Novak Djokovic ne parvenait pas à trouver ses clés.

Seul dans un stationnement à l'extérieur du stade Arthur Ashe vers 2h du matin, lundi, quelques heures après la conquête de son troisième titre majeur en 2015 et de son 10e en tout, Djokovic se tenait là, incapable de déverrouiller la voiture qu'il a utilisée ces deux dernières semaines pour faire le déplacement entre le site du tournoi et l'hôtel près de Central Park où il est demeuré avec son épouse et leur fils de 10 mois.

Il s'est avéré qu'un membre de son entourage avait accidentellement pris les clés en ramassant les sacs de Djokovic.

Djokovic s'est donc résolu à contrecoeur de faire le trajet dans une voiture de service des organisateurs du tournoi, ce que d'ailleurs la plupart des joueurs font. Mais le Serbe de 28 ans préfère pour sa part être dans le siège du conducteur, une métaphore appropriée de ses ambitions en Grand Chelem.

«Ça me donne un peu de temps pour moi, pour me détendre. Écouter de la musique, tout en méditant. J'aime conduire ici, parce que je n'ai pas beaucoup d'autres occasions de le faire tout au long de l'année, a commenté Djokovic.

«J'avais vraiment très hâte de faire ce trajet en champion du court à l'hôtel, a-t-il ajouté en riant. Je suppose que ce n'était pas ainsi que ça devait se passer.»

Djokovic avait la voix enrouée et il a toussé à quelques reprises pendant l'entrevue accordée à l'Associated Press après s'être livré à la ronde des entrevues télévisées dans le cadre des émissions matinales.

Il a gagné du terrain sur le record de 17 trophées du Grand Chelem de Roger Federer. Djokovic a gagné les trois précédentes confrontations en finale d'un tournoi majeur. Inversez ces résultats et Federer aurait un avantage de 20-7.

Djokovic est désormais installé à égalité au septième rang de l'histoire pour le plus de titres du Grand Chelem: Pete Sampras (14), Rafael Nadal (14), Roy Emerson (12), Bjorn Borg (11) et Rod Laver (11) sont les seuls autres devant lui.

«Je mentirais si je disais que je ne vise pas de peut-être au moins égaler ou de surpasser certains joueurs comme Pete ou Nadal, même si Nadal joue encore et qu'il a donc encore une chance d'augmenter son total, a déclaré Djokovic, qui s'est assuré de terminer l'année au premier rang mondial pour la quatrième fois de sa carrière.

«Je ne veux pas en rester là et, si je parviens à poursuivre ma carrière encore longtemps, j'ai une véritable chance d'en gagner quelques autres en continuant de faire ce que je fais.»

Après avoir assisté à la victoire de Djokovic aux dépens de Federer (6-4, 5-7, 6-4, 6-4) dimanche soir, Mats Wilander, qui a remporté trois titres majeurs en 1988, a souligné que Djokovic peut connaître du succès, peu importe la surface, peu importe le style de jeu et contre n'importe quel adversaire.

Federer est du même avis.

«Il est très régulier. On dirait qu'il n'y a pas beaucoup de gars qui peuvent lui tenir tête. Il a perfectionné son jeu sur les courts en dur, pas de doute à ce sujet. Il a toujours été un grand joueur sur terre battue. Et parce qu'il se déplace comme il le fait, il est solide et constant maintenant sur le gazon, a dit Federer. Le moins que l'on puisse dire, il est très impressionnant.»

Djokovic a rejoint Federer (2004, 2006, 2007) et Laver (qui a remporté un vrai Grand Chelem en 1969) parmi les seuls joueurs masculins de l'ère moderne à avoir accédé à la finale des quatre tournois majeurs la même année.

Le palmarès de Djokovic en Grand Chelem cette saison est de 27-1. Il a subi sa seule défaite contre Stanislas Wawrinka en finale des Internationaux de France.

Il a été attentif à ce que Serena Williams a vécu à New York. L'Américaine s'est présentée aux Internationaux des États-Unis en quête d'un Grand Chelem la même année, mais elle a subi l'élimination en demi-finale.

Djokovic, incapable de gagner les Internationaux de France, n'est jamais parvenu à mi-chemin d'un tel Grand Chelem.

«Il y avait une pression énorme sur elle... et vous pouviez le ressentir pendant sa demi-finale, a mentionné Djokovic. Mais cela prouve qu'elle est seulement humaine et que cela peut arriver, même à elle, l'une des athlètes les plus dominantes dans l'histoire du sport.»