Le superbe parcours d'Eugenie Bouchard aux Internationaux de tennis d'Australie a pris fin jeudi à Melbourne. La Québécoise a été battue en demi-finale, 2-6, 4-6, par la Chinoise Li Na. Cette dernière, quatrième mondiale et double finaliste du tournoi (2011 et 2013), a tiré avantage de son expérience et n'a guère laissé de chances à sa jeune rivale.

Après avoir frôlé l'élimination au troisième tour, la Chinoise était devenue intraitable, ne cédant que six jeux dans ses deux matchs suivants. Contre Bouchard, elle a encore été particulièrement cruelle en début de match, prenant l'avance 5-0 en tout juste 15 minutes. Eugenie a réagi pour sauver deux jeux, mais Li a conclu la manche en 28 minutes.

La deuxième manche a été beaucoup plus indécise, les jeux s'éternisant et les échanges devenant plus tendus. Jouant avec moins de nervosité, Eugenie peinait quand même à percer la défensive de son adversaire et Li a tenu bon pour l'emporter en 86 minutes.

«Eugenie sera sûrement la meilleure joueuse du monde un jour, c'est incroyable ce qu'elle a accompli cette semaine, a souligné Li après sa victoire. Je suis désolée d'avoir déçu tous ses partisans...»

C'était le deuxième affrontement entre les deux joueuses, Li s'étant imposée 6-4, 6-4 au deuxième tour de la Coupe Rogers, à Montréal en 2012, quand Bouchard n'était encore qu'une junior. Jeudi, le match avait une autre signification, surtout pour l'aînée qui visait à 31 ans (bientôt 32) une autre troisième chance de s'imposer à Melbourne pour remporter son deuxième titre du Grand Chelem après celui qu'elle a enlevé à Roland Garros en 2012.

Li, qui n'a toujours pas perdu cette saison, affrontera en finale la Slovaque Dominika Cibulkova (20e), qui a défait la Polonaise Agnieszka Radwanska (5e) 6-1, 6-2 dans l'autre demi-finale.

Déçue, quand même

Bouchard a quitté le court central rapidement après le match, ne cachant pas sa déception après avoir eu des chances réelles de faire basculer le match en deuxième manche. Elle devrait toutefois vite se consoler.

À 19 ans, Eugenie vient pourtant de vivre les 10 jours les plus importants de sa jeune carrière. Elle est devenue la première Canadienne en 30 ans à atteindre les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem. Ses cinq victoires lui ont permis de toucher un chèque de près de 550 000 $ et de passer du 30e rang au top 20 du classement mondial féminin, ce qu'aucune Québécoise n'avait fait avant elle.

Désormais, elle fait partie des joueuses qui comptent sur un circuit féminin toujours en quête de nouvelles vedettes. Son talent, son assurance, son charme et le naturel qu'elle affiche quand elle répond aux questions des journalistes lui ont valu une couverture médiatique qui vaut des millions pour ses commanditaires, actuels ou futurs...

Et mercredi, c'est d'elle qu'on parlait le plus sur les médias sociaux associés aux Internationaux d'Australie, devant Rafael Nadal et Roger Federer. Le groupe d'amateurs australiens qui se sont baptisés «Genie's Army» sera désormais imité partout où Eugenie sera en action et sa popularité va croître rapidement. Même son «idole» Justin Bieber lui a envoyé ses encouragements, jeudi, par Twitter.

Photo: AFP

Li Na

Eugenie mesurera vite que sa vie a changé et elle a montré qu'elle avait déjà la maturité pour l'assumer avec aplomb.

Cela dit, la suite pourrait être plus compliquée. À seulement sa deuxième saison complète sur le circuit féminin, Bouchard doit encore faire ses classes. À l'exception des deux ou trois premières mondiales (et encore...), aucune joueuse ne peut espérer atteindre les demi-finales chaque semaine ou dans tous les tournois du Grand Chelem.

Eugenie ne pourra plus bénéficier de l'effet de surprise et sera plutôt une cible que toutes ses rivales auront envie d'épingler à leur tableau de chasse. Un peu comme Milos Raonic sur le circuit masculin, Bouchard va devoir faire l'apprentissage du sommet, gagner ses galons, avant d'espérer entrer dans le top 10, assurément son prochain objectif.

Cela n'exclut toutefois pas d'autres exploits, bien au contraire! On rêve déjà à ce qu'elle pourra faire cet été à Wimbledon, sur le gazon londonien où elle a déjà connu beaucoup de succès chez les juniors et la saison dernière.

Et celle qui aime représenter le Canada sur la scène internationale sera justement la chef de file de l'équipe canadienne de Fed Cup qui disputera une rencontre de premier tour du Groupe mondial II, les 8 et 9 février, au Centre Claude-Robillard contre la Serbie. Sa rivale des quarts de finale, Ana Ivanovic, pourrait être de la partie pour ce qui serait assurément un superbe match revanche.

Et ce serait bien étonnant que le très connaisseur public québécois ne réserve pas à sa nouvelle idole un accueil digne d'une championne!