Dix ans après son premier succès à Wimbledon, Roger Federer rêve d'inscrire son nom pour la huitième fois au palmarès de son tournoi favori, comme Rafael Nadal vient de le faire à Roland-Garros.

Le Suisse, qui n'a pas l'habitude de laisser les autres écrire l'histoire à sa place, a envoyé un message à ses trois principaux rivaux, Novak Djokovic, Andy Murray et Rafael Nadal, en survolant le tournoi de préparation de Halle: à bientôt 32 ans et pour son quinzième Wimbledon, il est toujours «heureux de jouer, en forme» et animé de «la même motivation» pour conserver son titre.

Le hasard ne lui a pas facilité la tâche en plaçant sur sa route dès les quarts de finale Nadal, tête de série N.5 seulement, à cause de sa saison 2012 tronquée. Battu sur une jambe l'an passé dès le deuxième tour par le Tchèque Lukas Rosol, l'Espagnol arrive en pleine confiance après un extraordinaire début de saison - neuf finales dont sept titres en neuf tournois disputés - mais avec aussi au fond de lui la crainte que les exigences du gazon ne fassent de nouveau souffrir son genou fragile.

«Je suis prêt»

La perspective d'un quatrième duel avec Nadal à Wimbledon après leurs trois finales d'affilée (2006 et 2007 gagnées par le Suisse, 2008 par l'Espagnol) n'affole pas le champion helvétique, que rien ne peut plus perturber au moment de disputer son 55e tournoi du Grand Chelem d'affilée, à une unité d'un énième record, détenu pour peu de temps encore par le Sud-Africain Wayne Ferreira.

«Gagner un Grand Chelem n'est pas censé être facile. Pour y arriver, il faut de toute façon battre les meilleurs et je suis prêt», a dit Federer, qui entamera la conquête de son 18e Grand Chelem par un match contre le Roumain Victor Hanescu, lundi, sur l'herbe intacte du Central.

D'ailleurs Nadal n'est pas forcément l'adversaire que le Suisse considère comme le plus dangereux, pas plus que Novak Djokovic, même si le Serbe a été gâté par le sort avec la perspective d'une demi-finale abordable, en théorie contre l'Espagnol David Ferrer ou l'Argentin Juan Martin Del Potro. Le N.1 mondial, vainqueur de l'Open d'Australie en janvier, s'est reposé après sa demi-finale à Paris et fait figure de favori pour beaucoup.

Federer se méfierait plutôt en priorité d'Andy Murray. «C'est lui qui joue le plus naturellement sur cette surface», a-t-il dit.

Serena et les autres

Contrairement à Nadal, trop fatigué après Roland-Garros pour disputer un tournoi de préparation sur gazon, le Britannique a effectué un rodage idéal en remportant pour la troisième fois le Queen's. Il y a confirmé au passage sa supériorité sur le Français Jo-Wilfried Tsonga, l'un des principaux outsiders, qu'il pourrait retrouver en quarts de finale.

C'est par la faute de l'Écossais que Federer reste sur un mauvais souvenir sur le mythique Central. Trois semaines après la finale de Wimbledon, Murray avait pris sa revanche en privant Federer de la médaille d'or olympique en simple. Depuis, le Britannique est devenu encore plus redoutable en faisant sauter un verrou psychologique avec son premier succès en Grand Chelem à l'US Open.

S'il y a au moins quatre prétendants crédibles au titre chez les hommes, dans le tableau féminin, une seule joueuse écrase le tableau: Serena Williams. Alors que l'Américaine vient de s'imposer sur sa surface la moins favorable, à Roland-Garros, on ne voit pas qui pourrait l'empêcher de remporter son sixième Wimbledon et son 17e tournoi du Grand Chelem sur celle qu'elle préfère.

La course est très ouverte en revanche pour obtenir l'honneur de se faire battre en finale par la cadette des Williams, privée cette fois-ci du soutien moral de sa soeur Venus, absente. La plupart des candidates viennent d'Europe de l'est: la finaliste de l'an passé Agnieszka Radwanska, la Biélorusse Victoria Azarenka et bien sûr la Russe Maria Sharapova, dont le dernier succès face à Williams date de 2004, l'année de son seul succès à Wimbledon. Treize défaites allaient suivre.