De retour sur le circuit mercredi à Stuttgart, Maria Sharapova va tenter de remonter vers le sommet du classement mondial mais aussi dans l'estime du public et des commanditaires, après une suspension de 15 mois pour dopage qui a fortement écorné son image de marque.

Le défi sportif semble à sa portée. À tout juste 30 ans, la Russe a encore de belles années devant elle et les circonstances sont favorables, surtout depuis l'annonce de la grossesse de Serena Williams, la rivale qui l'a le plus martyrisée (18 défaites d'affilée depuis 2004).

Sans l'Américaine, nouvelle numéro 1 mondiale depuis lundi mais absente au moins jusqu'à la fin de la saison, il n'y a plus de leader indiscutable sur le circuit de la WTA et aucune candidate à la succession ne se détache vraiment.

Même si tout se passe bien, la route risque d'être longue car Sharapova n'a plus de classement à la WTA, n'ayant pas joué depuis les Internationaux d'Australie en janvier 2016. C'est pendant ce tournoi qu'elle avait été contrôlée positif au meldonium, un médicament ajouté à la liste des produits interdits quelques semaines auparavant (le 1er janvier), ce qu'elle avait omis de vérifier.

Pour faciliter son retour, elle a pu compter sur la compréhension des organisateurs de tournois qui, sensibles à son potentiel commercial, lui ont offert des invitations pour Stuttgart, puis pour Madrid et Rome.

Ces faveurs ont d'ailleurs été assez peu appréciées par ses concurrentes. L'Allemande Angelique Kerber, numéro 2 mondiale,  elle aussi engagée dans le Bade-Wurtemberg, a par exemple estimé que «des joueuses allemandes auraient eu besoin d'invitations».

Roland-Garros ou pas?

La porte de Roland-Garros ne s'ouvrira peut-être pas aussi facilement. La Fédération française de tennis (FFT), réticente, se prononcera définitivement dans la semaine du 15 mai. Si la réponse était négative, Sharapova déciderait peut-être de s'aligner dans les qualifications. Mais encore faudrait-il que son classement le lui permette. La liste des prétendantes étant fixée quatre semaines avant, la Russe n'a que Stuttgart pour marquer des points. Il lui faudra probablement aller en finale, voire gagner le tournoi.

Tout sauf une formalité pour la quintuple championne en Grand Chelem, opposée au premier tour à l'Italienne Roberta Vinci, car le tableau est particulièrement relevé sur la terre battue allemande avec, outre Kerber, la Tchèque Karolina Pliskova (no 3), la Roumaine Simona Halep (no 5) et la Britannique Johanna Konta (no 7).

De ses camarades du circuit, elle n'attend probablement pas grand-chose car nombre d'entre elles ne l'ont jamais portée dans leur coeur.

La Slovaque Dominika Cibulkova l'avait par exemple jugée «totalement déplaisante, arrogante, vaniteuse et froide» en 2016, pendant sa suspension. D'ailleurs Sharapova avait un jour déclaré qu'on ne pouvait pas «jouer au tennis et être mère Teresa en même temps».

Plus importante sera la reconquête des commanditaires, qui n'avaient pas perdu de temps pour la lâcher à l'annonce du contrôle positif (Nike, Tag Heuer, Porsche...).

La Russe n'a jamais caché son goût pour les affaires. Profitant de son physique hollywoodien, elle a été pendant 11 ans (2005-2015) la joueuse la mieux payée du monde grâce à d'innombrables contrats publicitaires, puis aux revenus de sa marque de sucrerie «Sugarpova». Sa fortune est estimée à 200 millions de dollars.