Choyés par les performances des joueurs canadiens cette saison, les amateurs du pays se sont mis à rêver de nouveaux sommets pour nos meilleurs.

Le collègue Tom Tebbutt, qui tient un blogue sur le site de Tennis Canada, demandait récemment aux amateurs qui, de Milos Raonic ou d'Eugenie Bouchard, avait les meilleures chances d'atteindre le premier rang mondial. Vous devinez qui a eu le plus de votes? Eugenie!

La Québécoise n'est pourtant encore que 35e du classement féminin, alors que l'Ontarien est 11e, tout près d'une place dans le top 10. Mais c'est justement là que l'affaire devient plus difficile, surtout chez les hommes.

On l'a encore vu le week-end dernier, alors que Raonic n'a pas bougé d'un rang, même s'il a atteint une deuxième finale en deux semaines et qu'il a bien failli enlever un premier titre en Masters 500 (après quatre victoires en Masters 250). Déjà finaliste à Tokyo l'an dernier (battu par Kei Nishikori), le Canadien n'a finalement que défendu ses points.

Amélioration chez Raonic

Milos croit toutefois qu'il est en bien meilleure position qu'il y a un an contre les meilleurs, et sa fiche de 41-18 en témoigne éloquemment. «Je crois que je me suis amélioré dans plusieurs secteurs et que cela paraît chaque semaine», a-t-il expliqué dimanche, en conférence de presse.

«Je peux maintenant jouer à un excellent niveau et rivaliser avec les joueurs du top 10. Aujourd'hui (dimanche, en finale contre Juan Martin del Potro), je me suis créé plusieurs occasions. À l'exception d'une double faute et de quelques points, je ne crois pas que j'aurais pu faire beaucoup mieux. Il n'y a aucune raison d'être déçu de cette performance...»

Les 200 points qu'il aurait pu aller chercher risquent toutefois de compter lourd au début du mois de novembre quand on désignera les huit finalistes qui disputeront le Championnat du circuit ATP à Londres. Ils sont cinq - Raonic (11e), Richard Gasquet (10e), Jo-Wilfried Tsonga (9e), Stanislas Wawrinka (8e) et même Roger Federer (7e) - à prétendre aux dernières places qualificatives.

Milos aura besoin d'un exploit à l'un ou l'autre des deux tournois Masters 1000 encore au calendrier - cette semaine à Shanghai ou à la fin du mois à Paris - s'il veut avoir des chances d'aller à Londres.

En fait, l'athlète de 22 ans a de bonnes chances d'y être quand même, puisque les joueurs classés neuvième et dixième sont substituts. Mais ce n'est sûrement pas de cette façon qu'il entend faire son entrée chez les grands.

Bientôt le top 10 pour Bouchard

Et Bouchard? Elle est encore loin du Championnat du circuit WTA, certes, mais sa formidable progression laisse croire qu'elle pourrait percer le top 10 féminin plus vite qu'on le croyait.

Sa conseillère Nathalie Tauziat, une ancienne finaliste à Wimbledon, disait en début de saison qu'Eugenie devait «prendre du coffre» avant de penser à jouer les premiers rôles.

C'est exactement ce qu'elle a fait cette saison. Avec déjà 57 matchs disputés (35 victoires, 22 défaites), des affrontements contre les meilleures joueuses du circuit, la chance de découvrir tous les tournois importants qu'elle aura à disputer au cours de sa carrière, Bouchard a obtenu avec brio son «diplôme» de la WTA. Désormais, sa place est acquise.

Et au contraire de Raonic, la Québécoise a la chance d'évoluer sur un circuit où les joueuses entrent et sortent du top 10 sur une base régulière. Combien d'anciennes numéro un - Caroline Wozniacki, Jelena Jankovic ou Ana Ivanovic, entre autres - ont plongé au classement avant de rebondir?

C'est ce qui fait dire à plusieurs qu'Eugenie va progresser plus rapidement encore que Raonic et qu'elle a de meilleures chances d'atteindre le sommet. Le grand Milos risque de devoir encore affronter Nadal, Djokovic et Murray pendant plusieurs saisons, et ces trois-là sont bien installés en tête du classement.

Chez les femmes, à part l'éternelle Serena Williams, aucune joueuse ne semble à l'abri d'un déclin soudain, et même l'Américaine finira bien par se lasser.

Si elle continue de progresser au même rythme, Bouchard sera assurément parmi les prétendantes au trône.