Serena Williams venait de remporter son deuxième tournoi majeur de 2015, la positionnant à mi-chemin de la conquête d'un véritable Grand Chelem, quand elle a avoué son penchant en vue de la finale masculine aux Internationaux de France, le lendemain.

Comme Williams, Novak Djokovic a déjà remporté les Internationaux d'Australie en janvier. Et comme Williams, il prenait part au match de championnat à Roland-Garros.

«Je souhaite une victoire de Djokovic, avait lancé Williams dans un éclat de rire samedi soir. Je ne veux pas porter tout le poids seule d'être à la conquête du Grand Chelem. Nous serions unis face au défi. Il serait comme mon frère.»

Hélas, moins de 24 heures plus tard, Stanislas Wawrinka défaisait Djokovic en quatre sets âprement disputés.

Ainsi, Wimbledon sera l'hôte du troisième tournoi majeur de l'année, à compter du 29 juin, et Williams est la seule qui possède encore la chance de signer le Grand Chelem au cours de la même année.

«C'est possiblement la plus difficile chose à accomplir en tennis, affirme l'entraîneur de Williams, Patrick Mouratoglou. Mais c'est faisable.»

Dans tout le battage entourant la conquête de la Triple Couronne d'American Pharoah au Belmont Stakes, il est pertinent de relever que l'accomplissement d'un Grand Chelem en tennis est un exploit rarissime. Seulement deux hommes et trois femmes ont réalisé le fait d'arme. Le dernier homme a été Rod Laver en 1969 et la dernière femme Steffi Graf en 1988.

On a demandé à Williams ce que représenterait pour elle l'accomplissement du seul exploit qui manque à son éloquent palmarès, qui comporte 20 titres en Grand Chelem et quatre médailles d'or olympiques.

«Oh mon dieu, ça ne manque pas à mon palmarès, a corrigé l'athlète âgée de 33 ans en agitant un doigt réprimandeur à l'endroit du journaliste qui lui a posé la question. J'ai réalisé un Grand Chelem à la Serena, et je suis proche d'un autre.»

C'est vrai. Williams a remporté les Internationaux des États-Unis en septembre dernier, de sorte qu'elle a gagné les trois derniers tournois majeurs.

La dernière femme qui a gagné quatre tournois majeurs d'affilée? Williams, évidemment. Elle a signé l'exploit en 2002 et en 2003, d'où l'appellation «Grand Chelem à la Serena».

Les puristes insistent pour dire qu'un Grand Chelem doit être obtenu au cours de la même année. Williams s'est fait demander ce qu'elle en pensait.

«Vous savez quoi? Je ne me prononce pas là-dessus. Vous autres, vous pouvez le faire, a-t-elle répondu. Je ne m'impose pas cette pression. C'est ce que je vous ai toujours dit sur le sujet et je respecte ma parole.»

La dernière femme qui a réalisé le doublé Australie-France a été Jennifer Capriati en 2001. Mais ses espoirs de Grand Chelem s'étaient évanouis en demi-finale de Wimbledon face à Justine Henin.

Une différence majeure: Capriati n'avait jamais enlevé les honneurs du tournoi de Wimbledon et elle ne l'a jamais gagné.

Williams, quant à elle, a déjà en poche cinq conquêtes à Wimbledon (2002, 2003, 2009, 2010 et 2012). Elle a été finaliste à deux reprises (2004 et 2008).