À 27 ans, Rafael Nadal est entré dimanche dans la légende du tennis en devenant le premier joueur de l'histoire à remporter huit fois le même tournoi du Grand Chelem. L'Espagnol a enlevé son huitième titre des Internationaux de France devant son compatriote David Ferrer, 6-3, 6-2 et 6-3.

«C'est une de mes victoires les plus spéciales, c'est certain, a souligné Nadal en conférence de presse. L'an dernier, j'ai connu beaucoup de bas, et si ma famille et mon équipe n'avaient pas été là, ça aurait été impossible pour moi d'être là. Et c'est quand même incroyable ce que j'ai accompli ici depuis neuf ans...»

Considéré comme le plus grand joueur de l'histoire sur terre battue, Nadal détient tous les records à Roland-Garros, avec notamment une fiche de 59-1. Sa seule défaite est survenue en 2009, au quatrième tour, devant le Suédois Robin Soderling, quand ses genoux ont commencé à lui causer des ennuis.

La saison dernière, après avoir enlevé un septième titre record à Paris, il s'était absenté des courts pendant plus de sept mois après une défaite surprise à Wimbledon. Revenu au jeu en février, il a enlevé sept titres en neuf tournois avec une fiche de 43-2. Il vient de remporter ses 22 derniers matchs et est idéalement placé pour reprendre le premier rang mondial - son absence l'avait fait descendre jusqu'au cinquième rang - à son grand rival Novak Djokovic au cours des prochains mois.

«Le premier rang n'est pas mon objectif. Je suis en bonne position dans la course, j'ai plus de points [7000] que ce à quoi je rêvais, mais pour être numéro un en fin d'année, vous avez besoin de bien jouer pendant toute la saison. Je dois continuer à gagner.»

À plus long terme, Nadal peut rêver de rejoindre le Suisse Roger Federer au classement du Grand Chelem. Avec un 12e titre, il partage maintenant le troisième rang avec l'Australien Roy Emerson et n'est plus devancé que par Federer (17) et l'Américain Pete Sampras (14). Tout dépendra évidemment de ses fameux genoux.

«Parfois, je me sens bien, parfois moins, a-t-il confié après sa victoire. Mais il [son genou gauche] a résisté à des matchs durs, à une très rude bataille contre Djokovic vendredi, et aujourd'hui [dimanche] j'ai été à 100%. J'essaie de penser de manière positive, mais j'ai eu des doutes...»

Finale perturbée

Nadal n'a toutefois jamais douté, dimanche. Sans grande passion, perturbée par la pluie et par un manifestant «armé» d'un feu de Bengale, la finale n'a duré que 2h17 - la moitié du temps nécessaire à Nadal pour remporter sa demi-finale d'anthologie contre le Serbe Novak Djokovic.

«Rafael a mieux joué que moi, a dit Ferrer. Il a mieux servi et il a été très agressif du coup droit. Il n'a pas fait d'erreurs et il a été plus constant que moi. Je suis fier d'avoir fait cette première finale de Grand Chelem, même si j'aurais aimé mieux jouer...»

Nadal a salué son rival, qu'il a battu 20 fois en 24 matchs, dont les 19 derniers sur la terre battue. «C'est toujours difficile contre David. C'est un guerrier qui n'abandonne jamais. Quand on voit le pointage, ça peut paraître un match facile, mais ça ne l'était pas.»

Les deux hommes ont reconnu que l'arrivée inopinée d'un manifestant sur le court les a déconcentrés. «J'ai eu un peu peur au début, car je n'ai pas vu ce qui se passait, a expliqué Nadal. J'ai juste vu un gars avec un fumigène s'approcher. Personne ne peut empêcher ça, mais la sécurité a fait un travail fantastique. Les agents ont réagi très rapidement et ils ont été très courageux.»

D'autres manifestants présents sur les lieux ont tenté de déployer des bannières réclamant la démission du président français François Hollande.

Quelques heures après le match, un peu remis de ses émotions, Nadal a confirmé qu'il ne participerait à aucun tournoi avant Wimbledon afin de reprendre des forces. «Ce n'est pas idéal avec la transition sur le gazon, mais je vais essayer d'arriver en forme. Et même si je ne fais pas un bon Wimbledon, je suis maintenant dans une position qui me permet d'être un peu plus tranquille.»

Difficile de ne pas penser ainsi quand on est le roi de Paris!