Suspendue 15 mois pour dopage, Maria Sharapova a déjà réussi son retour: trois jours après son premier match, l'ex-numéro un mondiale s'est qualifiée vendredi pour la demi-finale du tournoi de Stuttgart, qu'elle disputera contre la Française Kristina Mladenovic.

La Russe a disposé de l'Estonienne Anett Kontaveit 6-3, 6-4, tandis que Mladenovic, 19e mondiale, a battu l'Espagnole Carla Suarez Navarro 6-3, 6-2.

«J'ai vu tous les matchs ici et Sharapova montre qu'elle est en grande forme en ce moment», a dit Mladenovic après sa victoire, «c'est une demi-finale, donc je m'attends à un match très dur».

Beaucoup moins nerveuse que lors de sa rentrée mercredi, capable de lâcher ses coups, mais aussi de varier son tennis, autant de signes de confiance, Sharapova a battu la 73e du classement de la WTA en 1h23.

«Je suis arrivée ici sans savoir vraiment à quoi m'attendre», a-t-elle avoué après sa victoire, «je voulais d'abord retrouver mes repères».

C'est désormais chose faite. La Russe de 30 ans, ex-numéro un mondiale, n'a toujours pas perdu un set à Stuttgart. Contre Kontaveit, elle a réussi quatre aces, 28 services gagnants et n'a fait que deux doubles fautes, gagnant également cinq de ses six balles de bris.

«Physiquement, je suis très bien, j'ai eu beaucoup de temps pour me préparer», a-t-elle expliqué, «aujourd'hui j'ai plutôt bien servi et j'ai gagné mes services, ce qui m'a donné confiance».

Sharapova n'a pas encore de certitudes sur son niveau réel, et la rencontre contre Mladenovic sera un nouveau test important pour elle. La Française a battu cette saison trois joueuses du top 5 mondial, dont la grande favorite de Stuttgart et numéro deux mondiale Angelique Kerber, jeudi en deux sets (6-2, 7-5).

«Tricheuse»

Quoi qu'il arrive désormais, l'ex-icône du tennis féminin sait qu'elle n'est pas loin du très haut niveau. Et son aptitude à gérer la pression semble intacte. Elle est notamment restée insensible aux critiques récurrentes de certaines joueuses du circuit, qui ne digèrent pas qu'elle fasse son retour grâce à des invitations dans les grands tournois (Stuttgart, Rome, Madrid), sans passer par les qualifications.

Et même le coup de colère de la 59e mondiale, la Canadienne Eugenie Bouchard, qui l'a traitée jeudi de «tricheuse», l'a laissée de glace. «Je n'ai rien à dire, je suis au-dessus de cela», a-t-elle simplement commenté.

Constamment relancée par les journalistes sur les leçons qu'elle pourrait tirer de cet épisode de sa carrière, elle répond désormais avec un certain agacement: «J'ai passé le stade des leçons. J'ai donné de nombreuses interviews à propos de cette affaire, et maintenant je commence un nouveau chapitre de ma carrière, et je veux aller de l'avant».

Numéro un mondiale à 18 ans, cinq fois titrée en Grand Chelem, la Russe avait dans un premier temps été privée de compétition pendant deux ans par l'ITF après son contrôle positif en janvier 2016. Puis sa suspension avait été réduite en octobre à 15 mois par le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui avait reconnu qu'elle n'avait pas eu l'intention de tricher.

La jeune femme utilisait depuis plusieurs années le meldonium, alors autorisé, mais ce médicament a été reclassifié en produit interdit par l'AMA (Agence mondiale antidopage) début 2016. Sharapova affirme n'avoir pas vérifié la liste à temps, et avoir continué à prendre son meldonium sans s'apercevoir qu'il venait d'être interdit.