Le pire sentiment qu'un joueur de tennis puisse éprouver après une défaite? Savoir qu'avec une seule décision, un seul coup, un seul point différent, la victoire aurait été assurée.

Aleksandra Wozniak ne se souvenait plus de la dernière fois où elle s'était fait rappeler que la victoire, au tennis, ne tient parfois littéralement qu'à un point. Et puis mardi, au premier tour de Roland-Garros, l'athlète québécoise avait la 26e raquette mondiale, Sorana Cirstea, dans les câbles.

Elle n'était qu'à un point de la victoire en fin de deuxième manche, mais Cirstea l'a surprise avec un service brossé, et elle a raté son retour de service. «Son choix de service m'a surpris», a dit Wozniak, qui a finalement perdu le jeu. Puis, la deuxième manche. Une demi-heure plus tard, les deux joueuses rentraient au vestiaire: Cirstea avait éliminé Wozniak en trois manches de 6-7 (3), 7-5 et 6-2.

«Ça fait mal, dit Wozniak. À la troisième manche, je me suis laissée distraire avec ce point de match-là. On est humain, malheureusement.»

«J'ai essayé de penser à autre chose»

Après sa balle de match à 5-4, Wozniak, 149e au monde, a perdu 9 des 11 jeux suivants. Un passage à vide qui ne pardonne pas à ce niveau - et qui n'est pas étranger à cette fameuse balle de match. «J'ai essayé de penser à autre chose, a mentionné l'athlète de 26 ans. Normalement, je pense à autre chose quand je rate une balle de match, mais j'y pensais un peu durant le troisième set. Tu essaies de revenir à tes repaires du premier set, mais ce n'est pas évident. Ça faisait longtemps que je n'avais pas été dans une situation comme celle-là.»

Ce fameux point à 5-4 à la deuxième manche compliquera les prochaines semaines de Wozniak. Certes, en atteignant le deuxième tour, sa bourse serait passée de 24 000 à 42 000 euros, mais ce n'est pas le plus important. Comme les tournois du Grand Chelem sont les plus importants de la saison, elle aurait amassé au moins 70 précieux points au classement en gagnant ce match - et qui sait, peut-être davantage si elle avait pu gagner contre la Brésilienne Teliana Pereira, 94e au monde, au deuxième tour.

Et des points au classement, Wozniak a en besoin si elle veut revenir au sein de l'élite mondiale. À l'écart des terrains durant un an en raison d'une blessure à une épaule, l'athlète de Blainville a pu profiter d'un classement protégé durant quelques mois, mais plus maintenant.

Actuellement 149e mondiale, elle doit passer par les qualifications des tournois d'envergure pour se frotter aux meilleures. À Roland-Garros, elle a gagné ses trois matchs de qualifications pour atteindre le tableau principal. Elle devra passer par le même chemin pour participer à Wimbledon, le mois prochain.

Déçue du résultat à Roland-Garros - le seul tournoi du Grand Chelem où elle a atteint le quatrième tour au cours de sa carrière, quand elle faisait partie du top 25 mondial en 2009 - ,  Wozniak tente néanmoins de mettre les choses en perspective.

«J'étais contente que mes efforts à l'entraînement aient paru durant mes matchs, surtout que je n'avais pas joué durant deux ans sur la terre battue. J'ai joué un bon niveau de tennis. Ça prouve que je me rapproche de mon niveau d'avant, que je peux rivaliser avec ces filles-là. D'un côté, c'est positif», a dit Wozniak, qui a atteint la quatrième ronde du Masters d'Indian Wells en mars dernier, en défaisant au passage deux joueuses du top 25. «Je me sentais aussi à l'aise (mardi) qu'à Indian Wells, a-t-elle souligné. J'étais à un point de gagner, je suis déçue de ne pas avoir pu le convertir. Nous avons joué un bon match, mais il me faudra saisir le moment la prochaine fois.»