Encore une fois cette saison, les Canadiens Eugenie Bouchard et Milos Raonic obtiennent du succès en Grand Chelem et, s'ils le doivent surtout à eux-mêmes, le fait qu'ils aient tous deux un entraîneur réputé à leurs côtés est un atout évident.

Nick Saviano travaille avec Bouchard depuis huit ans déjà et connaît le jeu de la Québécoise mieux que quiconque. Ivan Ljubicic n'en est qu'à sa deuxième saison avec Raonic, mais son expérience de joueur lui permet de bien comprendre les défis qu'il affronte.

Hier, dans l'ombre, ils ont aidé les deux athlètes à préparer leurs importants matchs de quatrième tour à l'Omnium des États-Unis.

«Eugenie doit garder sa concentration»

Directeur d'une importante école de tennis, Nick Saviano en a surpris plusieurs cette saison en acceptant d'accompagner Eugenie Bouchard dans le circuit féminin. Plusieurs autres joueurs, et non les moindres, l'avaient sollicité auparavant, mais il avait toujours refusé.

Eugenie lui a évidemment donné raison, avec une progression extraordinaire et des performances exceptionnelles en Grand Chelem. À 58 ans, Saviano pourrait être le père, voire le grand-père de Bouchard et sa relation avec la jeune femme est très paternelle.

«Il peut être dur. Mais nous nous connaissons depuis longtemps déjà et il sait comment m'aborder», affirme Bouchard.

Très fier des performances de sa joueuse, Saviano croit toutefois qu'elle a encore une grande marge de progression devant elle. « Elle a encore montré cette semaine que la pression des grands tournois ou des grands stades ne la dérange pas. C'est une de ses grandes qualités, et cela lui a permis d'arracher la victoire dans ses deux derniers matchs.

«Ce n'est toutefois pas suffisant pour gagner un tournoi du Grand Chelem, a poursuivi l'entraîneur. Depuis le début de l'Omnium, Eugenie a parfois joué de l'excellent tennis, mais aussi du très mauvais. Deux fois, elle a perdu sa concentration après un excellent début de match et cela l'a placée dans des situations difficiles.

«Eugenie est à son mieux quand elle attaque et dicte le rythme du jeu. Elle doit rester bien concentrée sur son plan de match, bien choisir aussi les coups pour attaquer. Samedi [contre Zahlavova Strycova], elle a souvent fait de mauvais choix et passé à côté de plusieurs chances de terminer les points.

« C'est un apprentissage, bien sûr, et Eugenie est déjà bien en avance sur la plupart des joueuses dans ce domaine. Mais c'est aussi ce qui la sépare encore des meilleures... »

«Milos a parfois tendance à se compliquer la vie»

Milos Raonic a connu plusieurs entraîneurs au cours de sa carrière, mais aucun n'avait un passé de joueur comme Ivan Ljubicic. Le Croate de 35 ans n'a mis un terme à sa carrière qu'en 2012. Demi-finaliste à Roland Garros en 2006, il a déjà atteint le troisième rang mondial, même s'il avait la réputation de pratiquer le tennis « en dilettante ».

Il ne faut donc pas se fier à l'apparence sévère du colosse de 6 pi 4 po. « C'est vrai que j'ai toujours considéré qu'il est important de ne pas prendre les résultats trop au sérieux », a-t-il raconté en entrevue.

« Une carrière est longue ; il y a de bons moments et de moins bons. À la fin, on ne se souvient que de ceux qu'on veut... », poursuit Ivan Ljubicic.

C'est un peu pour sa connaissance du circuit et parce qu'il a des origines similaires (il est né au Monténégro) que Raonic a choisi Ljubicic. « Il me comprend de bien des façons, a-t-il expliqué en conférence de presse. Pas nécessairement à cause de notre culture commune, même si cela aide un peu, mais surtout parce que nous passons beaucoup de temps ensemble et qu'il s'adapte à mes besoins.

« Il m'aide surtout, avec Ricardo [Piatti, son deuxième entraîneur], à bien comprendre ce que je dois faire pour atteindre mon meilleur niveau, à bien choisir mes priorités, aussi bien sur le court qu'à l'extérieur. »

Très cartésien, Raonic est parfois même un peu trop « comptable » au goût de son entraîneur. « Milos a parfois tendance à se compliquer la vie, estime Ljubicic. À l'entraînement, il calcule toujours le temps qu'il consacre à ses forces et à ses faiblesses, alors que j'aurais envie de le voir se concentrer sur ce qu'il fait bien.

« Même en travaillant beaucoup, il ne deviendra jamais qu'un joueur moyen dans certains secteurs du jeu. Mais il est déjà l'un des meilleurs au service et son coup droit est excellent. Ce sont ces coups qui lui font gagner des matchs ! »