Rafael Nadal aura la chance demain de réussir un exploit unique dans l'histoire du tennis en enlevant une huitième finale d'un même tournoi du Grand Chelem. L'Espagnol s'est qualifié hier pour le match ultime des Internationaux de France à Roland-Garros en prenant difficilement la mesure du numéro un mondial, le Serbe Novak Djokovic, en cinq manches de 6-4, 3-6, 6-1 et 6-7 (3) et 9-7.

Il affrontera demain son compatriote David Ferrer, cinquième mondial, qui jouera sa première finale en Grand Chelem après avoir battu facilement le Français Jo-Wilfried Tsonga - 6-1, 7-6 (3), 6-2 - dans l'autre demi-finale.

L'Espagnol a déployé sa parfaite maîtrise de la terre battue pour venir à bout d'un rival parfois plus brillant, mais moins régulier sur l'ensemble d'un match de près de quatre heures et 40 minutes qui n'était pas sans rappeler le marathon de près de six heures que les deux hommes s'étaient livré en Australie, en 2012, et que le Serbe avait enlevé.

«C'était un match plein d'émotions, a raconté Nadal en conférence de presse. J'avais perdu en Australie, cette fois, c'est pour moi. Aujourd'hui, c'est vraiment spécial. Ce n'était pas une finale, seulement une demi, mais il y avait tous les ingrédients qui font un grand match.»

Après avoir gâché ses chances en quatrième manche - Djokovic revenant de deux bris de service, dans le 12e jeu notamment quand son adversaire servait pour la victoire -, Nadal a dû à son tour combler un déficit dans la manche décisive, profitant d'une faute de filet de Djokovic dans le huitième jeu pour revenir à égalité.

Les deux joueurs ont ensuite gardé leur service jusqu'au

16e jeu, quand Djokovic, perturbé par la décision des officiels de ne pas arroser le court, trop sec selon lui, a perdu sa concentration. Le Serbe a commis trois fautes directes et offert la victoire à Nadal sur un plateau d'argent.

Ferrer a tout retourné

L'autre demi-finale a vite tourné au cauchemar pour Tsonga, qui aurait pu être le premier Français à atteindre la finale en 25 ans, le premier à gagner le tournoi depuis Yannick Noah, en 1983. Fidèle à lui-même, Ferrer a tout retourné et il a logiquement mérité son billet pour la finale.

Il n'a toutefois battu Nadal que quatre fois en 23 matchs et ne l'a plus fait depuis janvier 2011. «Je serai plus frais que lui», a noté Ferrer, comme pour se trouver une raison d'y croire... Ce sera la quatrième finale tout espagnole à Roland-Garros, la première depuis 2002.

Nadal, qui n'a subi qu'une défaite en 59 matchs à Roland-Garros, a porté sa fiche à 20-15 contre Djokovic et vengé la défaite que le Serbe lui avait infligée en avril, sur la terre battue, en finale du tournoi de Monte-Carlo. «Chaque victoire est spéciale pour moi ici et celle-là l'est peut-être encore plus que toutes les autres, a déclaré le vainqueur après le match. Novak est un grand champion et je sais qu'il remportera ce tournoi un jour.»

La défaite est cruelle pour Djokovic qui, déjà vainqueur de six titres en Grand Chelem - quatre en Australie, un à Wimbledon et un aux États-Unis -, voulait compléter son Grand Chelem en carrière avec une première victoire à Roland-Garros. Seulement sept autres joueurs - Fred Perry, Don Budge, Rod Laver, Roy Emerson, Andre Agassi, Roger Federer et Nadal - ont réussi cet exploit.

Alors qu'il rêvait d'honorer la mémoire de Jelena Gencic, l'entraîneuse qui l'a découvert lorsqu'il n'avait que 6 ans et qui est morte cette semaine, Djokovic devra plutôt digérer une cinquième défaite à Roland-Garros aux mains de Nadal...

«C'est incroyable d'avoir pris part à un tel match, mais je ne ressens que de la déception pour l'instant, a dit Djokovic. Je voulais tellement ce titre. Mais on ne nous donne rien dans le sport, il faut le mériter. J'ai encore plusieurs années devant moi et je vais revenir à Paris pour tenter de gagner ce tournoi.

«Rafa a montré du courage quand il le fallait et il est allé chercher les points importants. C'est pour cela qu'il est le champion, pour cela qu'il a les clés de Roland-Garros depuis autant d'années!»