Chaque fois qu'elle entre sur un court, Serena Williams est animée d'un «instinct du tueur» qui lui a permis d'enlever 54 titres en carrière, souvent dans des finales à sens unique. C'est justement de cette façon qu'elle a remporté le 54e, hier à Toronto, en écrasant la Roumaine Sorana Cirstea, 6-2, 6-0.

Après avoir battu trois joueuses du top 10 en route vers la finale, Cirstea affichait pourtant de grandes ambitions avant le match. Elle n'a pourtant fait illusion que pendant quelques jeux, grâce surtout à de beaux coups droits sur les lignes. Serena a gardé son calme, laissant passer la tempête avant d'entreprendre son travail de démolition et de filer vers son troisième titre à la Coupe Rogers.

«Ce n'est jamais facile, surtout dans ma position [la première], alors que toutes mes rivales veulent me battre, a rappelé Williams après sa victoire. J'étais nerveuse aujourd'hui, elle aussi visiblement, et c'est bien de l'être. Ce tournoi est l'un des plus importants de la saison et je suis contente de l'avoir encore gagné.

«Je suis contente de mon jeu, même si je sais que je devrai faire bien mieux au cours des prochaines semaines, à l'Omnium des États-Unis en particulier. J'essaie toujours de m'améliorer, je l'ai toujours fait et c'est ce qui explique que je sois encore là. Je crois pouvoir être encore meilleure.»

Beaucoup d'émotion au micro

De son côté, Cirstea était très déçue d'avoir été à ce point malmenée, au point d'éclater en sanglots au micro après le match. «Je suis toujours très émotive et j'aurais sûrement aussi pleuré si j'avais gagné, a raconté la Roumaine en conférence de presse. J'aurais aimé mieux faire aujourd'hui, mais Serena a le don de hausser son niveau quand cela devient important.

«Mon entraîneur m'a rappelé entre les deux manches que j'avais convaincu bien des gens de mon talent cette semaine et que je devais continuer d'y croire moi-même. J'aurai sûrement plus de facilité à le faire après cette semaine.»

Williams s'est d'ailleurs montrée réconfortante pour sa rivale. «J'aimerais avoir 23 ans comme toi, lui a-t-elle lancé, devant le public. Tu viens de connaître une belle semaine avec plusieurs victoires contre de très bonnes joueuses. Crois-moi, tu as un très bel avenir devant toi!»

Cirstea devrait atteindre le 21e rang mondial, son meilleur classement en carrière, et sa puissance fera d'elle une adversaire redoutable, dans deux semaines, à l'Omnium des États-Unis. Personne n'aura envie de l'affronter, sauf peut-être Serena...

À 31 ans, Williams n'a pourtant jamais paru aussi forte. Elle a d'ailleurs égalé hier son record personnel de huit titres en une saison, et ce serait bien étonnant qu'elle n'en ajoute pas quelques-uns au cours des prochaines semaines. Et n'allez pas lui parler de retraite.

«J'aimerais disputer encore ce tournoi l'année prochaine, à Montréal, et la suivante, à Toronto», a-t-elle assuré, au grand plaisir des organisateurs. Les gradins étaient souvent dégarnis cette semaine au Centre Rexall, et la présence de Williams a sûrement aidé à limiter les dégâts. Habituellement plus populaire à Montréal, le tournoi féminin n'en aura pas moins un attrait plus grand si elle est là l'année prochaine.