C'est tel un ouragan qu'Eugenie Bouchard a mené le Canada à la victoire, ce week-end, dans la rencontre de premier tour du groupe mondial II de la Fed Cup contre la Serbie, disputée au centre Claude-Robillard.

La Montréalaise a facilement enlevé le point décisif, dimanche midi, avec une victoire expéditive de 6-0, 6-3, contre Vesna Dolonc (117e mondiale).

Le dernier simple a été annulé, et dans le double disputé pour l'honneur, les Ontariennes Gabriela Dabrowski et Sharon Fichman se sont inclinées 6-2, 3-6, 8-10, devant les Serbes Jovana Jaksic et Nina Stojanovic, portant ainsi le pointage final à 3-1.

«C'est une sensation différente de jouer pour son pays, mais c'est aussi très satisfaisant», a raconté Bouchard en conférence de presse, entourée par plusieurs des nombreux toutous qu'elle a reçus ce week-end. «Il y en a plusieurs qui représentent des animaux canadiens, a-t-elle ajouté, visiblement amusée. En Australie, j'avais eu des animaux de ce pays, mais là, j'ai un ours polaire, un chien husky, un caribou... Si ça continue, je devrai prendre une chambre de la maison pour les entreposer!»

«Aller loin»

Après avoir balayé Jovana Jaksic, 6-1, 6-0, samedi en 50 minutes, Eugenie a encore réglé son match en moins d'une heure. Elle n'a ralenti (un peu) qu'en début de deuxième manche. Menée 0-40 dans le cinquième jeu, elle a aligné 11 points d'affilée pour prendre définitivement l'avantage et se sauver avec la victoire.

«Je suis un peu sortie du match mentalement au début de cette manche, a avoué Bouchard. Je me suis toutefois vite regroupée, et j'en suis fière. J'aime le rôle de meneuse de cette équipe et je pense que mes performances peuvent aider à inspirer mes coéquipières.

«Aleks (Wozniak) a bien fait dimanche dans le premier match et cela m'a motivée pour le mien. Aujourd'hui, c'est moi qui jouais en premier, ce que j'apprécie, et j'ai pu finir le travail. Nous avons une bonne équipe, nous voulons aller loin, a assuré Bouchard. Mais nous allons prendre les rencontres une à la fois, un match à la fois, même.»

La 19e mondiale a déjà quitté Montréal, puisqu'elle doit en principe disputer son premier match au tournoi de Doha dès demain. À moins que la prochaine rencontre de Fed Cup soit encore disputée à Montréal, on ne reverra sans doute pas Eugenie au Québec avant la Coupe Rogers, cet été.

Les hommages du capitaine

Le Canada aura donc la chance de rejoindre l'élite du tennis féminin pour la première fois en 20 ans, les 19 et 20 avril, dans une rencontre de barrage. On connaîtra son adversaire demain matin (11h, GMT) à l'issue d'un tirage au sort tenu dans les bureaux de l'ITF, à Londres.

«Cela représente beaucoup pour le tennis canadien, a précisé le capitaine Sylvain Bruneau. Nous n'avons jamais été dans ce groupe mondial I, qui ne réunit que les huit meilleures équipes. Et nous le devons beaucoup à Eugenie.

«Ce qu'elle a accompli ce week-end est vraiment exceptionnel. Battre ses rivales comme elle l'a fait - après une semaine chargée et toute l'attention des médias et du public - démontre un talent exceptionnel. Et n'oubliez pas qu'elle va prendre un avion à 21h40 (dimanche soir) en direction de Doha et elle jouera mardi.

«Peu de joueuses du top 20 auraient accepté de sacrifier ainsi la préparation d'un gros tournoi afin de représenter leur pays. Eugenie est très patriotique, elle tient à défendre les couleurs du Canada et le fait chaque fois avec tout son coeur.»

Le capitaine serbe, Dejan Vranes, a lui aussi salué le talent de la Québécoise. «Bouchard est vraiment très forte, elle sera bientôt dans le top 10, a-t-il estimé. Nous étions privés de trois de nos meilleures joueuses, c'est difficile de bien faire dans ces conditions...

«Les Canadiennes ont toutefois mérité leur victoire et elles mériteraient d'être dans le groupe mondial I la saison prochaine.»