«C'est le tournoi le plus dangereux de l'année», tranche Rafael Nadal.

Soit, le numéro un mondial n'a pas fait mieux que le deuxième tour à Wimbledon depuis deux ans. Mais il n'est pas le seul membre du quatuor-vedette du tennis masculin à désigner l'All England Club comme le club de tennis le plus redouté des favoris en début de tournoi. «Nous sommes un peu plus vulnérables», confirme Roger Federer, éliminé au deuxième tour l'an dernier alors qu'il était champion en titre. «Vous ne vous sentez pas à l'aise», renchérit Novak Djokovic, qui a pourtant atteint le carré d'as à Wimbledon au cours des quatre dernières années.

Plus ancien et plus prestigieux tournoi de tennis au monde, Wimbledon est le seul tournoi du Grand Chelem disputé sur gazon, une surface sur laquelle les meilleurs joueurs n'ont pas grandi et ne jouent qu'un seul mois par année, souvent moins. Résultat : ils se sentent vulnérables en début de tournoi, alors que leurs adversaires, éliminés plus tôt à Roland-Garros, ont bénéficié d'une plus longue préparation sur gazon.

Cette vulnérabilité s'estompe à mesure que le tournoi progresse : ensemble, Nadal, Djokovic, Federer et Murray ont gagné les 11 derniers tournois de Wimbledon. Mais c'est aussi au All England qu'ils ont subi leurs défaites les plus surprenantes en début de tournoi. Depuis 2012 (au cours des 10 derniers tournois du Grand Chelem, en fait), les quatre joueurs ont toujours atteint le troisième tour de tous les tournois du Grand Chelem, sauf à trois reprises - chaque fois à Wimbledon (deux fois pour Nadal, une fois pour Federer).

Si le gazon de Wimbledon est moins rapide qu'aux années de Becker, Edberg et Sampras, la surface doit toujours être apprivoisée, surtout en début de tournoi. «Le gazon est plus frais, nous n'y sommes pas habitués, dit Federer, sept fois vainqueur de Wimbledon, un record qu'il détient avec Pete Sampras. Plus le tournoi progresse, plus ça ressemble à un terrain de terre battue et de surface dure, mais avec du gazon par-dessus. C'est plus facile de bouger, la balle bondit plus haut, la surface devient plus familière.»

«Le service et le retour sont différents. Il faut être plus combatif que d'habitude, essayer de venir au filet quand c'est possible», ajoute Nishikori.

UNE SEMAINE DE PRÉPARATION DE PLUS EN 2015

L'une des raisons pour lesquelles les favoris se sentent vulnérables : les deux semaines entre Roland-Garros et Wimbledon ne leur permettent pas de se reposer et de se préparer adéquatement. «À Roland-Garros et aux Internationaux des États-Unis, nous avons joué un mois auparavant sur la surface», dit Rafael Nadal.

Pendant ce temps, certains joueurs moins bien classés peuvent disputer jusqu'à deux tournois sur gazon et arrivent prêts au All England Club. «C'est pourquoi c'est si dangereux dans les premiers tours, dit Djokovic. Vos adversaires sont moins bien classés, mais ils ont joué un ou deux tournois sur gazon, ils n'ont rien à perdre.»

Première tête de série cette année à Wimbledon, Djokovic n'a pas disputé de tournoi préparatoire sur gazon depuis 2010. Il pourra enfin le faire l'an prochain, alors qu'il y aura trois semaines au lieu de deux entre Roland-Garros et Wimbledon. Les favoris ne disputent jamais de tournois la semaine précédant un Grand Chelem, et très rarement la semaine suivant un Grand Chelem (l'exception étant la semaine après Roland-Garros pour Federer, Murray et Nadal cette année).

«J'étais en faveur de ce changement, car c'est très important d'avoir plus de jours d'entraînement et de disputer un tournoi préparatoire sur gazon avant Wimbledon», dit Djokovic.

Peut-être que les favoris se sentiront moins vulnérables l'an prochain. Mais pour l'instant, toute leur attention est portée sur le tournoi qui commence demain au All England Club. «Ce n'est pas si évident que les [quatre premiers favoris] vont se rendre dans les rondes finales du tournoi», prévient Djokovic.