Le 26 juillet 2015, Johanna Konta gagnait, assez discrètement, le tournoi de Granby, un tournoi de niveau Challenger dont la bourse totale est de 50 000 $. Sa part du gâteau, pour ce triomphe en finale, se chiffrait à 7600 $.

Un an plus tard, jour pour jour, cette même Konta est de retour au Québec, mais pas au pays de Chez Ben on s'bour la bedaine. La voici plutôt à la Coupe Rogers, où la bourse totale s'élève à 2,7 millions de dollars.

Hier, Konta a fait un premier pas dans ce tournoi en battant l'Américaine Shelby Rogers en deux manches de 6-4 et 6-2, pour accéder au deuxième tour.

Entre ces deux tournois québécois, l'ascension de la Britannique de 25 ans a été si irrésistible qu'on peut aisément parler d'elle comme d'une des joueuses de l'heure sur le circuit de la WTA.C'est qu'après sa victoire à Granby, elle a enchaîné avec un triomphe au Challenger de Vancouver. La semaine suivante, elle a accédé au tableau principal des Internationaux des États-Unis en passant par les qualifications, et a éliminé ensuite deux têtes de série pour se rendre au quatrième tour. Bref, un mois fou au cours duquel elle a remporté 16 de ses 17 matchs.

En 2016, parmi ses coups d'éclat, notons une présence en demi-finale aux Internationaux des États-Unis, et une victoire en grande finale dimanche à Stanford. Contre une certaine Venus Williams, soit dit en passant...

La voici aujourd'hui au 14e rang mondial.

« Mais je suis très reconnaissante d'avoir vécu toutes ces expériences en une si courte période, a indiqué Konta, après sa victoire d'hier. Je suis bien consciente que j'ai eu de très bons résultats cette saison. Je me sens choyée d'être en santé et de pouvoir jouer aussi souvent. »

CHANGEMENT DE PAYS SALUTAIRE

Née en Australie de parents d'origine hongroise, Konta a représenté son pays natal dans les rangs juniors. Mais quand elle était adolescente, ses parents se sont installés en Espagne, puis au Royaume-Uni, et c'est finalement ce dernier pays qu'elle a choisi de représenter.

En entrant dans le système britannique, Konta a donc pu faire connaissance avec le Québécois Louis Cayer, qui y est entraîneur.

« On a travaillé ensemble il y a plusieurs années, et c'est une des très bonnes personnes dans ma vie. Je le considère comme un ami. Il ne m'a apporté que du positif », explique-t-elle.

Johanna Konta arrive à Montréal le vent dans les voiles. Et le chemin s'est ouvert devant elle avec le forfait de l'Espagnole Garbine Muguruza, 3e tête de série, qu'elle aurait pu théoriquement affronter dès le troisième tour. Qui sait ce qu'elle pourrait accomplir cette semaine, avec en plus l'absence de l'intouchable Serena Williams ?

Un seul facteur pourrait jouer contre elle : l'énergie. Elle a disputé quatre matchs à Stanford la semaine dernière, dont deux de trois manches, avant de traverser le continent pour gagner Montréal. Mais au vu de sa victoire expéditive en 81 minutes d'hier, le réservoir ne semble pas à sec.

« Je me sens assez bien. Je dois simplement y aller un jour à la fois. Je savais qu'après Stanford, je n'aurais pas beaucoup de temps pour m'ajuster. Mais je suis contente de m'être donné une autre chance de jouer ici. »

Photo Nicolas Racine, Archives La Voix de l’Est

Johanna Konta lors de son passage au Challenger de Granby l’an dernier