Maria Sharapova a gagné le droit de défendre son titre samedi en finale de Roland-Garros mais devra sans doute réussir le match parfait pour résister à Serena Williams, encore intouchable jeudi.

Paris n'aurait pas pu rêver plus belle finale que celle opposant les deux grandes lionnes du tennis féminin avec Serena, numéro 1 mondiale sans pitié avec Sara Errani (6-0, 6-1), et Sharapova, sa dauphine au classement.

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Pour la première fois, Sharapova, qui a gagné une fois chacun des quatre titres du Grand Chelem, revient en finale d'un tournoi dont elle est la tenante du titre après sa victoire de 6-1, 2-6, 6-4 sur la Biélorusse Victoria Azarenka.

C'est assez étonnant que cela lui arrive à Roland-Garros, a priori le majeur qui lui est le moins favorable, sur une surface, la terre battue, où elle a longtemps eu, de son propre aveu, l'air d'une «vache sur une patinoire».

Mais elle a beaucoup progressé en termes de déplacement et si elle n'est pas devenue une véritable «terrienne», sa puissance est telle qu'elle est aujourd'hui devenue très difficile à battre sur la surface.

Et c'est grâce à ce cocktail qu'elle a dominé jeudi une partie entre deux joueuses au style similaire, cherchant tout le temps le coup définitif avec des grosses frappes à plat, en poussant des cris de mouette stridents.

Mais pour espérer battre Serena Williams, il faudra jouer mieux que ça, sans doute beaucoup mieux même, et commencer par éviter de servir 11 double-fautes et dilapider quatre balles de match comme face à Azarenka.

Car battre Serena Williams, seules trois joueuses y sont arrivées depuis un an (Azarenka, Stephens, Kerber), dont deux ont profité de la fatigue ou d'une blessure de l'Américaine pour triompher.

Série record en cours

Depuis sa défaite au premier tour de Roland-Garros face à Virginie Razzano il y a un an, Serena a gagné 70 matchs sur 73, dont les trente derniers, série record en cours, pour dix titres en treize tournois disputés.

Intouchable pendant la première semaine à Roland-Garros, elle n'a été bousculée qu'une fois depuis le début du tournoi, en quarts de finale par la Russe Svetlana Kuznetsova, avant de l'emporter 6-1, 3-6, 6-3.

Jeudi en revanche, elle n'a laissé aucune chance à Errani, finaliste sortante laminée en 46 minutes. Mettant d'entrée une énorme pression, elle a été impériale sur son service et ultra agressive en retour.

Errani a seulement réussi un seul jeu, au milieu du deuxième set, et elle a accueilli cet événement comme une victoire, en levant les bras au ciel.

Pour le reste, elle a été submergée par les frappes surpuissantes et précises de Serena qui a remporté 52 points contre 16 à l'Italienne.

«Je suis très contente aujourd'hui», a résumé, en français, Serena qui visera samedi un deuxième titre à Paris après celui de 2002.

On voit mal comment cette deuxième finale à Roland-Garros, 11 ans après celle gagnée face à sa soeur Venus, peut lui échapper.

Parce qu'elle est irrésistible. Et parce que Sharapova est archi-dominée dans leurs face-à-face (2-13) et qu'elle n'a plus battu Serena depuis neuf ans.

«Je mentirais si je disais que je m'en moque, ça n'a pas marché jusque-là, il faudra que je trouve autre chose», a dit la Russe qui réussira peut-être le plus bel exploit de sa carrière en devenant la première joueuse depuis Justine Henin en 2007 à conserver son titre à Paris.