Il était minuit trente, vendredi, quand Eugenie Bouchard s'est présentée devant les quelques journalistes qui l'attendaient encore. «C'est la conférence de presse la plus tardive que j'ai jamais donnée, a-t-elle constaté. Ça aussi, ça fait partie de l'expérience de jouer aux Internationaux des États-Unis, en soirée, sur le court Arthur-Ashe...»

Les yeux de la Montréalaise s'illuminaient encore quand elle racontait sa découverte de la plus grande scène du tennis. «C'était vraiment spécial. Ils ont fait jouer la musique de Genie in a Bottle pendant l'échauffement et je me suis dit: «Cool, tout se passe bien jusqu'ici...» Et ils l'ont encore fait jouer à la fin du match.»

Bouchard pourrait bien entendre la chanson encore ce soir, puisqu'elle aura le rare honneur de jouer un deuxième match d'affilée sur l'imposant court central, à 19h cette fois, face à la Tchèque Barbora Zahlavova Strycova.

La jeune femme de 20 ans a évidemment été impressionnée par la taille de ce stade de plus de 23 000 places. «J'avais pu m'échauffer vers 18h, avant l'arrivée des spectateurs, de façon à trouver mes repères, mais c'est très différent avec la foule. Et on réalise la taille du stade quand on fait nos services. Habituellement, on découvre vite le ciel quand on lance la balle; ici, on voit des gens, des gens et encore des gens avant d'arriver au ciel, tout en haut! Rien ne se compare à cela.»

La joueuse de 20 ans a aussi apprécié l'ambiance. «Il y a beaucoup plus de bruit qu'à Roland-Garros ou Wimbledon, c'est certain. C'est continuel, même pendant le jeu, et les pauses ressemblent à des partys, avec de la musique très forte et les spectateurs qui crient.»

Et ce n'était encore qu'un match de deuxième tour, avec une foule de plus en plus dispersée à mesure que la soirée avançait. L'ambiance promet d'être encore plus folle ce soir!

Des choses à corriger

Au-delà de la découverte du central, la soirée a aussi été positive avec une victoire spectaculaire contre une adversaire très méritante. La Roumaine Sorana Cirstea est bien meilleure que ne l'indique son 80e rang actuel et elle a souvent bousculé Bouchard, en deuxième manche notamment.

La Québécoise en a pris bonne note. «Je n'étais assurément pas à mon meilleur niveau, même si je suis heureuse d'avoir pu offrir une performance solide. Elle [Cirstea] a très bien joué, surtout en deuxième manche, et cela m'a amenée à retenir un peu mes coups.

«Elle retournait beaucoup de balles et j'étais frustrée de ne pas lui causer plus d'ennuis avec mes coups d'attaque. En fait, j'avais l'impression qu'elle savait toujours où j'allais frapper mes coups. J'étais peut-être trop prévisible et c'est sûrement quelque chose sur lequel nous allons devoir travailler avant mon prochain match.»

Rentrée à l'hôtel au petit matin, Bouchard était déjà de retour sur les courts à 13h15 pour une séance avec toute son équipe. Elle a beaucoup travaillé les enchaînements. «Il va falloir que je sois moins hésitante, a-t-elle concédé. Je devrais normalement être en mesure de monter plus souvent au filet pour terminer les points. Cirstea m'a empêchée de le faire jeudi, mais j'espère corriger cela à mon prochain match.»

Eugenie connaît justement bien Zahlavova Strycova, la 30e favorite, qu'elle affrontera aujourd'hui au troisième tour. «Cette saison, j'ai joué contre elle au premier tour à Nuremberg [un tournoi qu'elle a remporté]. Elle ne frappe sûrement pas aussi fort [que Cirstea], mais peut retourner beaucoup de balles, un peu comme mon adversaire de jeudi soir l'a fait.

«C'est une joueuse d'expérience et elle peut varier son jeu davantage. Je devrai être plus agressive que je ne l'ai été jeudi soir, me concentrer davantage sur mon jeu. Ce sera sûrement l'aspect le plus important de mon plan de match.»

Sylvain Bruneau, capitaine de l'équipe canadienne de Fed Cup qui appuie l'entraîneur Nick Saviano à New York, notait vendredi: «Eugenie a progressé tous les jours à l'entraînement depuis jeudi dernier et c'est évident qu'elle a aussi progressé entre ses deux matchs.

«Et c'est une bonne chose qu'elle ait été obligée de se battre contre Cirstea, tôt dans le tournoi, comme elle l'avait déjà fait chaque fois en Grand Chelem plus tôt cette saison. Elle sait déjà qu'il n'y a rien d'acquis en tournoi majeur et que chaque match est plus difficile que le précédent.»