Serena Williams n'est plus qu'à un match du record des 22 victoires en Grand Chelem de Steffi Graf et on voit mal comment Angelique Kerber, une autre Allemande, pourrait l'empêcher de la rejoindre, samedi en finale des Internationaux d'Australie.

Bien sûr, on disait la même chose il y a quatre mois, avant les Internationaux des États-Unis. L'Américaine avait gagné les trois premiers titres majeurs de la saison et semblait intouchable. Elle avait pourtant perdu à New York, dès les demi-finales, contre l'Italienne Roberta Vinci, une joueuse nettement moins bien classée que Kerber (43e contre 6e).

Après cet échec retentissant qui la privait du Grand Chelem, Williams a pris une longue période de repos. Elle en est revenue encore plus forte, si c'est possible à 34 ans. Pour qui ne la croirait pas sur parole, ses six premiers matchs à Melbourne parlent pour elle. Aucune manche perdue, 2,6 jeux cédés par set en moyenne, 46 aces, 83% de réussite au filet, les statistiques sont impressionnantes. «Je suis plus régulière et plus stable mentalement. Je crois que c'est le meilleur tournoi du Grand Chelem que j'ai joué depuis un an», dit-elle.

Record absolu, 24, par Margaret Court

Elle n'avait pas un tableau facile, si toutefois l'expression conserve un sens dans le cas d'une championne aussi dominatrice. La Russe Maria Sharapova, joueuse en activité qui possède le palmarès le plus prestigieux après celui de Williams, a été corrigée 6-4, 6-1 en quarts de finale. C'était sa 18e défaite d'affilée contre la numéro 1 mondiale.

Consciente de l'ampleur de la tâche, Kerber s'accroche à l'inusable: «Je n'ai rien à perdre». Comme «la plupart des gens pensent que Serena va gagner» elle pourra jouer «sans pression», pense-t-elle. Pas sûr, car une première finale de Grand Chelem est toujours intimidante, surtout face à une telle championne, et il n'est jamais facile d'y donner le meilleur de soi-même.

L'Allemande, âgée de 28 ans, peut toutefois s'appuyer sur sa victoire de 2012, à Cincinnati, sa seule en six matches contre l'Américaine, pour y croire un peu. «Je l'ai battue une fois, je sais donc que je peux le faire», a dit la joueuse, qui a reçu un message d'encouragement de l'actuelle détentrice du record.

Ce dernier concerne uniquement l'ère Open, commencée en 1968 quand les amateurs et les professionnels ont été autorisés à jouer les mêmes tournois. Le record tout court appartient à l'Australienne Margaret Court-Smith avec 24. Rien ne dit qu'il tiendra jusqu'à la fin de la saison.

Photo Shuji Kajiyama, AP

Angelique Kerber