Wimbledon n'est probablement jamais aussi beau dans une année qu'il l'est en ce moment, à quelques heures du début du tournoi. La plupart des joueurs sont là depuis quelques jours déjà et s'entraînent sur les courts annexes de l'All England Lawn Tennis Club.

Plusieurs participaient à une fête, jeudi soir. Eugenie Bouchard y était. Serena Williams aussi.

Au Canada, tout le monde s'inquiète de la santé d'Eugenie en espérant qu'elle puisse l'avoir retrouvé avant son premier match, mardi. Ici, à Londres, même si les exploits de la Québécoise en 2014 lui ont valu une belle réputation, les amateurs s'intéressent bien davantage à Serena.

L'Américaine, gagnante de 20 titres majeurs, est à mi-chemin d'un Grand Chelem dans la même année après ses succès en Australie et à Roland-Garros. L'exploit n'a été réalisé que trois fois dans l'histoire du tennis féminin, par Steffi Graf (1988), Margaret Court (1970) et Maureen Connolly (1953).

Williams avait déjà détenu les quatre titres majeurs simultanément en 2003 - avec des victoires successives à New York en 2002, puis à Melbourne, à Paris et à Londres en 2003 - et pourrait répéter l'exploit dans deux semaines.

«J'ai déjà mon «Serena Slam» et je peux en accomplir un autre ici», a-t-elle convenu, cette semaine, en entrevue à la télé britannique. Mais ce serait bien d'avoir le «vrai» Grand Chelem, comme Steffi et aussi Rod Laver.

«Cela dit, je ne crois plus avoir quoi que ce soit à prouver au tennis. Chaque nouveau titre me comble de gratitude, bien sûr. Je réalise la chance que j'ai de pouvoir encore jouer de cette façon à mon âge. Mais ma véritable motivation demeure ma haine de la défaite!»

À 33 ans, Williams semble avoir finalement acquis une certaine «sérénité». Bien sûr, avec elle, on n'est jamais qu'à un appel litigieux des juges d'une crise «monstrueuse», mais Serena semble avoir appris à vivre avec la pression tout aussi monstrueuse qui vient avec des succès comme les siens.

La preuve: elle a remporté 12 des 13 dernières finales qu'elle a jouées en Grand Chelem! Et même si elle avoue que Wimbledon l'embête un peu comme un «monkey on [her] back» - elle n'a plus gagné ici depuis 2012 -, Serena assure qu'elle sait maintenant comment gagner à Londres... ou n'importe où.

Les «ambitions» de Bouchard

Ça nous ramène à Eugenie Bouchard. La Québécoise entreprend la «défense» de sa place de finaliste en 2014 dans des conditions difficiles. En panne de résultat cette saison, blessée à l'abdomen il y a quelques jours dans un match au tournoi d'Eastbourne, celle qui est maintenant 12e mondiale n'est la favorite d'aucun spécialiste à Wimbledon.

Bien malgré elle sans doute, Bouchard amorce le tournoi avec des ambitions modestes. À ce stade de sa carrière, la joueuse de 21 ans reste encore bien loin du niveau des toutes meilleures, Williams bien sûr, mais aussi Sharapova, Kvitová, Halep, Azarenka ou même Wozniacki.

Elle les rejoindra peut-être un jour, mais peut-être pas aussi.

Le bon côté des déboires d'Eugenie depuis le début de la saison, c'est qu'ils lui ont fait apprendre bien des choses sur le tennis, sur la vie et sur elle-même, comme elle l'a souvent répété au cours des derniers jours. À trop vouloir brûler les étapes, la Québécoise a sans doute changé trop de choses dans son entourage entre décembre 2014 et février 2015, et la période d'adaptation a visiblement été (et reste) plus compliquée qu'elle ne l'anticipait.

Après sa défaite au premier tour à Roland-Garros, Bouchard a pris les bouchées doubles - au point malheureusement de se blesser -, montrant qu'elle avait commencé à tirer les leçons des événements des derniers mois.

Ce n'est probablement pas à Wimbledon qu'elle récoltera les fruits de ces efforts, mais ils ne devraient pas tarder.