Martin Laurendeau était de retour à Montréal, hier, deux jours après le triomphe des joueurs canadiens en quart de finale de la Coupe Davis contre ceux de l'Italie. Encore sous le coup de l'émotion, le capitaine canadien est revenu avec plaisir sur les temps forts du week-end, sur l'incroyable match de double de samedi en particulier.

«C'était vraiment insoutenable, a-t-il avoué. Il y a eu tant de revirements, tant de hauts et de bas. J'ai connu beaucoup de matchs mémorables en Coupe Davis, mais celui-là a sûrement été l'un des plus dramatiques.»

Rappelons que Daniel Nestor et Vasek Pospisil se sont imposés en plus de 4 heures et 15 minutes, 15-13 en cinquième manche. «Daniel doutait vraiment de lui, a expliqué Laurendeau. Il n'a pas gagné un tournoi depuis plusieurs mois, il restait sur trois défaites en Coupe Davis et traînait une blessure à une jambe...

«Cette victoire dans un si long match - les doubles durent à peine 80 minutes sur le circuit - va lui faire du bien. J'espère qu'il jouera encore avec nous quelques rencontres de Coupe Davis, mais à 40 ans, cette victoire est déjà une belle consécration si c'est sa dernière.»

Laurendeau compte toutefois encore sur son vétéran pour aller défier les Serbes, en septembre, en demi-finale. «Chose certaine, nous ne serons pas dépaysés. Daniel [qui est né à Belgrade] parle la langue et plusieurs joueurs ont de la famille dans la région. Nous n'aurons pas la pression de jouer à la maison et je sais que les gars veulent gagner! Nous n'avons plus aucun complexe.»

Le capitaine canadien a toutefois rappelé que plusieurs choses pouvaient survenir d'ici la demi-finale. «Les joueurs ont déjà repris la compétition ou l'entraînement, un peu partout dans le monde, a dit Laurendeau. Vasek [Pospisil] est au Mexique, Milos [Raonic] à Monte-Carlo...

«Et la saison sera longue, avec la terre battue, puis le gazon, puis le ciment... Les demi-finales seront jouées juste après le US Open, où les joueurs sont toujours très éprouvés. À New York, il faut faire la file à la clinique de physiothérapie, comme dans nos urgences!»

La proximité du tournoi du Grand Chelem laisse d'ailleurs croire aux Canadiens que les Serbes les recevront sur une surface dure et non sur la terre battue qui leur convient moins bien. «Ultimement, c'est [Novak] Djokovic qui va décider, a estimé Laurendeau. Et s'il doit jouer la finale du US Open le lundi soir sur le ciment, ça m'étonnerait qu'il accepte de passer à la terre battue deux jours plus tard... Il pense sûrement qu'il peut battre nos joueurs quelle que soit la surface.»

Le directeur du développement à Tennis Canada, Louis Borfiga, croit néanmoins que les Serbes vont se méfier. «Nos victoires répétées ont prouvé que les Canadiens n'étaient pas dans le groupe mondial de la Coupe Davis simplement pour participer, a-t-il noté. Notre réputation est faite: nous sommes des gagnants!»

Borfiga a rappelé que Raonic et Pospisil étaient parmi les premiers joueurs produits par le Centre national mis sur pied en 2007 et que leurs succès témoignaient de la qualité du programme canadien.

Eugène Lapierre, directeur de la Coupe Rogers, a d'ailleurs souligné que les Canadiens seraient parmi les têtes de série du groupe mondial la saison prochaine et qu'ils auraient de bonnes chances de briller de nouveau. Et il a

espéré que ces succès amèneront de nombreux jeunes à découvrir le tennis.