Andy Murray n'a plus qu'un match à gagner au Masters 1000 de Paris-Bercy, samedi en demi-finale contre Milos Raonic, vainqueur de Jo-Wilfried Tsonga, pour ravir la place de numéro 1 mondial à Novak Djokovic.

Triple tenant du titre à Paris, le Serbe a été battu en quarts par l'un des hommes en forme de l'automne, le Croate Marin Cilic, 6-4, 7-6 (7/2). Le trône qu'il occupe depuis plus de deux ans vacille.

Entré dans l'arène après ce coup de tonnerre, l'Écossais a franchi l'avant-dernière marche face au Tchèque Tomas Berdych 7-6 (11/9), 7-5, mais pas aussi facilement que prévu. Il est même revenu de nulle part dans la première manche, sauvant sept balles de set, dont cinq de suite de 1-6 à 6-6.

Raonic a dominé Tsonga à coups de services frappés à plus de 220 km/h. Le Français a semblé un peu émoussé et moins agressif que la veille face au Japonais Kei Nishikori. Il n'a jamais réussi à breaker. Avec cette défaite, il abandonne tout espoir de se qualifier pour le Masters.

Le Canadien, mené 8-3 dans ses duels, aura du mal à arrêter la course de Murray vers le sommet, vu sa forme des dernières semaines. L'Écossais reste sur trois tournois et 18 matches gagnés d'affilée.

Pour Djokovic en tout cas, cette consécration n'aurait rien d'un hold-up. «Il est très près d'y arriver et il le mérite. La façon dont il a élevé son niveau ces derniers mois est extraordinaire», a dit le Serbe, dont la baisse de régime a été confirmée.

Les chiffres avaient pourtant de quoi lui donner confiance. Contre Cilic, il n'avait jamais perdu en 14 rencontres. Dans leur dernier duel, en demi-finale de l'US Open 2015, il ne lui avait laissé que trois jeux (6-0, 6-1, 6-2).

Djokovic n'est plus le même

Mais depuis cet été, Djokovic, 29 ans, n'est plus tout à fait le même. Après avoir atteint l'objectif de sa vie au mois de juin en remportant enfin à Roland-Garros, le dernier trophée du Grand Chelem qui manquait à son palmarès, il est entré dans une période de flottement.

Battu au troisième tour de Wimbledon, puis d'entrée aux jeux Olympiques et en finale de l'US Open, l'homme aux douze trophées majeurs a vu l'Écossais revenir à toute vitesse sur ses basques et menacer la place de n.1 qu'il occupe depuis juillet 2014. Inimaginable il y a encore cinq mois, quand il avait presque deux fois plus de points que Murray au classement ATP!

«(À Roland-Garros), j'ai ressenti beaucoup d'émotions, beaucoup de sensations. La fierté et la satisfaction étaient immenses, mais c'était aussi épuisant», a expliqué le champion, assurant qu'il n'était «pas trop inquiet pour l'avenir»: «j'ai joué longtemps au plus haut niveau possible. Les baisses de forme sont normales».

Bien sûr, Cilic n'est pas n'importe quel adversaire. Vainqueur de son premier Masters 1000 à Cincinnati en août, décisif contre la France en demi-finale de la Coupe Davis en septembre, le grand Croate (1,98 m) rejoue enfin, à 28 ans, le tennis qui lui avait permis de gagner l'US Open en 2014.

Titré pour la seizième fois de sa carrière dimanche à Bâle, il abordait le match en situation idéale - tout à gagner et rien à perdre - ayant assuré la veille sa place au Masters de Londres (pour la deuxième fois après 2014). Il affrontera l'Américain John Isner pour une place en finale.

Djokovic a été dominé dans l'échange par les grandes frappes de coup droit du N.10 mondial, comme la veille pendant un set par le Bulgare Grigor Dimitrov. Mais cette fois-ci, il n'a pas pu retourner la situation.

Le public y a cru pourtant quand il a servi pour le gain du deuxième set, menant 5-4, mais il a alors commis deux doubles fautes, puis quand il a sauvé magnifiquement deux balles de match à 5-6, 15-40 dans le deuxième set. Comme le Serbe a perdu l'ascendant mental qu'il possédait sur tous ses adversaires, c'est lui qui s'est effondré dans le tie-break.