à 47 ans et 8 mois en 2004, avait joué sa première finale majeure à Melbourne en 1975 et la dernière en 1994 à Londres.

Serena Williams, qui détient le record de trophées majeurs dans l'ère professionnelle (23), a remporté le premier en 1999 aux Internationaux des États-Unis et le dernier en janvier à Melbourne, en battant... sa soeur aînée en finale.

Venus s'est imposée à cinq reprises à Londres entre 2000 et 2008 et y a joué trois autres finales, la dernière en 2009, toutes perdues face à sa cadette qui a remporté sept fois le tournoi.

Actuellement enceinte, la double tenante du titre n'est pas là cette année pour stopper Venus qui entend prolonger le règne de la «famille», interrompu cinq fois seulement depuis 2000.

En dehors des Floridiennes, la Russe Maria Sharapova (2004), les Françaises Amélie Mauresmo (2006) et Marion Bartoli (2013) et la Tchèque Petra Kvitova (2011, 2014) sont les seules à avoir inscrit leur nom au palmarès depuis 17 ans.

«Ces dernières années, on y voit beaucoup (le nom) de Williams. J'ai hâte d'y être (sur le tableau). Histoire de remettre un nom espagnol dessus», affirme Muguruza qui rêve de succéder à sa capitaine de Fed Cup, Conchita Martinez, dernière Espagnole sacrée dans le jardin anglais il y a 23 ans.

Williams-Muguruza: 3 à 1

La championne de Roland-Garros 2016 a pour elle sa jeunesse, sa puissance, son audace et le souvenir d'une finale perdue en 2015 sur le court central contre Serena Williams, l'un de ses modèles, avec l'Américain Pete Sampras.

Mais Venus Williams a l'expérience de ce genre de rendez-vous et un bilan favorable contre l'Espagnole (3-1). Muguruza ne l'a battue qu'une seule fois, lors de leur dernier duel en mai à Rome en quarts de finale.

Pour l'Américaine, c'est peut-être la dernière occasion de décrocher un huitième titre majeur. Il récompenserait son obstination après plusieurs années gâchées par une maladie auto-immune, le syndrome de Sjögren, diagnostiqué en 2011.

Pendant cinq saisons - de 2010 à 2015 - l'ex-numéro 1 mondiale qui peut revenir dans le top 5 en cas de triomphe n'a pas atteint le dernier carré en Grand Chelem. Mais l'Américaine a puisé dans sa passion pour le tennis pour renouer avec le haut niveau.

«J'ai rencontré des difficultés. Il y a beaucoup de hauts et de bas», a expliqué Venus Williams, impliquée début juin dans un accident de la circulation qui a coûté la vie à un septuagénaire. «J'ai essayé de garder la tête haute, peu importe ce qui pouvait se passer dans ma vie», a-t-elle poursuivi.

La championne espère désormais «représenter les Williams du mieux possible». Et offrir à la famille un treizième titre en simple.