Une autre édition de la Coupe Rogers, une autre discussion sur la pluie et les bienfaits d'un toit sur le stade Uniprix.

Après une journée marquée par quatre interruptions dues aux averses, le directeur de la Coupe Rogers, Eugène Lapierre, a été pressé de questions sur le sujet, hier.

« Les gens savent qu'il y a deux choses qu'on ne contrôle pas : les joueurs et la météo. Jusqu'ici, le début du tournoi l'illustre bien », a indiqué Lapierre, en référence également au forfait de la numéro 1 mondiale, Serera Williams.

« Mais on a plusieurs joueuses du top 20 ici et on annonce du beau temps pour les prochains jours. »

Là-dessus, impossible de contredire Lapierre. En date d'hier soir, Environnement Canada prévoyait du soleil jusqu'à dimanche. Cela dit, les conséquences des averses sont bien visibles, même si, au bout du compte, un seul des 13 matchs prévus hier n'a pas pu être disputé.

« Premièrement, il y a les gens qui n'achètent pas de billet le jour même en voyant qu'il va pleuvoir. Il y a ceux qui ont un billet, ou qui se sont fait inviter, et qui ne viennent pas. Ce sont les revenus sur le site que l'on perd. Il y a ceux qui n'ont pas aimé leur expérience et qui n'achèteront pas de billet pour l'an prochain.

« Juste pour cette fin de semaine, aux qualifs, on invite les gens. Dimanche, c'était une superbe journée. On avait environ 12 000 personnes sur le site. Juste dans les casse-croûtes, on a eu des revenus de 80 000 $. Samedi, il a plu, et c'était une fraction de ça. »

Lapierre a également mentionné les conséquences sur les diffuseurs. Il estime d'ailleurs que ces derniers sont plus susceptibles que les joueurs, par exemple, d'exercer de la pression pour un toit.

Enfin, on pourrait y ajouter une conséquence à la fois sportive et humaine. Les averses ont forcé le report du match de la Québécoise de 19 ans Françoise Abanda. Elle devait vivre l'expérience de jouer sur le central hier soir ; elle devra plutôt jouer sur le terrain secondaire, le terrain Banque Nationale, en début de soirée.

Le report de son match fait en sorte que les trois Québécoises inscrites au tournoi seront en action aujourd'hui, puisque Aleksandra Wozniak se produira sur le central à 12 h 30. Un match suivi par celui d'Eugenie Bouchard.

ENCORE DU TRAVAIL

Avant que Montréal ne rejoigne New York, Londres, Melbourne, Madrid et Shanghai parmi les villes dotées d'un toit pour le tennis, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

« Il reste encore beaucoup de travail à accomplir, a estimé Lapierre. Nous n'avons toujours pas de date, ça ne reste qu'un projet. »

Lapierre a admis ne pas avoir de prix encore, mais dit mieux connaître les coûts des projets similaires ailleurs dans le monde. Cela dit, Lapierre est clair : « La tendance est là. »

« On a peut-être l'impression que d'ici 10-15 ans, tous les grands tournois auront un toit. On a vu Wimbledon, l'Australie, le U.S. Open cette année. Roland-Garros essaie d'avoir un toit depuis plusieurs années. Madrid en a un dans les Masters. Je parlais à des Italiens cette semaine, on me disait qu'il y avait un projet à Rome. »

Lapierre a également rappelé qu'un toit permettrait d'organiser des événements autres que de tennis au stade Uniprix.

QU'EN PENSENT LES JOUEUSES ?

La question du toit était bien présente dans les points de presse des différentes joueuses en action hier.

« Ça serait vraiment bien de l'avoir, mais c'est tellement cher, a répondu la Tchèque Barbora Strycova. Il y a maintenant un toit à Wimbledon et aux Internationaux des États-Unis. Mais tu dois vraiment être bonne pour avoir le privilège de jouer sous le toit ! J'aimerais bien qu'il y en ait davantage.

« Par exemple, Petra [Kvitova] est dans la session de soir et elle ne jouera pas avant 22 h [son match a commencé vers 21 h]. C'est difficile. Ça serait bien, mais on a besoin de plus de commanditaires ! »

« On dirait qu'il a plu plus que d'habitude dernièrement, a ajouté la Française Caroline Garcia. C'est triste de voir des matchs remis pour les joueurs, les spectateurs et les organisateurs. Mais un toit coûte beaucoup de sous. On ne peut pas s'attendre à ce que tous les tournois en aient un. Plusieurs n'ont pas les moyens. »

L'Américaine Madison Brengle, elle, a apporté un son de cloche différent. « Je ne me préoccupe pas trop de la logistique. La seule place où j'aimerais voir un toit, c'est à Pékin, pour nous éviter de respirer l'air empoisonné ! »