Plus connus pour leur habileté en hockey que pour leur maîtrise de la balle jaune, les Canadiens ont présenté un visage inédit à la Coupe Rogers de Montréal, résultat du travail en coulisse d'une poignée de Français.

Une finale entre la vedette locale Milos Raonic et Rafael Nadal (dimanche, 15 h), était un scénario inespéré encore récemment.

Outre la demi-finale 100 % canadienne qui a opposé samedi Raonic à la révélation du tournoi Vasek Pospisil, la compétition a été marquée par la présence de cinq Canadiens au deuxième tour, du jamais vu depuis 1972.

Ces performances surprenantes des Canadiens portent une marque française: celle de Louis Borfiga. Ancien entraîneur de Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils ou encore Sébastien Grosjean, Borfiga a quitté la Fédération française de Tennis en 2006 pour le Canada.

Nommé Directeur technique national, il a reçu le mandat de former les futures élites locales. Pour cela, il commence dès son arrivée par restructurer le centre de formation de la Fédération canadienne à Montréal.

«Quand je suis arrivé, il n'y avait pas de structures (mais) les dirigeants venaient de décider de mettre le paquet sur le haut niveau. C'est pour ça que tout a changé», raconte Borfiga à l'AFP.

Sport-études

D'entrée de jeu, il note que le complexe d'entraînement de Montréal ne dispose d'aucun terrain de terre battue: la Fédération canadienne suit ses recommandations et construit les nouveaux courts demandés. En tout, 13 millions de dollars ont été investis dans les rénovations, selon La Presse.

Borfiga crée notamment un programme sport-études pour encadrer les meilleurs prodiges du pays à partir de 15 ans.

«Je voulais bâtir des structures solides, avec un centre d'entraînement pour les moins de 12 ans, un programme pour les joueurs de transition (19, 20, 21, 22 ans)», se rappelle-t-il.

Parmi les joueurs pris en charge à partir de 19 ans, figure notamment Milos Raonic. En se qualifiant pour la finale de dimanche, ce dernier est devenu le premier Canadien à rejoindre le Top 10 de l'ATP.

Dans son périple canadien, Louis Borfiga entraîne son adjoint Guillaume Marx, qui dirigeait alors la formation des espoirs du tennis français à l'INSEP. Depuis 2007, il poursuit le même travail, mais au Canada où il a notamment accompagné dès ses 16 ans Vasek Pospisil. Surprise du tournoi, Pospisil a perdu en demi-finale samedi contre son compatriote Raonic. Pospisil, 71e du classement ATP, va gagner une trentaine de places grâce à sa performance montréalaise.

1re demi-finale de Coupe Davis depuis un siècle

Pour accompagner la montée en puissance de Pospisil, Borfiga a fait appel en décembre à un autre tricolore: Frédéric Fontang, ex-entraîneur de Jérémy Chardy (28e mondial).

«Cela fait un moment que Louis est là, il a apporté son savoir-faire, car c'est sûr que la Fédération française est bien structurée et que les entraîneurs sont bien formés (en France)», note Fontang.

Les résultats des réformes apportées au tennis canadien par ce petit cercle français se font aussi sentir en Coupe Davis. L'équipe nationale va disputer en septembre la deuxième demi-finale de son histoire, la première depuis... 1913.

Après avoir éliminé l'Espagne et l'Italie, la formation à la feuille d'érable, emmenée par Raonic, va défier la Serbie de Djokovic pour une place en finale.

Pour Julien Benneteau, 19e mondial, le travail accompli en sept ans par son ancien professeur Louis Borfiga devrait attirer l'attention dans l'Hexagone.

«La Fédération française de tennis (FFT) devrait prendre conscience des bons résultats qu'il a obtenus et devrait chercher à utiliser son talent», a lancé Benneteau cette semaine. «C'est dommage que la FFT n'ait pas cherché à le rappeler.»

L'intéressé, lui, n'envisage pas pour l'heure de retour en France. «Pour l'instant non, avec ces résultats...», dit-il à propos des performances de ses protégés. Avant d'ajouter: «Qu'ils (les dirigeants de la FFT) me le proposent, après on verra ...»